La Lozère, département le moins peuplé de France. Je vous emmène en Margeride au nord, région granitique fortement boisée où s'étendent d'immenses pâturages entrecoupés de bois, de prés, de landes et de ruisseaux. Ici, il n'y a personne… ou presque. Des kilomètres de routes sinueuses pour rencontrer les premières âmes. Pourtant il fut un temps où les marchés étaient grandioses, où certains villages comptaient 32 cafés, où les gens se retrouvaient lors des fêtes votives, où dans les villages plusieurs fermes étaient encore debout en activité…
C'est fini tout ceci. Aujourd'hui la moyenne d'âge est de 60 ans, les dernières fermes survivantes sont de petites exploitations familiales où l'on attend la retraite… Car les anciens recommandent à leurs enfants de fuir, de partir de ce pays rude, et aux jeunes qui souhaiteraient s'installer de passer au moins un hiver dans ces contrées.
C'est au marché aux Bestiaux de Costaros que l'on rencontre la plus forte concentration de paysans! Ce jour-là on y vendait du Veau Gras, veau élevé exclusivement au lait de vache dans des niches n'ayant aucun contact avec le reste de l'élevage, pour faire court, c'est de la viande. Je voulais voir, moi la végétarienne comment cela se passait : c'est jour de fête. Je ne porterais pas de jugement sur la manière dont sont traités ces bestiaux, le reportage fut court, les larmes embuant trop fortement la prise de vue! Mais de retour dans notre fief, je compris en écoutant Jalbert que cela n'est rien, vraiment rien, en comparaison de l'acharnement que l'on s'emploie à élever les animaux en batterie, la surproduction, le gaspillage, le transport des animaux vivants, l'abattage à la chaine…
Ici, c'est "Un peu beau!". On marche, on guette le levé du soleil ou le levé de lune, on cueille des cerises sauvages, on se baigne dans des rivières glaciales, on s'improvise aquarelliste… et on boit l'apéro près du feu en confectionnant de la confiture au son de l'accordéon!
Il pleut, il a plu deux semaines et pourtant les discutions tournent autour de la sécheresse et du foin qu'il faut faire venir d'Isère. La plainte d'un des derniers éleveur, du devenir de l'exploitation, de la beauté du pays, de la solitude, de l'hiver si rude, des vipères, du manque de vacances…
Une vision de citadine, de vacancière, certes…
Un retour en arrière en juillet 2006, où l'on vit les mêmes choses, on rencontre les mêmes gens… et c'est juste merveilleux! Souvenirs de France