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aTELECINE l’interview

Publié le 24 août 2011 par Hartzine

aTELECINE l’interview

Porté par les formes d’une actrice X (Sasha Grey), aTelecine vient de publier le premier opus d’une trilogie en cours sur Pendu Sound Recordings. Pourfendeur d’une musique informe, le groupe semble néanmoins commuer la ligne de conduite noise de ses premières productions en une base propice au développement de « chansons ». Pablo St. Francis, membre fondateur, s’est entretenu sur les phases du songwriting, la portée mystique de sa musique et la performance noise en 2011.

Quelle est l’importance des sources sonores que vous utilisez ? Avez-vous une préférence pour une source sonore déterminée (sample, instruments…) ? Y’a-t-il des sources que vous n’avez pas encore pu exploiter ?
La vie est une éternelle source d’inspiration sonore pour nous. Qu’il s’agisse du trafic aérien de L.A., des vents de Santa Ana ou des coyotes hurlant dans le canyon, tout est intégré à nos enregistrements. Je crois vraiment qu’il serait super de pouvoir travailler avec un orchestre entier un jour. Les fantômes de Stockhausen et de Sun Ra. 


Comment enclenchez vous la composition d’un titre ?

L’un d’entre nous a une étincelle, une idée, ça peut être quelque chose de plutôt ésotérique et de non musical. Ça peut partir de là… La plupart des groupes sont focalisés sur la recherche d’une mélodie accrocheuse alors que nous cherchons à l’inverse une atmosphère… Cela ne veut pas dire que nous n’attachons pas d’importance au sens des paroles ou au rythme, même si celui-ci n’est pas vraiment dominant sur un morceau… le rythme et la poésie favorisent la création d’une atmosphère que nous voulons un peu angulaire et bizarrement cinématographique sans être linéaire d’un point de vue narratif. Nous ne voulons pas reproduire une image trop évidente pour l’auditeur qui serait ennuyeuse pour chacun.


 Comment stoppez-vous le songwriting d’un titre ?

Le morceau lui-même te dit quand le travail est terminé…  Vous vous levez, vous quittez la table de mixage, vous allez manger un sandwich et peut-être boire du café ou autre chose,  revenez, réécoutez votre morceau, refaites un mix rapide et puis vous écoutez attentivement… vraiment … est-ce que le résultat vous enthousiasme ? Vous ressentez quelque chose et cela vous évoque des tonnes d’images ? Vous vous retrouvez dans ce morceau ? C’est que le travail est probablement terminé…

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Vous composez régulièrement ? Vous avez du bruit 24h/24 dans la tête ?

Les idées circulent librement 24h/24. Nous pouvons commencer des morceaux en juillet et y revenir en étant plus inspirés en octobre. Nous créons tout le temps, c’est parce que nous pensons tout le temps à la création. C’est rassembler ces idées en vue de les enregistrer et d’en faire une œuvre qui est compliqué, car chacun a son propre rythme de vie dû à ses activités quotidiennes. En résumé, nous essayons de travailler la plupart du temps ensemble et quand nous n’y arrivons pas, nous le faisons séparément.
 

Tu peux nous en dire plus sur les 3 LP qui sortent prochainement sur Pendu Rec. ? Ça semble être une trilogie ésotérique.



Vous devez les écouter pour vraiment pouvoir les comprendre, cependant oui ça a été conçu comme une trilogie. Ésotérique sûrement, avec toutefois un fil conducteur… difficile à expliquer mais je peux vous donner trois indices … (prenant la voix de Carnac the Magnificent) l’appel de l’amour sans retour qui traverse le cosmos, les nombreux visages qu’incarnent le mal et Carl Sagan. J’espère que ça vous aide.

  La musique industrielle et noise est associée à des doctrines politiques, mystiques, voire occultes tranchées. Cette dimension semble oubliée par les plus jeunes auditeurs. Selon toi, ce type de musique peut-il rester neutre du point de vue conceptuel ?

J’aime à penser que tout art valable, pas juste les formes de musique industrielle et noise, est influencé par des doctrines mystiques, des opinions politiques tranchantes, etc. Je ne pourrais pas facilement définir le point de vue spirituel, le cas échéant, que ce type d’art sous-tend pour son public (en particulier pour ce qui est de la musique industrielle). Toutefois, je comprends l’attirance d’un jeune public négativiste pour cette musique, étiquetée comme dark et dissonante, sans qu’il ait forcément besoin de comprendre totalement le contexte de l’œuvre d’art et ce qui en ressort.

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  J’aimerais te poser la même question concernant la façon dont la musique industrielle doit être « performée » en 2011. Imagines-tu des lieux, du matériel, une scénographie propices ?

 Vu tout ce qu’il nous reste encore à faire avant de jouer publiquement, je n’ai vraiment pas grand chose à dire à ce sujet. La première partie pourrait se faire autour d’un grand écran projetant des images ou des films abstraits intéressants et bizarres comme une œuvre de Stan Brakhage. Cela pourrait ensuite devenir un condensé d’influences… peut-être que nous entrerons sur scène entourés de draps comme George Clinton mais avec des draps de Darth Vader et pas de Scooby-Doo bien sûr… peut-être avec des cascades de lumières blanches brechtiennes autour de nous, dans un décor caricatural d’un 4 pièces à Northampton UK. Je devrais plutôt dire ce à quoi ça ne ressemblera pas : quatre personnes autour de laptops… à moins que votre groupe puisse se le permettre et fasse partie de la vieille école, dans ce cas il s’agit juste d’une question de commodité. Honnêtement, quand je vais à un concert, je n’ai pas envie de voir le visage des membres éclairé par leur laptop, à moins que le spectacle ne se passe dans votre chambre à coucher ou avec du vieux matos démodé, à la manière de Kraftwerk ou TG. Ces gars peuvent faire ce qu’ils veulent et je suis sûr que ce sera toujours mieux que n’importe quel truc contemporain réalisé avec ces laptops.

Si tu devais recommander un de vos albums à une personne qui s’apprête à découvrir aTelecine, lequel serait-ce ?

En fait, je pense que ça dépend de la personne… Nos quatre albums et l’EP que nous avons sortis sont tous super (tous issus d’endroits différents, certains sont des revisites de vieilles idées et d’autres sont des albums-concept à part entière) mais je suis vraiment fier de cette nouvelle trilogie d’albums. Aussi, je demanderais aux gens de commencer avec The Falcon and the Pod et de poursuivre la trilogie dans l’ordre… Sounds that Gods Fear et Are you Attracted to Wounded Animals.


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