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[Rock'n Talk] Parisatellite : « Le Rock, ça demande d’être énervé. Pas de tout casser, mais il faut être engagé. »

Publié le 04 août 2011 par Nowplaying

[Rock'n Talk] Parisatellite : « Le Rock, ça demande d’être énervé. Pas de tout casser, mais il faut être engagé. »
© Nikko Sanchez

De gauche à droite : Albin (basse) – Luke (chant) – Ben (batterie, choeurs) – Guish (guitare) – Left (guitare, choeurs

Si vous n’étiez pas à La Cigale le 18 juin dernier, vous avez loupé votre vie. Enfin… disons votre vie musicale. Vous auriez pu y découvrir Parisatellite, groupe de rock parisien qui « envoie du pâté », comme dirait l’autre. Moi, j’y ai découvert une énergie et une simplicité qui font défaut à la scène actuelle. Un coup de coeur impossible à ne pas partager. Mais vacances obligent, seul Ben, le batteur, a pu répondre à mes questions, dont les réponses ont été validées et/ou revues par les autres membres, je vous rassure. Loin des clichés dont sont normalement affublés les rockeurs, c’est souriant et presque intimidé qu’il a bien accepté de m’accorder un peu de temps.

Tu peux nous présenter le groupe ?

Parisatellite a maintenant trois ans. On est cinq, et le lineup est stable depuis début 2011. J’ai connu Luke, le chanteur, et Left, un des guitaristes, parce qu’ils étaient avec moi dans Aimecho. A la séparation de ce groupe, je leur ai demandé s’ils voulaient qu’on poursuivre l’aventure ensemble et c’est de là que c’est parti. Guish (seconde guitare) est arrivé en mars 2010, suite au départ de Nelson, l’ancien guitariste. Et Albin (basse) a rejoint le groupe en début d’année 2011 après le départ de notre ancien bassiste, Julien.

Pourquoi vous appeler « Parisatellite » ?

On a cherché un long moment un nom original, mais surtout qu’il ait une vraie signification pour nous et qu’il soit facile à retenir. A l’époque personne n’habitait à Paris… on était tous des satellites de Paris, l’idée vient de là. A la base on voulait avoir un visuel sympa avec le nom du groupe, par exemple si on mettait « to » on l’aurait écrit avec un 2 (two, en anglais, ndlr). J’étais aussi parti sur nos initiales pour former un nom, ou avoir un long nom dont on ne retiendrait que les initiales… mais on n’a rien trouvé de concluant. On cherche encore l’univers graphique, mais ce nom nous plaît et plaît à chaque fois, donc c’est parfait !

Il y a quelques semaines, dans le cadre de la finale du Fallenfest, vous avez fait La Cigale. Grosse scène ! Comment c’était ?

En effet grosse scène, grosse salle avec 1200 personnes en capacité ! C’était… effrayant. Mais n’importe quelle scène est effrayante, je pense. On se remet forcément en question quand on monte sur scène, par rapport aux gens qui sont devant nous. On doit assurer le show aussi bien visuellement que techniquement, donc il y a forcément une pression. C’est du trac, tout simplement, et si on n’a plus de trac ça ne sert à rien de monter sur scène. Heureusement qu’on l’avait mais on s’est certainement mis trop de pression. Néanmoins ça reste un souvenir réellement marquant dans notre vie. C’est une salle mythique, où d’habitude nous sommes le public, et là pour une fois, c’était nous qui étions sur scène. Le public était bien présent, et a mis une bonne ambiance. A la fin du dernier morceau, quand tout le monde applaudit et crie, tu as un tel plaisir de voir tous ces gens, de sentir qu’ils sont sincères et contents de ta prestation, que ça te met des frissons partout dans le corps. Magique ! On n’était pas aussi à l’aise qu’au Trabendo, qui reste notre meilleur concert, mais ça venait du contexte de la finale et du stress de la compétition qui retombe. Dans un contexte de première partie par exemple, on aurait certainement été plus à l’aise, ou on aurait eu un autre type de stress. Parisatellite est un jeune groupe, on apprend à gérer ce stress petit à petit.

Et idéalement, de quels groupes vous aimeriez faire la première partie ?

Pour ma part, je dirais Funeral for a Friend. Pour les autres membres du groupe, Taking Back SundayMetallicaSystem of a Down et puis NOFX pourquoi pas… (rires). Tant qu’à faire ! Nous ne jouons pas le même style de musique, mis à part Funeral For A Friend, mais chacun est fan d’un de ces groupes.

Parce ce que vous vous classez dans quel genre ?

Nous pensons tout simplement faire du « rock ». Mais on a été publiés dans le magazine Rock One, qui nous a classé comme « emocore ». Ce qui est très flatteur, car en plus il nous a comparé à Funeral for a Friend. Disons qu’on tend vers de l’emocore parce qu’on a des riffs et des leads qui tendent vers ce type de musique un peu punk, un peu métal…. On a un chant, plus une voix criée. Ce sont des choses qui caractérisent l’emocore, mais nos textes ne sont pas engagés comme ça l’est traditionnellement dans ce style. On fait du rock moderne, avec un jeu moderne. On a des influences de partout, même si oui, notre musique se rapproche de ce style musical.

Vous composez vos chansons tous ensemble ?

On aimerait bien, on a essayé mais ça ne marchait pas… (rires). C’est trop long, et réfléchir à cinq c’est une cacophonie insupportable. Du coup c’est Left qui compose la grosse base d’un morceau chez lui. Il nous la soumet, et on travaille dessus en studio. Guish, en tant que seconde guitare, trouve sa partie. La basse se greffe sur la guitare principale. Pour la batterie, Left et moi sommes très complémentaires, donc je sais ce qu’il attend de moi et on sait où on veut aller. Je travaille aussi pas mal sur les arrangements, les transitions entre couplet, refrain, et pont. Luke trouve sa partie chant, Left et moi les chœurs. Les textes sont tous de Luke qui écrit en anglais, parce qu’il se sent bien plus à l’aise qu’en français. Certains chanteurs écrivent très bien en français, et réussissent à rendre les textes poétiques. Mais ce n’est pas la même façon d’aborder la chose, l’une étant plus difficile que l’autre dans la composition. Le français est une très belle langue, et on ne la renie absolument pas, mais on est plus à l’aise en anglais.

Et d’où vient l’inspiration pour ces textes ?

Pas mal de l’entraide, et de la vie du groupe. Par exemple Bang Bang Rockers parle de notre rencontre. Studio Out aborde le fait de pouvoir jouer en dehors qu’en studio de répétition, donc sur scène. Notre dernière compo, Take my hand, est sur l’entraide. Je sais que Luke a également des textes par rapport à sa fille, mais pour le moment on ne s’en sert pas. Pareil pour des textes plus engagés, plus tristes que j’ai moi-même écrits. D’une façon générale, c’est sur la vie qui nous entoure, ce qui nous touche, le souvenir, la musique, etc.

Quels sont vos avis sur la scène rock française actuelle ? De Stereotypical Working Class à BB Brunes, pour faire deux extrêmes…

Deux extrêmes en effet ! Stereotypical Working Class est un groupe que l’on respecte énormément. On les apprécie pour leurs qualités de musiciens, leurs albums qui sont tous des tueries, et leurs concerts. En plus ils sont adorables. Mais, mise à part eux, pour nous, la scène rock française est inexistante en terme de « rock » véritablement. Tu parles de BB Brunes… pour nous, ce n’est pas du rock. Le rock, il faut de l’engagement, il faut que ça pète, avec un vrai chanteur, et eux peut-être qu’ils se donnent sur scène mais ça ne correspond pas à ce que nous, nous appelons du rock. Alors que des groupes comme Noir Désir représentent vraiment en France ce qu’est le Rock. Le Rock, ça doit envoyer sur album, ça demande d’être énervé sur scène. Ca ne veut pas dire qu’on doit tout casser, mais qu’on doit au moins être engagé physiquement dans ce qu’on joue. Après, les scènes plus hardcore, post-hardcore, punk, métal sont par contre très bien représentées, et nous pouvons, en France, en être fiers.

Et faire du rock, vous, ça vous apporte quoi ?

C’est pas faire du rock qui nous apporte quelque chose, mais faire de la musique. De créer un morceau, de l’améliorer, puis de pouvoir le jouer devant un public, ça nous apporte un plaisir immense. C’est une passion. Ca demande des concessions, aussi bien au niveau du temps que de l’argent. On va enregistrer en fin d’année et on sait qu’il va falloir mettre la main au portefeuille si on veut de la qualité, mais ça fait partie du plaisir. Et jouer en public c’est obligatoire, ça nous permet de nous remettre en question, de rencontrer notre public. C’est ça qui est important et intéressant : voir si ce qu’on fait plait. Et si ça ne plait pas, c’est qu’il faut encore travailler !

Vous avez tous la trentaine, mis à part Albin qui est plus jeune… Si ça plait, vous pourriez envisager de passer pro ?

Si on signe un contrat de 300 000€ avec un label ou une major d’accord ! (rires) Mais on n’y croit pas parce qu’en France le rock n’est pas assez apprécié. On n’a pas l’oreille pour ça, c’est culturel. Nous ne cherchons pas à devenir professionnels. Guish l’a été, il a vécu de sa musique pendant dix ans, signé sur une major avec Minimum Serious (son ancien groupe). On a tous une vie maintenant. Certains sont même parents. On en a chié pour arriver là où on en est, donc on ne se voit pas tout abandonner pour quelque chose qui pourrait être éphémère. Pour avoir travaillé dans la musique, on sait que ça va, ça vient. Ca met longtemps à venir, et quand ça part c’est en un clin d’œil.

Et c’est vrai que c’est plus facile de draguer quand on fait partie d’un groupe ?

Ah pas du tout ! Le cliché des rockeurs qui emballent les minettes, c’est à partir du moment où ils sont connus ! Et c’est parce qu’on est connu qu’on se fait draguer, et qu’on devient beau ! Nous, on n’est pas connus. Moi en tant que batteur personne ne vient me voir, parce que je pense que personne ne me voit derrière la scène, noyé dans la fumée (rires). Et de toute façon, à ma connaissance, les autres non plus ne se sont pas fait draguer. Mais je te redirai ça quand on sera connus !

Pour rester dans les clichés du rock… Tout le monde nous rabache les oreilles avec le « Club des 27″. Tu penses qu’il faut se droguer et mourir à 27 ans pour devenir une légende ?

Non. Déjà, il ne faut pas forcément se droguer pour faire de la musique, ou pour être talentueux. C’est la plupart du temps incompatible. Mais je pense qu’il faut mourir jeune pour, en quelque sorte, devenir une légende ou en tout cas marquer les esprits. Il faut avoir marqué son temps musicalement aussi. Après, ça ne veut pas dire que, comme Amy Winehouse, il faut se détruire publiquement. Les artistes du « Club des 27″ marquent leur temps parce qu’ils sont des écorchés vifs. Mais oui, pour être une légende il y a un peu de ce cliché du rockeur torturé qui meurt jeune…Ceci dit, il faut aussi avoir apporté quelque chose à la musique pour être considéré comme légendaire.

Et si Parisatellite devait aussi marquer son temps, qu’est-ce qu’on devrait en retenir ?

Notre jeu de scène. On adore ça, et on donne tout. Si on devait se souvenir de nous, ça serait aussi pour ce qu’on est : des gens simples et abordables.

Pour finir, vous avez une devise ?

On a un maître-mot : « On ne sera jamais professionnels, mais on peut au moins essayer de l’être. ». On a l’objectif de faire les choses bien, et l’ambition d’y arriver.

Dans l’objectif de mon Pola : mon avis subjectif

Benjamin Vasseur Parisatellite

Tous droits réservés Azulita/Emilie Fleutot

Cinq. Parce que c’est ce qu’ils sont. C’est le nombre de fois où je les ai vus en concert. Le nombre de sens qu’ils vous réveillent. Le nombre de qualités dont il font preuve : talent, ambition, humilité, passion, humour. Cinq satellites qui visent la Lune et qui, en cas d’échec, atterriront quand même au milieu des étoiles du Rock. Ce jeune groupe de trentenaires a déjà en main tous les atouts pour vous mettre sur orbite. Hey mais… je vous ai dis qu’ils sont cinq et que c’est fou comme ça leur va bien ? Nombre entier et naturel… ça aussi ils le sont. Sur scène ils inventent les cinq niveaux du plaisir. Le choc d’un son qui décoiffe. La dénégation de ton voisin qui t’écrase les pieds parce qu’il ne peut s’empêcher de sauter. La colère que ces gars-là ne fassent pas plus de concerts. Le désespoir de voir celui-ci passer si vite. L’acceptation de les laisser partir pour qu’ils aillent nous composer d’autres bijoux. Bosseurs passionnés et perfectionnistes, ils ne cherchent pas à faire du business. Là où d’autres ont pour objectif la gloire, eux visent le plaisir. Le leur, en parfaite adéquation avec le nôtre. Un quintette de qualité qui mérite plus qu’un quinquennat.

La vidéo qui répond à vos « mais pourquoi les avoir vu 5 fois en concert ?? »

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