La phytothérapie manque d'informations et d'avertissements de sécurité. Si cette étude donne un aperçu de la situation avant la mise en place officielle des nouvelles règles de l'UE, ses conclusions restent encore pertinentes aujourd'hui. Car de nombreux produits naturels sont encore considérés comme des aliments et ne relèvent donc pas de la réglementation et les détaillants peuvent encore vendre les stocks restants de produits réglementés sans mise à jour de leur emballage. Malgré l'introduction fin avril de nouvelles règles européennes stipulant que ces produits doivent présenter une notice d'utilisation, 75% des produits ne seraient pas “en règle”.
Rappelons que depuis le 30 avril dernier, selon une directive de l'Union Européenne de mars 2004, les fabricants, demandeurs d'une autorisation, doivent fournir une preuve suffisante de l'utilisation médicinale du produit pendant une période d'au moins 30 ans, dont au moins 15 ans dans l'Union européenne ou passer par une procédure de demande AMM un peu allégée.
Cette étude a examiné 5 types de produits à base de plantes médicinales, couramment utilisés, pour vérifier s'ils présentaient correctement les informations de sécurité et d'utilisation avant la nouvelle législation. Les chercheurs constatent que la majorité des produits ne fournissent pas des informations parfois importantes pour le patient. Les auteurs rappellent l'idée fausse communément partagée que les herbes médicinales sont forcément sûres parce que naturelles, mais c'est sans compter avec le risque d'interaction médicamenteuse, avec des médicaments prescrits, les possibles effets secondaires ou leurs dangers pour les personnes atteintes de certaines maladies. Les usagers doivent vérifier les informations de sécurité fournies et discuter de l'utilisation de ces plantes médicinales avec leur médecin ou pharmacien avant d'utiliser un nouveau produit.
Ces chercheurs de l'Université de Leeds, de York et de Dundee ont mené une enquête transversale pour évaluer le nombre de produits de santé à base d'herbes courants qui fournissaient bien des informations de sécurité suffisantes sur leur emballage. Les chercheurs ont choisi 5 types de produits qui présentaient un ou plusieurs des critères suivants:
1. la preuve d'une interaction entre le produit et un médicament prescrit,
2. un produit ayant déjà été soumis à type d'étude appelé un profil bénéfice-risque,
3. un produit facilement disponible, comme étant vendu dans les magasins locaux, les pharmacies et les supermarchés.
Sur cette base, ils ont décidé d'examiner les produits contenant du/de:
- millepertuis
- ginseng asiatique
- l'échinacée
- l'ail
- ginkgo
L'analyse a été réalisée avant la mise en œuvre de la Traditional Products Herbal Medicines directive (THMPD) d'avril 2011. Les chercheurs ont acheté 68 de ces préparations et produits et examiné les informations de sécurité fournies par écrit pour chaque produit, puis évalué si elles étaient complètes et correctes sur les précautions, interactions et les effets secondaires. Ces informations de sécurité ont été comparées aux données fournies par le Centre national américain pour les médecines complémentaires et parallèles. Les chercheurs ont noté les informations de sécurité fournies sur chaque produit en fonction de 16 critères distincts, tels que «présentes et précises» ou «inexactes ou manquantes».
75% des produits ne présentent aucune information de sécurité : La majorité des produits (63 sur 68) étaient sans licence et 48 de ces produits non homologués étaient commercialisés comme compléments alimentaires. 5 autres produits avaient été agréés ou enregistrés en tant que médicaments traditionnels. Les chercheurs ont constaté que 75% des produits ne présentaient aucune information de sécurité. 2 tiers des produits à base de millepertuis qui interagit avec les pilules contraceptives et la warfarine ne fournissent pas d'informations sur les interactions médicamenteuses possibles. Seuls 3 produits ont fourni des informations sur la plupart ou la totalité des critères clés évalués.
Selon cette étude, la grande majorité des médicaments à base de plantes médicinales, actuellement commercialisés, continuent à ne pas fournir les informations de sécurité indispensables. Les auteurs prônent donc un renforcement des règlements.
Source: BioMed Central Medicine, August 2011 9:94doi:10.1186/1741-7015-9-94 Does the information provided with herbal products available over the counter enable safe use?. (Visuel © Nathalie Bosansky - Fotolia.com)
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