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L'invention du désir, texte de Carole Zalberg, illustrations de Frédéric Poincelet aux éditions du chemin de fer

Publié le 12 août 2011 par Dominique_lin

 

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Hasard ou qualité éditoriale, je pencherais pour la deuxième solution, car voilà encore un livre que je découvre aux éditions du chemin de fer, et encore une expérience très forte!

Dès la première page, vous êtes accroché. Un nouvel univers, riche, puissant, imagé : une vraie écriture.

À peine les premières lignes avalées, me voici sur cette banquette arrière de taxi avec elle. Elle qui va me tenir en haleine jusqu'au bout, jusqu'au plus profond de sa féminité, de sa sensualité, de sa boulimie de chair, sa chair à lui, son amant, son amour impossible.

Pas d'histoire à relater. Ce livre est un cri de femme, un hurlement d'amour, la vibration d'un corps, telle une corde de harpe que ferait vibrer l'homme dont elle a tant envie.

Les corps entiers se donnent, se rencontrent, s'écrasent, se cognent, s'abandonnent puis se relâchent.

Ce livre n'est que sensualité. Sous la forme d'un texte court illustré vous ne pourrez le refermer qu'une fois terminé.

Les illustrations d'Éric Poincelet, aussi suggestives et finement érotiques soient-elles, apportent une touche concrète à un récit qui n'en a pas besoin car il comporte en lui toutes les images que l'esprit peut imaginer. Mais le trait est fin, les corps attirants et remplis eux aussi d'une forte sensualité — au risque de détourner la compréhension du texte. Elles ont l'avantage d'offrir une pause dans la lecture qui parfois vous embarque tant dans cette fougue amoureuse que vous avez besoin de reprendre votre souffle.

Neuvième livre de Carole Zalberg qui n'avait pas encore exploré cet univers — plus habituée au monde des enfants. Que dire d'elle, que j'ai rencontrée il y a peu de temps... Un regard expressif, un sourire communicatif, la capacité de s'émerveiller de l'autre, de l'instant ou de l'envol d'un Gypaète barbu.

Disponible à la librairie Elan Sud à Orange ou acheter ce livre sur internet

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Note de l'éditeur

Il n’y a rien de toi que je n’aime pas et un beau jour, tu t’es trouvé là. C’en est peut-être à hurler tant cela semble un rendez-vous manqué.

Toutefois tu es là : depuis la première heure installé en moi. Je ne peux, ne veux t’ignorer. Mais même là où personne ne va, je n’imagine rien perdre ni abîmer de ma vie avant et depuis toi.

L’invention du désir ou le monologue d’une femme qui célèbre avec lyrisme et sans culpabilité le désir amoureux et les plaisirs de l’adultère.

Carole Zalberg nous entraîne dans les méandres d’une passion qui se tisse entre une femme et un homme, mariés chacun de leur côté. Et là, entre fantasme et réalité, le désordre des sentiments attendu fait place à l’évidente nécessité de vivre et d’inventer jusqu’au bout cette parenthèse amoureuse.

En contrepoint du lyrisme de la prose, Frédéric Poincelet impose son dessin acéré et précis et trace obsessionnellement un jeu de miroirs où le fantasme se fait chair et le désir, érotisme assumé.

Parution : novembre 2010
ISBN : 978-2-916130-28-6
Prix : 14 euros TTC

Extraits

Première page :

Ce sont elles qui ont décidé. Nos mains.

Nous étions dans ce taxi qui nous emportait vers nos vies respectives.

Rien ne s’était passé. Tout avait pourtant été dit par nos yeux.

Quelques mots aussi qui avaient entrouvert une porte. Mais nous étions encore chacun encerclé par notre propre histoire, le corps et le cœur en quarantaine de tout ce qui n’appartenait pas à celle-ci. Voilà, nous étions toi et moi dans deux sphères clairement limitées. Par instant elles se frôlaient et là naissaient une transparence, une fluidité – comme une béance dans notre enceinte et par laquelle nous étions happés.

Nous roulions donc, encore lointains, avec au ventre des envies de collision, d’une fusion même maladroite et comptée. Or nos vies, tout près, nous attendaient et rien encore ne se passait.

Ta main, alors, sans douceur, s’est posée sur la mienne.

Qui l’a aussitôt saisie, pétrie. J’étais en colère. Tu avais pénétré ma sphère et je ne pouvais faire autrement que t’y vouloir. Je te refusais mon regard en vain : je sentais nos mains en bataille achever de nous mélanger.

Cette guerre éclair nous laisserait tous deux vainqueurs et vaincus.

Secrètement occupés.

 P. 25

Une chambre.

Tu y pénètres avant moi, tires les rideaux pour allumer l’ombre et que je ne voie pas ce qui ne nous appartient pas : les murs un peu sales, le couvre-lit éreinté par des corps inconnus, sur le tapis des traces vagues.

Maintenant viens, dis-tu avec toute la douceur de notre monde.

Je m’avance et même si je sens le sol sous mes pieds c’est dans le vide que je plonge à cet instant-là. Non. Pas le vide. Un espace en suspens où rien n’arrêtera les vertiges et l’affolement ; notre terre comme un ciel.

Tu verras que je vacille et pour me garder entière et vivante tu me jetteras la corde de tes mots enchevêtrés. Pas un instant tu ne cesseras ton tissage étroit, qui me retiendra et me comblera.

Alors j’inventerai mon propre chant pour toi. Arrimée au fil de ta voix, je pourrai laisser mes mains te le réciter.


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