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Anthologie permanente : Claude Dourguin

Par Florence Trocmé

Claude Dourguin a publié tout récemment Ciels de traîne, aux éditions José Corti, dans la collection « en lisant en écrivant ».  
 
 
Odeurs nourrissantes, chères entre toutes : celle du feu de bois, celle du foin, celle de la cire. Perçue quelque part, à bonne distance parfois, chacune dispense aussitôt, quelque soit le moment de l’âme et l’humeur, un contentement subit, une ivresse heureuse qui signe la frange du bonheur comme si, soudain, venait combler quelque chose d’extérieur à soi, une sorte de flux qui assure d’être relié au cœur substantiel du monde, d’être irrigué par la sève de l’univers À la réflexion, ce qui est curieux c’est que cette expérience soit le contraire d’une transcendance. Ce serait plutôt celle d’une immanence, mais d’une immanence puissante, réconfortante et même salvatrice – comme d’une nourriture réclamée par le corps.  
 
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Ryokan met en garde contre « tout propos qui sent le pédant, qui sent l’esthète, qui sent le religieux, qui sent le maître de thé ».  Il déteste « la poésie de poète, la calligraphie de calligraphe, et la cuisine de cuisinier. » 
Le même : « comment décrire ma vie ? / plein d’entrain, ainsi passe mon temps. / Chevauchant les vagues qui chaque jour / se renouvellent, / à ma guise, libre jusqu’au terme de ma vie ? » 
Voici des rencontres qui redonnent aux jours leur lumière 
 
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On nomme « part des anges » on le sait, les vapeurs qui s’échappent au travers des pores du bois des pièces bourguignonnes tout au long de la vinification, accessibles, réservées aux seuls anges. 
Des œuvres, c’est cette part, seule, qui importe. Image lointaine parfois – nébuleuse légère –, petite âme du souvenir, trace imprécise, mais chargée, impalpable, difficilement définissable, suffisante à nourrir les heures, à enchanter les jours. Quelque chose, peut-être, comme une mélodie. Ou le sillage d’un parfum – aussi tenace, singulier et insaisissable à la fois. Loin du message et autres balivernes, aussi bien que des techniques. Ce pourrait être le révélateur infaillible. Ainsi tant de réalisations (dans le domaine de la peinture spécialement, de ce qui en tient lieu), on peut se demander quelle poussière d’étoiles, quelle musique elles laissent au souvenir et à l’âme.  
 
 
Claude Dourguin, Ciels de traîne, coll. En lisant en écrivant, Éditions José Corti, 2011, p. 169, 175 et 44.  
 
Claude Dourguin dans Poezibao :  
bio-bibliographie, extrait 1, notes sur la création 1, notes sur la création 2 


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