100 livres en 100 semaines (#18) – Un roman français

Un blogue a aussi ceci de bien que l’on peut s’y référer en cas de mémoire défaillante. Ma dernière lecture de Frédéric Beigbeder L’égoïste romantique, datait de 2005 et, même si je me souvenais vaguement que je n’avais pas trop apprécié, relire mon billet de l’époque m’a rappelé à quel point c’était effectivement TRÈS le cas! Ça me fait sourire car mon appréciation de Un roman français est complètement à l’autre extrémité du spectre : j’ai adoré!

Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, Frédéric Beigbeder est un romancier français qui mène parallèlement une grande carrière de jet-setteur. Un genre de m’as-tu vu pour lequel je n’avais aucun intérêt mais que certaines entrevues (entre autres à Tout le monde en parle et aux Francs-Tireurs) m’avaient rendu sympathique.

Dans Un roman français, Beigbeder raconte une mésaventure personnelle qui ressemble à un fait divers rapporté par un magazine à potins bas de gamme; son arrestation et sa garde-à-vue prolongée, lorsqu’il a été pris en flagrant délit de sniffage de coke sur le capot d’une voiture à la sortie d’un bar. Cet événement, qui l’a profondément marqué, est le point de départ d’une intense introspection sur son enfance, sa famille, ses valeurs. En alternance avec les chapitres qui dénoncent le système carcéral français et l’abus de pouvoir des magistrats qui ont intentionnellement retardé sa libération, FB plonge dans son passé et fait le récit de tranches de vie dans lesquelles il ne se donne pas toujours le plus beau rôle. Au même rythme qu’il déterre ses souvenirs on découvre, sans se sentir voyeurs, ses origines bourgeoises, les risques pris par ses grands-parents pendant la guerre, le triste divorce de ses parents, sa relation avec son frère aîné, ses craintes. Il se dévoile sans pudeur mais avec délicatesse et innocence.

Ce récit, qu’on identifie d’ailleurs bizarrement comme étant un roman, m’a fait penser au même type de cheminement qu’a vécu l’auteur Emmanuel Carrère dans un autre livre que j’ai adoré : D’autres vies que la mienne. Ces deux écrivains réussissent, tout en retenue, à partager des moments intimes de leur existence qui abordent des thèmes si universels qu’ils parviennent à toucher profondément leurs lecteurs.

Très satisfaite de ma lecture!