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En forme d'édito

Par Bustos
Les rentrées littéraires sont le meilleur moment de l'année pour prendre -non pas le pouls parce que la littérature n'est pas moribonde en France - mais la température de la production contemporaine. Chercher les indices qui électrisent à un moment précis le littérature contemporaine.Les médias veulent avec acharnement nous faire croire que l'automne est dominé par une poignée de romans (ceux qui seront couronnés à l'heure des prix) et que c'est de ce prisme là que l'on doit déduire la couleur et les tonalités de la saison romanesque.Sur les 435 titres publiés (selon Livres Hebdo) comment peut-on avoir la faiblesse de croire que seul une vingtaine donne le ton de l'ensemble d'une production !Le fait est je crois que dans cette masse de production s'exprime bon nombre de courants, bon nombre de voies; et qu'en fin de compte la surproduction et la course à l'échalote que se livrent médias et éditeurs ne sert qu'a masquer l'incurie qui est là - manifeste - pour ne pas pousser la production vers le haut. C'est si simple de ne faire vendre que ce qui est facile à vendre, c'est si simple de ce conforter dans le douillet d'un roman où rien ne se bouscule où tout est déjà écrit à l'avance.
La rentrée littéraire parce qu'elle est une surproduction offre la possibilité de s'aventurer
 Il y a trop de romans publiés chaque automne, c'est vrai. Toutefois ne rêvons pas, s'il y en avait moins de fait il y aurait encore plus de ces roman de "mauvaise littérature" comme l'écrivait Jean Paulhan. Il y en aurait plus parce que la place accordée à une production qui ne se vent pas ou peu, qui semble s'adresser à une élite (encore un vaste débat), qui n'a pas le potentiel d'être tiré à deux cent mille exemplaire, serait encore plus réduite.
Il faut se tenir hors des sentiers battus pour avoir un aperçu des richesses qu'il y a dans la surproduction automnale...il faut de la patience, de la pertinence et aussi beaucoup de temps de lecture.
J'ai le sentiment que cette rentrée est marqué par un symptôme très fort. J'ai trouvé sur ma route cet été un nombre impressionnant de roman qui semblait tous liés entre eux par une même volonté romanesque. Une dizaine de livres qui empruntent aux codes de l'uchronie ou de la contre-utopie, qui semblent vouloir révéler par leurs fictions ce qui se cache dans le réel que nous habitons. Symptômes secrets des dysfonctionnements de notre monde. Tous liés et pourtant tous différents car il y a une pluralité des approches qui me semble augmenter encore plus leur impact et leur vitalité. Ils ne sont pas tous des romans de l'angoisse d'un monde détruit ou en voie de destruction, on trouve aussi des approches plus légères, mais ils sont tous, me semble t-il révélateurs d'une symptôme.
Reste à savoir si cela doit être inquiétant ou non. Comment interpréter cette présence si forte de la contre-utopie, à un moment ou l'on ne parle que de la crise, après un été marqué par la violence terroriste, la famine, les cracks boursiers et tous ces autres affections qui marquent notre réel ?
Quel peut être le sens de ce symptôme littéraire ?
Un retour du sens politique dans une littérature qu'on nous avait fait croire débarrassée de ces questions là.
L'entreprise d'interprétation  ne peut pas se faire à chaud, en tout cas pas seulement. Tel est la focale que je souhaite développer pour cette rentrée littéraire.
Voici les romans qui me semblent propre à entrer ce cadre d'étude, je souhaite en trouver encore d'autre.
Xabi Molia Avant de disparaître, Seuil.
Francois Dominique Solène, Verdier.
Pavel Hak Vomito négro, Verdier.
Dalibor Frioux Brut, Seuil.
Anne Maro Solution terminale, Champ Vallon.
Antoni Casas Ros Chroniques de la dernière révolution, Gallimard.
Corinne Aguzou Les rêves de l'histoire, Tristram
Emmanuel Rabu Futur fleuve, Leo Scheer/Laureli.
Philippe Pollet-Villard Mondial nomade, Flammarion.

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