Il y a deux jours, je me suis rendue à un événement ultra-culturel, le Festival Présence Autochtone. Comme spectacle d’ouverture, les organisateurs ont choisi Samian, un artiste métis (moitié québécois, moitiés algonquin) qui rappe en Algonquin et français. Pendant une heure et demie, Samian a célébré sa culture devant un public jovial et ouvert à la diversité.
L’un des moments les plus symboliques a été lorsque deux danseurs traditionnels l’ont rejoint sur scène. Ils étaient vêtus d’un costume traditionnel éclatant de couleurs tandis que Samian vêtus de couleurs neutres, portait des vêtements “occidentaux” – T-shirt et bermuda. Image riche de contrastes; mariage de conservatisme et d’innovation, alliage de traditions et de modernité, mélange de métis et d’amérindiens.
Il aime répéter à qui veut l’entendre qu’il est la voix de son peuple, les Algonquins mais on reconnaît dans ses traits, ses expressions et son indépendance la marque indélébile de son coté québécois. Ayant subi le racisme des deux côtés, il a été assez intelligent pour s’entourer de gens aux origines diverses pour alimenter sa dualité.
Samian & Meriem interprètent "Regarde ailleurs"
D’ailleurs, un autre moment fort fût de le voir accompagné de Meriem, elle aussi de père sénégalais et de mère québécoise. Que peuvent avoir en commun un métis amérindien et une métisse africaine? Que peuvent-ils se raconter? On l’a découvert lorsqu’ils ont interprété tous deux “Regarde ailleurs”, chanson qui figure sur l’album Face à la musique. Une autre collaboration richement culturelle, est “Le coeur d’un poète”, un duo avec la chanteuse péruvienne Sola, elle aussi présente sur scène.
Il a également chanté “Les mots” avec Anodajay, un autre rappeur québécois. Si ses divers invités ont su refléter la diversité, j’ai quand même été déçue de ne pas voir vu Shauit Innureggaeman, un autre métis qui se vante avec raison d’être le seul chanteur reggae d’origine Inuit. L’absence de Shauit m’a parut plus insoutenable surtout lorsque Samian interprété tout seul leurs deux duos, les “Nomades” et “So Much”.
Shauit Innureggaeman, le seul reggaeman inuit dans le monde
Sans doute pour compenser ce manque de reggae, Soke est arrivé sur scène avec un look à la Bob Marley pour interpréter « Délivrez les jeunes », une chanson aux airs reggae. Loco Locas a également interprété « La paix des braves », dont les paroles plaident la réconciliation entre blancs et amérindiens.
Lorsqu’il a dit aurevoir, le public a crié si fort qu’il est revenu chanter non pas une, mais quatre chansons. Il a clôturé avec “Plume d’aigle” une chanson qu’il ne chante pratiquement jamais sur scène. Ce soir, il a a fait une exception pour nous parce qu’il a ressenti une forte intimité avec le public.
Pourquoi j’aime Samian alors que je ne suis pas amérindienne et qu’à part quelques rares exceptions, je déteste les rappeurs? Je ne me sens pas si proche de Samian seulement parce que dans son altruisme, il soutient la cause des noirs au même titre que la cause des amérindiens et d’autres peuples opprimés. Non, c’est plus profond que ça.
En le voyant, je me rends compte que peu importe notre culture d’origine, on est tous des êtres humains capable de ressentir et de se glisser dans la peau des autres. Moi qui aime tant glorifier les différences, je me rends compte à quel point des peuples pourtant éloignés peuvent avoir une culture si similaire. À travers ses textes, je lui découvre la sensibilité de Disiz la Peste et la rage civilisée de Soprano. Tout comme Kery James, il lâche également des vérités crues avec des textes propres. Loin du bling bling et de l’égocentrisme, on apprend à faire retentir de son être, le cri des indigènes.
Multimédia
Si vous n’aviez jamais entendu parler de Samian avant, je vous recommande fortement les titres et clips suivants: