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Au pays de Manu Dibango, les musiciens perdent du terrain

Publié le 12 août 2011 par 237online @237online

Écrit par CI   

Vendredi, 12 Août 2011 16:51

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Au pays de Manu Dibango, les musiciens perdent du terrain
Pays de Manu Dibango, un des meilleurs saxophonistes du monde, le Cameroun a une longue tradition de grands instrumentistes. Elle disparaît avec l'explosion de la musique programmée.
Au Cameroun, pianistes, guitaristes, solistes, basistes, percussionnistes, etc., n'ont plus la cote auprès des interprètes, chanteurs et propriétaires de studios d'enregistrement. Les nouvelles technologies sont de plus en plus mises à contribution dans le montage et la production de nombreux albums, reléguant de ce fait les instrumentistes à l'arrière-plan. Or ces derniers ont la faculté d'apporter une touche particulière à un titre ou à l'album tout entier. Comment comprendre alors que ces musiciens soient progressivement remplacés dans les studios d'enregistrement par des machines et des consoles informatisées ?

L'une des premières raisons évoquées n'est autre que les coûts élevés auxquels les artistes doivent faire face lorsqu'ils font appel à un instrumentiste. "Il faut débourser au moins 10 000 FCFA (23 euros) par instrum entiste et par titre joué en studio", indique Calvin Young, percussionniste et batteur.

Le recours à la musique assistée par ordinateur (MAO) réduit considérablement ces cachets exorbitants. Il limite également les heures de travail. Selon les spécialistes du métier, toutes les programmations peuvent être faites avec un ordinateur. Peu importe le rythme que l'on voudrait avoir, il suffit d'un clic sur le clavier – énorme gain de temps. Surtout lorsqu'on sait que le temps en studio vaut de l'or. "Sur les claviers utilisés par les programmateurs, vous avez toutes les mélodies et lignes des instruments à vent. Si l'artiste souhaite entendre du saxophone dans l'un de ses titres, nul besoin de chercher un saxophoniste : il peut disposer de cette sonorité grâce à sa machine", confie Bill Muicha, musicien et programmateur par ailleurs. D'après lui, seuls 30 % des albums produits en ce moment font appel à des instrumentistes. Les 70 % restant se font par programmation. "99 % des albums hip pop sont joués avec des machines", précise Calvin Young.

Au Cameroun, seules les musiques folkloriques utilisent encore véritablement des instrumentistes, surtout des percussionnistes. "Les musiciens qui nous accompagnent en studio sont l'âme d'un album. Avoir la participation de deux ou de trois de ces musiciens dans son album a quelque chose de magique parce que chacun va apporter sa touche et, à la fin, le consommateur a un produit de qualité », explique Laurent Didi Ireke, musicien folklorique.

Quant à la qualité, artistes et instrumentistes sont unanimes : les productions musicales dans lesquelles les instrumentistes interviennent sont de bien meilleure tenue que celles assistées par ordinateur.

Mais la musique assistée par ordinateur n'est pas encore la chose la mieux partagée au sein de la communauté des musiciens ou des chanteurs. Bien qu'ils soient à ce jour une minorité, ceux de la vieille école restent tout de même présents. Dans son dernier album, intitulé Epassi N'epassi, Julius Essoka a vu grand. Afin de donner du relief à cette belle galette musicale, il a fait intervenir Leni Stern, une guitariste américaine sur le titre "Na poi". Une instrumentiste qui a d'ailleurs réussi à apporter sa touche personnelle au disque.

Heureusement, on retrouve encore des artistes comme Prince Ndedi Eyango, Nkotti François, Ottou Marcellin, Richard Bona, Henri Dikongué, Ben Decca qui font intervenir des instrumentistes dans l'enregistrement de leurs albums en studio.


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