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Critique : Melancholia de Lars Von Trier

Par Juloobs

Synopsis du film : À l’occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre…

Loin du tapage médiatique Cannois, du choc émotionnel d’Antichrist, et finalement assez proche de l’inspiration artistique qui lui faisait obtenir une Palme d’Or à Cannes avec Dancer in the Dark, Lars Von Trier est toujours un très grand metteur en images. Nombre de plans de ce Melancholia vont hanteront bien au-delà de la projection. Le cinéaste danois est un poète du 7ème art, à l’orbite insaisissable. Avec Melancholia, il signe un film de science-fiction apocalyptique intimiste tourné en caméra épaule… Oui, dans le cinéma ultra-modenr, un film catastrophe filmé et écrit par Lars Von Trier peut être distribué par Les Films du Losange, qui distribuait notamment l’excellent Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Love il y a quelques semaines !

Critique : Melancholia de Lars Von Trier

Dans le dossier de presse de Melancholia, Lars Von Trier explique « Justine est très proche de moi, de mes expériences avec les prophéties de fin du monde et la dépression, alors que Claire est censée être une personne… normale« .

Il ajoute « Mon analyste m’a dit que dans les situations catastrophiques, les mélancoliques gardaient plus la tête sur les épaules que les gens ordinaires, en partie parce qu’ils peuvent dire : Qu’est-ce que je t’avais dit ?’ Mais aussi parce qu’ils n’ont rien à perdre. »

Dans Melancholia, Justine (Kirsten Dunst) ne peut accéder au bonheur ordonné, à se marier pour se ranger, pour faire sens, pour fuir la solitude. Elle connaît alors la déprime et attendra tranquillement la fin d’un monde dont elle n’attend plus rien. Une oeuvre vertigineuse, en deux temps. La deuxième variation s’appuie sur la double expérience de la dépréssion traversées par Lars Von Trier et Kirsten Dunst qui donne à l’ensemble une valeur documentaire. Comme son nom l’indique, Melancholia nous conte la fin de la planète vue par une mélancolique (Justine) et une personne rationnelle (Claire, rassurée par son mari qui a une foi inébranlable dans la science), qui font s’entrechoquer la quête du bonheur terrestre, la cohabitation difficile avec ses semblables (mari, patron, soeur, mère, beau-frère) ou le pragmatisme scientifique.

Critique : Melancholia de Lars Von Trier

En plus d’être un film inoubliable, Melancholia tire sa force de l’interprétation des deux actrices principales, sœurs à l’écran, Kirsten Dunst (prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2011) et Charlotte Gainsbourg. Le rôle de Justine, interprété par Kirsten Dunst était promis à Pénélope Cruz.

Melancholia se termine sur l’un des plus beaux derniers plans jamais vus. Il s’ouvrait déjà sur le Tristan und Isolde Prelude de Wagner liant une série d’images magistrales composées de flashs mentaux de Kirsten Dunst et du choc (fantasmé ou réel ?) de la planète Melancholia avec la Terre.

Melancholia ou le film majeur d’un cinéaste déjà indispensable. Malheureusement en compétitions à Cannes avec le Three Of Life de Malick. Deux oeuvres exceptionnelles, absolument kubrickiennes, qui nécéssitent plusieurs visions avant de pouvoir les appréhender, un peu. Il se pourrait que Lars Von Trier ait grandement facilité la tâche du jury Cannois en tentant de voler la vedette au charismatique Terrence Malick…



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