Pilote de chasse casse-cou et téméraire, Hal Jordan (Ryan Reynolds) vit depuis toujours avec le souvenir tragique de la disparition de son père, un éminent pilote décédé lors de l’essai d’un prototype. Devenu à son tour un fier "chevalier du ciel", Hal va être choisi pour porter l’anneau d’un célèbre et prodigieux Green Lantern dénommé Abin Sur (Temuera Morrison). Ce dernier vient à peine d’être battu par une effrayante puissance occulte alimentée par la Peur et sa lumière jaune… S’il veut venir à bout de son adversaire intergalactique, Hal va d’abord devoir maîtriser la force de l’anneau et vaincre ses fantômes du passé...
My Name is Campbell ! Martin Campbell !
Bien qu’il soit un réalisateur touche-à-tout, Martin Campbell n’avait jusqu’ici jamais touché aux adaptations de Comics, une valeur refuge chérie par l’usine à rêve hollywoodienne. Après avoir bourlingué entre des films apocalyptiques ("Absolom 2022"), des expéditions périlleuses en altitude ("Vertical Limit") et deux "Zorro" tout en introduisant successivement Pierce Brosnan et Daniel Craig dans la prestigieuse franchise "James Bond" - avec respectivement "GoldenEye" et "Casino Royale" - avant de permettre à Mel Gibson de revenir sur les devants de la scène dans un polar tragico-classique intitulé "Hors de contrôle", Campbell s’attaque donc aujourd’hui, pour le compte de la Warner Bros et de DC Comics, aux aventures du "Green Lantern", un projet d’adaptation loin d’être aisé… Et, au final, on ne peut pas affirmer, en toute honnêteté, que la mayonnaise prend ! Quelle en est la raison ?
Entre deux rives
Il assez difficile de répondre concrètement à cette question : ni mauvais, mais certainement pas excellent, "Green Lantern" nage entre deux eaux sans jamais, visuellement ou scénaristiquement, proposer quelques "ficelles" qui lui permettent de se démarquer de la copieuse série de productions mettant en scène des êtres indestructibles ou défendant une cause juste à coup de supers pouvoirs. Plus enclin à se situer dans le sillage de modestes productions Marvel (comme "The Punisher", "Ghost Rider" ou "Elektra") que dans celui des dernières adaptations DC Comics - survolées par "Superman Returns" mais surtout par la somptueuse franchise "Batman" de Christopher Nolan -, "Green Lantern" allie la destinée incertaine d’un univers galactique assez Kitch et très Sixties - avec ses nombreuses créatures caricaturales comme des Aliens à la boite crânienne surdimensionnée ou arborant une moustache à la Errol Flynn - au karma Zen et Cool d’un humain resté jeune ado’ et refusant de s’engager dans les responsabilités qui incombe à tout adulte (dans ce registre Ryan Reynolds excelle !). On a déjà connu des cocktails plus appétissants, endiablés et détonants.
Clichés or not Clichés
Pour en remettre une couche, ce long-métrage tombe et se vautre allégrement (et même volontairement) dans les clichés en vigueur dans ce genre de Péplum contemporain : le héros emballe bien évidement la sculpturale et belle jeune fille (Blake Lively) en détresse ; le méchant (Peter Sarsgaard) a justement toujours eu le béguin pour cette belle héroïne ; une période de doute - ponctué par un entraînement classique du justicier vert en devenir - va venir gangrener les inspirations louables du "Lantern" ; etc.
Bref notre "Green Lantern" n’a foncièrement pas grand-chose à proposer de neuf au niveau du bagage standard propre à tout super héros si ce n’est le pouvoir de sa propre volonté qui lui permet de matérialiser jusqu’à l’infini ce qu’il imagine… Cette porte de sortie permet heureusement à Martin Campbell et à ses scénaristes (Greg Berlanti, Marc Guggenheim, Michael Green et Michael Goldenberg) de gonfler quelque peu le capital sympathie de leur film en proposant à nos yeux quelques idées enfantines mais revigorantes… Comment sauver un hélicoptère du crash assuré ? Mais en le propulsant sur un circuit de petites voitures agrandi pardi !
Les Feux (de l’Amour) passent au vert…
Conjugué à cet agaçant effet Soap de bas étage, façon "Feux de l’Amour", quand il s’agit de traiter de scènes plus intimistes et romantiques (l’origine de la plupart des scénaristes venant du petit écran y est peut-être pour quelque chose ?), ce film n’est pas non plus aidé par la 3D et la palette graphique choisie pour embellir (pardon ?) décors et créatures. Reste un affrontement final plus qu’honorable qui permet à "Green Lanter", qui peine à démarrer, de prendre son envol dans les dix dernières minutes. C’est un peu juste pour le prix d’une place de ciné’ ? Non ?
Ryan and Cie.
En passant sous silence l’erreur de casting et le lien de parenté abracadabrantesque voulu entre l’acteur Peter Sarsgaard et Tim Robbins - devant camper le père de ce dernier -, "Green Lantern" s’appuie sur une honorable distribution dans laquelle Ryan Reynolds et le précité Sarsgaard campent les deux grands protagonistes terriens convaincants. Hormis quelques noms sur le retour campant les seconds rôles (Robbins, Jay O. Sanders ou Angela Bassett) et l’actrice Blake Lively "incarcérée" dans son rôle de Playmate du héros, Reynolds choisit fort heureusement de se la jouer plutôt modeste et ne sombre pas dans la mégalomanie narcissique qu’il avait surexploité dans "Blade 3" et, dans une moindre mesure, dans "Wolverine".
Souvent justicier sculptural à l’écran, notre ami ne connaîtra toutefois pas, encore cette fois, les éloges de l’applaudimètre même s’il peut toujours compter sur une bouille d’angelot imberbe et sur ses biscotos faisant de lui une icône vachement stylisée de la justice. Mais est-ce entièrement de sa faute vote honneur ? Sans doute pas !
Pour ou contre un Green Lantern II ?
Il convient peut-être d’incriminer le traitement général du film qui se maintient péniblement en équilibre sur deux intrigues distinctes… D’une part, la sphère spatiale avec le combat des innombrables Green Lantern face à une grosse pieuvre maléfique et, d’autre part, l’initiation de notre ami Hal devant combattre ses peurs enfouies et, parallèlement, les machinations du Docteur Hector Hammond. Le mélange de deux récits assez communs (par rapport à tout ce qui a déjà été vu à Hollywood !) ne fait pas nécessairement recette et n’accouche pas forcément d’une superbe aventure…
La bonne volonté de Martin Campbell (un cinéaste ne présentant pas non plus une filmographie sans faille surtout lorsqu’il doit divertir !) ne réussit pas à permettre à ce divertissement trop "standardisé" de tutoyer la voûte céleste des adaptations Comics… N’était-ce pas finalement, dès les prémices du projet, une mission : impossible ? Reste un épilogue quelque peu antagoniste à la teneur général du film qui invite le spectateur a espérer ou à craindre la mise en chantier d’un second opus… Chacun aura sans doute un avis bien tranché sur la question…
La bande-annonce…