Genre : comédie
Année : 1971
Durée : 80 minutes
L'histoire : Cinq potes musiciens décident de fuir le monde bétonné et la société de consommation, et s'installent tant bien que mal dans un champ. Ils fondent un groupe, The Tourists, après avoir fait la connaissance de Crème, propriétaire d'un magsin d'instruments, qui leur loue le matos. Ils remportent un concours régional et tout semble aller pour le mieux, jusqu'au moment où les cinq loustics sont rappelés à leurs obligations militaires...La rencontre de l'autorité avec le "peace and love" ne se fera pas sans mal...
La critique de Leslie Barsonsec :
Imaginez un temps où l'on ne parlait pas encore de crise financière, de chômage de masse, où l'amour libre devait soi-disant triompher, où il était interdit d'interdire...
Vous devez vous dire qu'une telle époque devait avoir des héros à sa mesure ? En tout cas, ce qui est certain, c'est que les Charlots figurent parmi les symboles de la France pompidolienne.
Avec leurs cheveux (relativement) longs et leur humour décontracté du gland, les Charlots vendaient du disque par camions entiers et rameutaient des foules considérables dans les salles de spectacles (quoi ? Magalie V., tu es jalouse ? Toi aussi, Matt P. ?).
Ainsi, Christian Fechner eut l'idée lumineuse de profiter du succès des Charlots pour les faire tourner dans des panouilles pas chères, selon la jurisprudence Elvis Presley.
Les films ne devaient pas avoir de scénarios "prise de tête", et plaire au plus grand nombre. Le film qui nous intéresse ici est le deuxième de cette série infernale.
"Les bidasses en folie" voit le jour en 1971, et pour l'anecdocte, il devient le premier succès d'un tâcheron de la comédie "Made in France", Mister Claude Zidi !
Ce film a réussi l'exploit non négligéable de réunir 7 millions de personnes dans les salles ! Le film est-il aussi réussi que son succès fut grand ?
Bon, cessons le suspense, "Les bidasses en folie" n'est certainement pas le meilleur Charlots, loin de là. Les cinq zigotos y campent des personnages "bien de leur temps" selon la caricature (légérement hippies, fainéants, prompts à la blague).
L'alchimie des personnages se met en place : à G.Rinaldi le personnage du bellâtre à la voix de velours, à Jeannot Sarrus le côté "titi blagueur", G.Filipelli se charge de camper le "lunaire à la masse" rêveur, Luis Régo est celui qui se rapproche peut-être le plus de l'humour anglo-saxon (non-sensique).
Quant à Jean-Guy Fechner, il complète le tableau dira-t'on.
Il faut bien avouer que ce film souffre d'un manque de souffle sérieux... Si certains gags sont très réussis, que dire d'autres qui auraient même été recalés pour les films de Max Pécas.
Le début du film fait même bailler : nos loulous partent au vert, et construisent leur nouvel abri psychédélique...
Rien de bien excitant, de plus le thème musical du film est à l'image du reste ("Joli, le monde est joli, la vie nous sourit...", voyez le niveau ?).
Mais à partir de la rencontre avec Crème, le film prend (un peu, n'exagérons rien !) sa vitesse de croisière. Les scènes où les cinq sont obligés de bosser pour rembourser leurs instruments sont raisonnablement drôles (Jeannot et Philou au resto, Luis en facteur avec sa lettre récalcitrante...).
La vision que donnent les Charlots du monde du travail est à l'image de l'époque : on peut se faire virer, on trouvera un autre taf demain...
Une excellente scène selon moi : les cinq consultent les petites annonces dans cinq journaux différents, et leurs voix s'entremêlent en récitant diverses offres d'emploi, créant une ambiance de malaise.
Le plat de résistance est selon moi le concours régional de pop-music : deux des groupes phares de la scène française de l'époque, Martin Circus (beurk!!!) et Triangle ("Peut-être demain" a bien mieux vieilli), jouent leur propre rôle (ben quoi, y z'allaient pas mettre Magma quand même!!!).
"The Tourists" prend la relève et livre une prestation apocalyptique qui a de tout temps su me plier en quatre...
Quant à la seconde moitié du film, elle est consacrée à la "découverte" du monde militaire : les gags sont souvent loufoques, mais l'impression de décousu persiste.
Toutefois, c'est avec un plaisir non dissimulé que nous faisons la connaissance du Sergent Bellec, authentique personnage culte interprété par le grand et regrétté Jacques Seiler (quelle tronche !!! quelle présence !!!). Et Jacques Dufilho est très drôle en colonel légérement dépassé par les événements (et la scène du mariage de sa fille est bien con comme il faut!).
Grâce à ce film, les Charlots transforment l'essai de "La grande java" et accèdent au rang de célébrités quasi-mondiales (en Inde, Allemagne etc...).
Mais Luis Régo décide de claquer la porte... Les Charlots décideront de continuer en quatuor, et tourneront les excellents (selon moi) "Les fous du stade", "Le grand bazar" et "Les bidasses s'en vont en guerre".
Bien que très irrégulier, cet opus garde une certaine fraîcheur et une insouciance, ainsi qu'une absence totale de prétention. Pour ces raisons, il demeure attachant malgré ses défauts très visibles.
Note globale : 11/20
Note nanardesque : 16/20