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Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.
Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura :
- Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids.
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Paris libéré, la guerre n'est pas finie pour autant. Alors que les combats continuent sur le territoire national, de Gaulle oeuvre à rétablir la République. Il lui faut réconcilier un peuple divisé, maîtriser les revendications communistes, s'imposer à part entière dans le concert des nations victorieuses.
Dans l'empire, depuis l'Afrique jusqu'en Indochine, le prestige de la France a bien souffert: sur tous les fronts, le général s'emploie activement à ramener l'ordre, l'unité, l'honneur. Toute sa subtilité politique et son sens de la diplomatie n'y suffiront pas toujours mais, sur son champ de ruines, la France se redresse.
C'est un homme âgé, fatigué qui, au lendemain d'une grande victoire, se voit écarté du pouvoir par plus intrigants que lui. Depuis Colombey-les-deux-Eglises, il observe, espère, attend. Il reviendra.
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Qui ne connaît pas Gargantua ? Ne vous a-t-on jamais dit que vous aviez un appétit "gargantuesque" ? Si tel est le cas, soyez heureux. Car Gargantua est un personnage mythique de la littérature française du XVIe siècle. Créé par François Rabelais, Gargantua est un géant truculent dont le nom est passé dans le langage courant pour désigner son appétit énorme et insatiable.
Rabelais écrit l'ouvrage en mêlant rêve et réalité. Sous forme de chroniques, on découvre avec plaisir les aventures comiques et magnifiques de Gargantua, de guerres en ripailles. Outre son esprit satirique, Rabelais montre ici un talent de conteur et de portraitiste. Ces pirouettes stylistiques lui permettent d'exprimer sa philosophie en toute liberté malgré la censure et les guerres de religion propres à l'époque de François Ier. Une philosophie faite d'épicurisme souriant et modéré.
En prose et en vieux français, ce roman comporte tous les éléments propres aux oeuvres indémodables.