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Magasin sexuel T1

Publié le 24 août 2011 par Litterature_blog

Magasin sexuel T1Aux Bombinettes, charmant village hors du temps, la vie s’écoule paisiblement. En cette journée ensoleillée du mois de mai, le maire se prépare à accueillir la foire annuelle. Après son petit tour quotidien par le troquet, il découvre parmi les camelots une camionnette portant sur ces flancs l’inscription « Sexe-Shop ». Craignant un trouble à l’ordre public, il demande à la vendeuse de ne pas exposer d’objets susceptibles de heurter la sensibilité de la population. Rassuré par l’inoffensif canard en plastique gracieusement offert par la jeune fille, il retourne vaquer à ses occupations. Mais quelques uns des 234 habitants de la bourgade ne l’entendent pas de cette oreille et lui demandent de mettre fin à cette insupportable incitation à la débauche…
Raconter l’arrivée sur une place de village d’un sex-shop ambulant est une idée très sympa. Surtout si l’on ancre l’action dans un bled où la vie semble s’être arrêtée il y a 50 ans. Forcément, le choc des générations risque de faire des dégâts. Amandine la jeune vendeuse est une femme moderne, bien dans son temps. Le maire, élu aux idées étriquées, synthétise en quelque sorte la bêtise de ses administrés. Raymond Orloff (c’est son nom) est misogyne, mégalo, raciste, maladroit, stupide… Pourtant, sous ses airs de gros con qui s’ignore, il garde un coté attachant, notamment à travers la sincère affection qu’il porte à Amandine. Reste à voir comment la situation va évoluer entre ces deux personnages que tout oppose…
Pour ce qui est du dessin, Turf change totalement d’univers en passant de sa série steampunk la Nef des fous à la France profonde. Perfectionniste, attentif au moindre détail, il a recréé une ambiance rurale qui, visuellement, tient la route. Les personnages sont aussi bien trouvés. Le maire est un clone de celui de Champignac dans Spirou avec son costume, son écharpe en bandoulière, sa moustache et son chapeau melon. Amandine, son fichu dans les cheveux, sa robe ultra courte et ses baskets est une fille moderne et urbaine. Turf l’avoue, son souci du détail ralentit grandement sa cadence de production. Sur cet album, il n’a tombé que trois planche par mois contre quatre habituellement. Heureusement que ce Magasin sexuel est prévu pour être un diptyque, les lecteurs n’auront pas à attendre 17 ans avant d’en découvrir la fin comme ce fut le cas avec la Nef des fous.
Un album sympathique qui, sous ses faux airs de vaudeville, dresse un portrait caricatural mais drôle des villages de nos campagnes. Rien d’exceptionnel mais un bien agréable moment de lecture, frais et divertissant. Une dernière mise en garde pour les petits pervers : ne vous précipitez pas sur cette BD en pensant qu’avec un titre pareil, ça va être croustillant au possible. Il n’y a strictement rien d’érotique dans ce Magasin sexuel. Cette fable sur la bêtise humaine sans aucune vulgarité pourrait donc en décevoir plus d’un !
Magasin sexuel T1 de Turf, Éditions Delcourt, 2011. 64 pages. 14.95 euros.
Magasin sexuel T1





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