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Le mois le plus cruel

Par Anne Onyme

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Louise Penny
Série Armand Gamache enquête t.3
Flammarion Québec
430 pages

CoupdeCoeur

Résumé:

Durant le week-end de Pâques, le village de Three Pines s’anime le temps d’une grande chasse aux œufs. Lorsqu’une étrangère ayant le don de communiquer avec les esprits s’installe au gîte d’Olivier, sa présence éveille la curiosité. Une soirée de spiritisme est organisée dans la vieille maison abandonnée des Hadley. La séance destinée à libérer la demeure du mal qu’elle recèle est tragiquement interrompue par la mort d’une participante. Morte de peur, vraiment ? C’est ce qu’Armand Gamache, l’inspecteur-chef de la Sûreté du Québec, va devoir découvrir en revenant dans les Cantons-de-l’Est avec son équipe. Alors que le printemps explose de vie, le mal, lui, reste tapi dans l’ombre et Gamache le sait mieux que quiconque.

Mon commentaire:

Three Pines est le village clé des romans de Louise Penny. Les trois enquêtes traduites jusqu'à maintenant en français s'y déroulent. C'est un petit village à l'abri du reste du monde, où les gens mènent une vie confortable. La nature est omniprésente. Les éléments artistiques, culturels et sportifs aussi. On célèbre fréquemment entre voisins les différentes périodes de l'année. Le mois le plus cruel se déroule au printemps. À Pâques. Les villageois célèbrent en cachant des oeufs de bois peints à la main, que les enfants peuvent ensuite échanger contre de vrais oeufs en chocolat. Le bois évite d'attirer les ours.

Étrangement, c'est le vendredi Saint qu'une séance de spiritisme a été prévue au village. Une première séance s'est avérée être une grosse farce. Une seconde séance est rapidement proposée, plus sérieuse, cette fois dans la vieille maison des Hadley. Ceux qui ont lu les enquêtes précédentes savent que cette maison est le lieux de toutes les frayeurs et les terreurs des villageois. L'ancienne maison des Hadley plane sur la communauté de Three Pines comme une ombre, un lieu de tristesse et de noirceur. Elle représente ce que le village cache de plus terrible. C'est un lieu effrayant, qui renferme ce qu'il y a de plus noir à Three Pines: les peurs, les crimes, les mensonges. Le meurtre. Les choses tournent mal lors qu'une personne présente à la séance de spiritisme est retrouvée morte... de peur.

Le roman débute avec quelques répétitions des lieux et des personnages, mais rien de lassant. C'est toujours avec plaisir qu'on lit les descriptions de ce charmant village. La séance de spiritisme est un terreau fertile pour provoquer toutes sortes de conversations sur les superstitions, les fantômes et les frayeurs de chacun des personnages. Quand la mort frappe, l'inspecteur-chef Armand Gamache revient à Three Pines. Outre l'enquête policière, c'est à une analyse de la nature humaine que nous convie l'auteur. Qu'est-ce qui déclenche les pulsions criminelles? Jusqu'où quelqu'un peut aller pour se faire justice?

Plus je lis les romans de Louise Penny, plus je m'attache à son personnage central qu'est Armand Gamache. C'est un personnage attachant, humain, bon vivant et sympathique. Gamache est le genre d'homme qu'on voudrait avoir pour ami, le genre de personnage qu'on aimerait connaître réellement. Comment ne pas apprécier un personnages qui voue un si grand respect aux livres, est curieux de l'âme humaine et aime les petits plaisirs de la vie? Dans cette enquête, on sait rapidement que quelqu'un essaie de faire tomber Gamache et de mettre fin à sa carrière. On apprend beaucoup de choses sur le scandale de l'affaire Arnot dans laquelle Gamache fut impliqué jusqu'au cou. Au sein de la sûreté du Québec, deux clans se forment. Ceux qui sont du côté de Gamache et les autres, plus nombreux, qui sont contre lui...

Plusieurs extraits sont savoureux. Les pièces des vieilles maisons du village sont remplies de livres, de biscuits au chocolat et de thé. L'atmosphère est réconfortante, même s'il s'agit d'un polar. Les personnages font toujours de l'esprit, ils ont le sens de la répartie et l'humour bien aiguisé. J'ai toujours un plaisir fou à lire les romans de Louise Penny. Elle écrit tout à fait le genre de livres que j'aime. Ici, l'âme humaine prend toute la place, même plus que l'enquête elle-même. Chaque fois que j'ouvre un nouveau roman de Louise Penny, je me dis que ça ne sera pas aussi bien que le précédent. Et chaque fois, je passe un moment délicieux. Ses personnages ont une âme. On les retrouve d'un livre à l'autre avec un immense plaisir, comme si l'on revoyait de vieux amis. Gabri et Ruth Zardo me font mourir de rire, ce qui n'est pas pour me déplaire!

Plonger à Three Pines c'est s'offrir une lecture confortable, des lieux reposants. N'allez pas croire pour autant qu'ils s'agit de romans "vides" ou sans contenu. Au contraire, l'auteur y exerce une fine analyse des sentiments humains. Rien n'est laissé au hasard. L'humour est aussi bien présent, mais ce que j'aime beaucoup chez Louise Penny ce sont ses dialogues. Elle excelle dans l'art de construire des dialogues aussi captivants que l'intrigue, souvent amusant, parfois poignants. Ses personnages sont humains, avec tout ce que cela comporte de qualités comme de défauts. Comme toujours, je suis impressionnée par les différentes références culturelles, bibliques et poétiques que l'on retrouve dans le roman. Ici, deux personnages composent de la poésie. La célèbre Ruth Zardo et Odile, une femme qui l'admire et tente d'écrire elle aussi. On retrouve leurs poèmes à plusieurs reprises tout au long du roman.

Le mois le plus cruel est une nouvelle enquête à la hauteur des précédents romans de Louise Penny. Un roman prenant, intéressant, charmant, aux personnages sympathiques et à l'écriture pleine d'humour. L'intrigue est aussi intéressante puisqu'elle mêle spiritisme, sorcellerie, médecine naturelle et amitié. Les dernières pages y sont d'ailleurs plutôt surprenantes...

À noter que la série Armand Gamache enquête est présentement en développement pour une adaptation télévisuelle.

Quelques extraits:

"Toute résurrection n'est pas nécessairement miraculeuse.[...] Tout n'est pas sensé revenir à la vie. C'est une étrange période de l'année. Un jour de la pluie, le lendemain de la neige. Rien n'est certain. Tout est imprévisible." p.15

"Accepter le meurtre, cela voulait dire admettre la présence d'un tueur. Parmi eux. Près. Quelqu'un qui se trouvait dans cette pièce, presque assurément. L'un de ces visages souriants, rieurs, familiers cachait des pensées si abjectes que ce quelqu'un avait senti le besoin de tuer." p.95

"Il avait vidé ses poches. Avec tous ces livres, il avait l'impression d'être une bibliothèque ambulante. Tandis que d'autres enquêteurs collectionnaient empreintes et pièces à conviction, lui rassemblait des ouvrages." p.270

En complément:

Le blogue de l'auteur et son site web officiel.


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