J’ai entamé les lecture en vue de la rentrée littéraire par du très haut niveau avec le prochain Coupland, à paraître en septembre Au diable Vauvert. Merci à eux.
L’action de Les joueurs_1 se déroule en 5 heures, dans le bar d’un aéroport.
Donc un lieu d’âmes en transit.
5 personnages s’observent, s’approchent sous la - toujours aussi juste et acérée - plume de Douglas, le canadien extra lucide et génialissime de notre génération pas génialissime - elle pour le coup.
Et ces cinq personnages là, 2 femmes et 3 hommes, (un sixième déboulera à la fin), vivent 5 heures cataclysmiques sous l’oeil de Joueur_1. Sans que, nous lecteur, soyons plus au courant que cela de l’identité de cet étrange joueur.
Et non content de se suspendre, de se frôler et/ou de se percuter entre elles, ces 5 âmes là, vont vivre via les écrans de télévision et une connexion internet très bas débit, la montée du prix de baril, enfin plutôt sa flambée sans précédent.
Flambée qui va avoir pour conséquence immédiate, le grand cataclysme dont je vous causais plus haut (genre fin du monde).
Donc, on peut dire aussi, ou en tout cas le lire ainsi - le message de Coupland qui pointe notre indicible bêtise - c’est sur ce JEU, à savoir celui de la spéculation financière internationale du prix du pétrole, que la société mise en s’y reposant toute entière.
Sans vous en dire davantage, Coupland, profitera de ce grand bazar pour ajouter en plus, et comme si cela ne suffisait pas à l’affaire, un tueur fou, posté sur le toit du bar de l’aéroport.
Enfin, second effet Kiss Cool de Joueur_1, on peut même se demander en refermant le bouquin, si Coupland ne vient pas de s'adresser directement à Sartre sous nos yeux. Lui (Coupland) la tête basse et les poings serrés vient de lui confesser que notre ère de la surinformation et de la surconsommation, vient de transformer profondément et irrémédiablement l'essence même du terme "Huis Clos"/
Une question demeure : l'enfer est-ce toujours les autres ?
A noter : une justesse toujours aussi dingue, une allure qui ne nous laisse - nous lecteur - que peu de répit, voire pas de repos. A noter aussi que l’une des deux personnages féminins, est une sorte de «robot/humain/autiste» dont le profil est intéressant d’un point de vue de l’anticipation, mais un chouilla indigeste à lire. Un personnage qui en somme aurait pour mission de nous faire vivre physiquement l’expérience de cette constatation froide que fait Coupland de notre époque, comme un sonnette d’alarme tirée :
«La surabondance d’information a déclenché une crise dans la façon dont les gens considèrent leur vie»
Enfin, perso, je n’avais jamais encore lu un Coupland aussi noir et en colère. On est bien loin de JPod et de Girlfriend in the coma, je vous le dis.
"Quel titre je choisirais pour évoquer le prochain Coupland, sans les mots mais en musique ?"
Voilà mon choix