Les heures souterraines, de Delphine de Vigan

Remarquable!

Un livre complètement inattendu et bouleversant, quoique terriblement angoissant, sur les maux de notre siècle : la solitude et la dépression qui s’insinuent sournoisement dans la vie de millions de personnes. Deux personnages terriblement banals, vous et moi, dont la vie bascule progressivement à cause d’évènements pourtant anodins et courants (une rupture sentimentale et un environnement professionnel devenu hostile).

Un roman que chacun devrait avoir lu pour ouvrir les yeux sur les ravages que peuvent causer les comportements inadéquats et mal intentionnés…

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RESUME

Victime de harcèlement psychologique de la part de son supérieur hiérarchique, mise au placard, Mathilde s’embourbe, sans bien en mesurer l’intensité, dans une dépression qui ne dit pas son nom. Thibault, médecin aux Urgences Médicales de Paris, trouve la force de briser une relation insidieuse et prend de plein fouet l’immensité de sa solitude.

Deux histoires parallèles dans un Paris froid, inhumain, hostile et pourtant bien réel, deux destins qui se croisent dans une même souffrance.

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MON AVIS : ne pas passer à côté de ce livre!

Un livre poignant, terriblement angoissant et aussi prenant qu’un thriller. La situation inextricable de Mathilde est excellemment bien développée et analysée, à tel point qu’on se demande si Delphine de Vigan n’a pas elle-même subit un burn-out ? A côté, le récit des sentiments de Thibault semble fade et manque de substance – les paragraphes sont d’ailleurs bien plus courts… Le déséquilibre est surprenant et le personnage de Thibault n’a pas su m’accrocher.

Delphine de Vigan exprime dans Les heures souterraines un talent rare : celui de susciter chez le lecteur les émotions et les sentiments violents et profonds. A la lecture du livre, on sombre dans l’angoisse, l’inquiétude nous étreint et on souffre pour ces personnages qui semblent ne pas mesurer l’étendue de leur misère.

On en sort de ce roman lessivé et perturbé par tant de justesse et on se prend à regarder différemment nos collègues et notre entourage. Un roman qui traite d’un sujet d’actualité que la société feint d’ignorer : la pression de plus en plus importante sur les individus, qui les broie et engendre dépression et fatalisme.

Petite confession : je n’ai pas pu m’empêcher de lire la fin du livre au cours de ma lecture tellement j’angoissais pour le devenir de Mathilde… (ce qui ne m’arrive jamais!).

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VOUS AIMEREZ SI…

… vous n’avez pas récemment vécu une rupture sentimentale, subit des pressions professionnelles insurmontables, ou tout simplement vécu des moments difficiles !

… vous êtes de nature calme, sereine et si vous ne connaissez pas l’angoisse, le stress, la déprime…

… plus sérieusement, si vous vous interrogez sur la société actuelle et sur le culte de la performance (professionnelle, personnelle, sociale, sentimentale…) qu’elle prône.

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EXTRAIT:

C’est la nuit, la nuit d’avant ce jour attendu malgré elle, il est quatre heures du matin. Mathilde sait qu’elle ne se rendormira pas, elle connaît le scénario par cœur, les positions qu’elle va adopter l’une après l’autre, la respiration qu’elle tentera d’apaiser, l’oreiller qu’elle calera sous sa nuque. Et puis elle finira par allumer la lumière, prendra un livre auquel elle ne parviendra pas à s’intéresser, elle regardera les dessins de ses enfants accrochés aux murs, pour ne pas penser, ne pas anticiper la journée,ne pas se voir descendre du train, ne pas se voir dire bonjour avec l’envie de hurler, ne pas se voir rentrer dans l’ascenseur, ne pas se voir avancer à pas feutrés sur la moquette grise, ne pas se voir assise derrière ce bureau.