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La Guerre des Sambre, Werner & Charlotte, T1 : L'Eternité selon Saint-Ange - Yslaire & Marc-Antoine Boidin

Par Belzaran

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Titre : La Guerre des Sambre, Werner & Charlotte, T1 : L'Eternité de Saint-Ange
Scénariste : Yslaire
Dessinateur : Marc-Antoine Boidin
Parution : Octobre 2010


« Sambre » est une célèbre série que j’ai découverte il y a des années maintenant. Son titre est le nom de la famille dont sont issus les héros qui alimentent l’histoire. La série initiale est composée de six tomes à l’heure actuelle. Mais Yslaire, son auteur, a décidé de compléter son univers en développant des trilogies annexes contant la vie des ascendants de ses héros. Ces « spin-offs » sont édités sous le nom de « La Guerre des Sambre » et portent le nom du couple mis en lumière. L’album que j’évoque aujourd’hui est le premier traitant du couple « Werner & Charlotte ». Pour les adeptes de « Sambre », il s’agit des arrière-grands-parents de Bernard, personnage principale de la saga originelle. Pour cet ouvrage, Yslaire a confié les dessins et les couleurs à Marc-Antoine Boidin. Ce bouquin est édité chez Glénat dans la collection Futuropolis. D’un format classique, il est d’excellente qualité. Son prix est inférieur à quatorze euros. 

L’histoire commence à Vienne en novembre 1768. On y découvre de jeunes nobles en train de jouer à colin-maillard dans le cour d’un château. Parmi les participants, se trouve Maria-Antonia, fille de l’impératrice et future épouse de Louis XVI. A ses côtés, participe également Charlotte de Sambre sa meilleure amie française. Elle rencontre au cours de cette journée Werner Von Gotha, jeune orphelin et protégé du frère de l’impératrice. Alors que la jeune Charlotte est promise à un beau parti de la cours autrichienne, cette dernière s’amourache du beau et ténébreux Werner… 

Cet album possède une dimension historique certaine. Le travail de documentation est évident. A un tel point que le responsable de la documentation est cité sur la page de garde. Il se nomme Vincent Mezil. Il s’agit d’ailleurs d’un des attraits de « Sambre ». Découvrir l’Histoire à travers l’histoire d’une famille. Cet opus est le premier de la trilogie. De plus, il est antérieur à toutes les autres parutions de la série. Il peut donc se lire sans pré-requis. Evidemment, un connaisseur de l’univers de cette famille le découvrira avec un angle différent. Néanmoins, cet ouvrage peut être lu par tout adulte souhaitant s’y plonger. En effet, je ne pense pas qu’un enfant y trouve un quelconque plaisir. L’ouvrage est narratif, sérieux et plutôt dense. Bref, nos charmantes têtes blondes attendront quelques années avant de rencontrer Werner et Charlotte. Pour résumer, ce livre s’adresse à tous les lecteurs friands de grandes sagas familiales qui s’étalent sur des générations. Ils en sortiront conquis. 

La trame est bien construite. Un prologue nous immerge dans l’époque et nous offre un voyage dans le temps plus aisé. Je ne vous cache pas que cela m’a permis une immersion dans l’époque plus facile. Les premières pages nous présentent les différents protagonistes sans trop donner l’impression de faire un listing long comme le bras. Ensuite, les événements se succèdent, l’intrigue est dense. Le fait d’avoir à faire à un « couple maudit » apparaît rapidement. On se laisse prendre par l’histoire qui sans multiplier les effets de style attise notre curiosité. Contrairement à beaucoup de premier tome qui sont uniquement des introductions, cet opus nous plonge très rapidement dans le vif du sujet et on le referme avec l’envie ferme de connaître la suite au plus vite. A priori, les auteurs ont prévu de sortir les tomes à un an d’intervalle. L’attente ne sera donc pas trop dure. 

Les personnages sont relativement nombreux. Evidemment, l’histoire se construit autour de Charlotte et Werner. La première souffre de sa condition sociale qui l’empêche de choisir l’être aimé. Quant au second, il n’est qu’un orphelin qui ne peut approcher l’élue de son cœur, faute de statut suffisant. Mais autour de nos deux tourtereaux gravitent bon nombre de protagonistes. Je ne vais pas tous les citer, cela donnerait un ton rébarbatif à la lecture. Mais les arcanes de la noblesse de l’époque sont assez bien décrits. De nombreuses zones d’ombre s’installent. De plus, chacune des personnes possèdent, dès sa première apparition, une réelle personnalité qui ne nous laissent pas indifférent. Cela rend notre lecture active et davantage prenante. 

Le voyage dans le temps est très réussi. On n’a aucun mal à se plonger à la cour autrichienne de la seconde partie du dix-huitième siècle. Sur ce plan-là, les auteurs sont bons. On a l’impression d’accompagner les personnages dans leur quotidien. L’empathie ressentie pour les deux héros accentue ce phénomène. Par contre, l’atmosphère n’est ni oppressante ni envoutante. « La guerre des Sambre » reste une série avec un ton historique certain. Cela lui donne un ton parfois très narratif pas désagréable mais qui, par contre et logiquement, ne déclenche pas chez nous des sentiments très intenses. Cela nous offre une lecture prenante mais dont on n’a aucun mal à sortir une fois l’ouvrage fermé. 

Côté dessins, je suis tombé sous le charme. La particularité d’Yslaire dans sa série originale était de tout dessiner en noir et blanc. Seule la couleur rouge trouvait grâce à ses yeux. En effet, les Sambre possédaient une chevelure de cette couleur et certains personnages importants avaient les yeux couleur sang. Dans « Werner et Charlotte », ce fil conducteur chromatique est globalement conservé. La seule couleur franche qui ressort reste le rouge. Par contre, il y a davantage de variation pour le reste. Les tons marron sont plus exploités. Je trouve que cela offre à la lecture une atmosphère moins froide et plus accueillante. Je suis donc pleinement satisfait de cette initiative. Côté style, je trouve le trait d’excellente qualité. C’est classique et facile d’accès. On n’a aucun mal à s’approprier les personnages. Je trouve que la touche de Boidin participe activement à la réussite de l’ensemble. 

En conclusion, « Werner et Charlotte 1 – Automne 1768 » m’a plutôt plu. J’ai passé un moment très agréable. Je m’y replongerai avec grand plaisir lors de la parution du deuxième opus. Contrairement à beaucoup de séries, le « spin-off » est au moins d’égale qualité que la saga dont il est issu. C’est à signaler parce que c’est loin d’être le cas systématiquement. Je ne peux donc que conseiller cet album aux adeptes de sagas familiales et de séries historiques. Ils devraient y trouver leur bonheur… 

par Eric the Tiger

Note : 14/20


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