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[Critique] THIS MUST BE THE PLACE de Paolo Sorrentino

Publié le 24 août 2011 par Celine_diane

[Critique] THIS MUST BE THE PLACE de Paolo Sorrentino
This Must Be The Place flotte. Comme Cheyenne (Sean Penn) ce gamin de 50 ans, qui traîne sa carcasse fatiguée dans la campagne irlandaise et les rayons infinis des supermarchés. Colère rangée, placardée sous le fard. Rejet du monde moderne et d’une triste société de consommation. Lorsque le père meurt, une pièce du puzzle manque à l’appel: pour aller de l’avant, il faut se réconcilier avec son passé. D’où la quête de l’ex-rock star à travers les Etats-Unis. Sa mission ? Retrouver un nazi d’Auschwitz, ex-bourreau de son père. Et c’est parti pour une belle bal(l)ade aérienne signée Paolo Sorrentino (Il Divo) qui rappelle tout à la fois l’imagerie d’un Wim Wenders, et les écrits enlevés d’un Safran Foer. Le road trip comme récit initiatique (que Sean Penn-réalisateur chérit tout particulièrement) prend dès lors des couleurs pop à l’onirisme poétique plus violent qu’il n’y paraît. Certainement parce qu’il masque, comme Cheyenne masque ses douleurs, une vraie souffrance contemporaine, et des revendications silencieuses.

Ce retour à l’essentiel (nature, désir d’enfants, liberté, pardon), cette nostalgie d’un paradis perdu (l’époque où This Must Be The Place était un titre des Talking Heads et pas des Arcade Fire !), cette mélancolie affichée en bandoulière : Sorrentino et Penn les subliment. L’introspection romantique, avec exacerbation du sentiment et du spleen, prend des allures de combat tranquille : lutte contre le port d’armes, contre la vanité américaine, et, choix du pacifisme face à l’esprit vengeur US. La synthèse de l’idéologie new wave, en quelque sorte. Le cinéaste italien, bien planqué derrière la candeur de son protagoniste, offre alors une critique au vitriol d’une Amérique paumée, où l’on ne peut contester l’ordre établi QU’au travers d’un refus ostentatoire des normes (travail, look et conventions). Sorrentino, lui, propose une autre perspective. Voilà ce que clame, finalement, la dernière scène: grandir, ce n’est pas renoncer, ce n’est pas s’abandonner au conformisme, c’est simplement accepter comme possible l’idée d’une rébellion sans marginalisation. La sérénité, comme arme.

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