Il y avait la rivière. Après la rivière, la route nationale.
Fée raconte. Son enfance. Et cette mère qui était tant pour les autres, toujours souriante, attentive. Par sa faute, ainsi le pense-t-elle, sa mère a disparu. Depuis les vieilles femmes du village se sont mises à la maudire, elle. Son père et sa grand-mère ont, eux, regardé longtemps ailleurs, luttant contre ce qui en leur esprit lui en voulait encore de cette disparition injuste...
Alors Fée raconte l'enfance, à Alain, comme un remède, et pour qu'il transmette lui-même cette histoire à Vivien, le garçon qu'elle aime, qu'il aime aussi. Vivien et son besoin vif d'écrire. Cette histoire fera un roman, et ce roman elle veut le lui donner, comme un cadeau.
Voici un très joli livre, onirique, qui mérite que l'on prenne le temps de rentrer dans ses pages.
J'ai aimé l'histoire de Fée, cette adolescente craintive, et le brouillard qui entoure sa mémoire. La narration mélange son passé d'enfant et un présent de jeune-fille amoureuse et discrète. Tout cela est assez original et prenant. L'écriture est belle, fine. Lorsque l'on a situé les personnages, attachants, et les époques, le plaisir de lecture est réellement présent et nous emmène bien plus loin qu'on ne le supposait au tout départ. La scène finale est très émouvante et la présence du trio amoureux qui tient l'intrigue générale marque l'esprit de sa cruauté et de ses choix.
Je suis toujours étonnée et admirative de lire ainsi un aussi beau portrait de jeune-fille imaginé par un auteur masculin.
"Fée se disait que tout ça aurait été merveilleux : les vrilles du vent, les arbres, la rivière et la lune en croissant, si le malheur, un jour de printemps, à moins que ce n'eût été au milieu de l'été, n'était survenu par sa faute."
Editions Orizons - 15€ - Juillet 2011
Un très grand merci à Gérard Glatt pour sa confiance !! [pour en savoir plus]