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Sur la route du Blues, part 2

Publié le 27 août 2011 par Nikkos

Yahou, nous arrivons enfin dans le Mississippi, étape importante de notre périple.

Sur la route du Blues, part 2

Le paysage est soudain plat, tapissé de champs de coton à perte de vue (patience encore quelques semaines pour qu’ils soient blancs.) Des avions tournent et plongent pour traiter les champs, cette scène n’est pas sans nous rappeler “La mort au trousse“. Au milieu de cette campagne immense, une ville : Tunica, cernés par ses casinos, surprenant. Après une pause déjeuner au fameux White & Blue Restaurant (since 1937), nous arrivons à notre but : les bannières du Sunflower Festival flottent déjà.

Sur la route du Blues, part 2

La bonne adresse du coin

Il est temps de se poser quelques jours, à Clarksdale, berceau du Blues. Sous une chaleur épaisse et après une sieste bien méritée ( on est quand même en vacances), nous arrivons pour 7 p.m tapante à notre lieu de rendez-vous : le Red’s Lounge Club.

Le Juke Joint de Red Paden est, THE PLACE TO BE. En effet, en ce soir du 12 août, a lieu une partie du shooting du film ” We Juke up in here “, la suite de ” M for Mississippi ” en quelque sorte. Ce documentaire qui sortira en avril, traite de la culture des Juke Joint. En matière d’authenticité, Red’s Lounge se pose là. Pas d’air conditionné comme partout, mais des ventilateurs qui découpent l’air dans un bruit sourd. Arrivés depuis 5 minutes, la sueur nous coule déjà dans le dos. Nous commandons une Bud, qui à défaut d’être savoureuse, nous désaltère. Cette soirée est l’occasion de rencontrer les producteurs du film, Roger Stolle, propriétaire de Cat Head Records, ainsi que Jeff Konkel, propriétaire du label Broke & Hungry Records, (le successeur de Fat Possum Records, en quelque sorte) que Nayati Dreams distribue en France. Pour commencer, concert de Robert Lee “Lil’ Poochie” Watson, accompagné de Hezekiah Early. Une magnifique entrée en matière. ” Lil’ Poochie” est sans conteste une des découvertes musicales de ce périple.

Sur la route du Blues, part 2

Hezekiah Early- Lil Pootchie Watson et Elmo Williams

Petite interlude, le temps de manger notre BBQ de rips de porc et de se rendre compte que l’assemblée est composé de 20 % de Français. Un porte un tee-shirt “ Blues en Bourgogne ” une bonne entrée en matière pour faire connaissance. Puis c’est au tour d’ Elmo Williams de rentrer en scène, rejoignant son comparse Hezekiah (les deux hommes ont enregistrés tous les deux chez Fat Possum Records.)

Résultats des courses, deux heures superbes de concert, assis à côté du réalisateur Damien Blaylock sur un tabouret recouvert de sky (qui collent un peu aux fesses). Le photographe Lou Bopp est présent également, cette soirée promet encore de belles photos de sa part.

La soirée se poursuit enfin avec Terry Harmonica Bean. Nous nous éclipsons avant la fin, nous avons encore une heure de route pour aller nous coucher à Tunica.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le lendemain matin, visite direct et achats à Cat Head Delta Blues & Folk Art, tenue par Roger Stolle, un des 2 producteurs du film. Nous poussons la porte, la boutique est grande et chaleureuse ; folk art, disques, DVD, livres se côtoient, se répondent, se complètent, s’enrichissent donnant une atmosphère palpitante à tout ce bric à brac. Des musiciens jouent devant la boutique. Tiens, Jeff Konkel nous présente un homme assis sur le banc… nous avons l’honneur de saluer Jimmy Duck Holmes.

Damien Blaylock (rappelez-vous le réalisateur du film) accompagné d’un ami, passent à la boutique. Il nous invite à les suivre, direction un restaurant libanais. Damien et Arthur sont des gars intéressants : nous parlons Juke Joint, Europe… et derrière nous le Sénateur noir du coin, vêtu du polo du golf local. Nous discutons avec lui. Il nous fait part de son admiration : les Européens en connaissent plus sur l’Histoire du blues que les autochtones. Il lance l’idée de créer un organisme qui aurait pour but de préserver cette culture des Juke Joint. Le temps de finir un ” café ” et nous repartons. Avant, le fils des proprio du resto, ne peut s’empêcher de demander à Nicolas s’il n’est pas un “free-fighter” du MMA.  Aurait-il vu ses oreilles ? définitivement, OUI !

Retour à Clarksdale “downtown”, nous nous promenons en ville et rencontrons de jeunes gens venus de New York et de l’ Illinois. Nous nous retrouvons tous au concert sur la scène acoustique pour écouter Robert Belfour, bientôt relayé par T Model Ford. Tiens, Ted Drozdowski, le facétieux guitariste de Scissormen est là. Nous échangeons quelques mots. Cet homme sympathique est accompagné de son aimable épouse et de sa chienne – adorable comme le dit si bien Vincent a.k.a Blues Rules – ( à part qu’elle a failli chiquer les doigts de Nicolas…).  L’ambiance est vraiment naturelle et conviviale, ce Sunflower festival est une réussite. Nous ne manquons pas de visiter le Delta Blues Museum. Sans aucun doute mon musée préféré pendant ses trois semaines… Un muséographie simple mais sur un thème qui m’est plus que cher. Et avec de très belles pièces.  A la boutique, Louise découvre, à sa grande joie, qu’à 20 miles de là, se perpétue l’art du patchwork du Delta du Mississippi grâce au groupe des Tutwiler Quilters.

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Une chose est pourtant frappante : si l’équipe du festival (comme c’est indiqué sur le site) est composé de 50 % de noirs et 50 % de blancs, il y a peu de jeunes noirs dans le public. Le soir, nous en discuterons d’ailleurs avec Dale, un habitant de Clarcksdale sur le fronton du Ground Zero Club, en sirotant une Rolling Rock. Cet homme noir de 35/40 ans, employé dans une ferme des environs, nous explique que les champs de coton seront blancs dans 3 semaines. Il nous dit aussi que les jeunes “African American”, ici, n’écoutent que du hip hop et du R n’B. Il est très étonné d’apprendre que, en France, le Mississippi et le blues, de même que l’imaginaire lié à la culture des Juke Joints faisaient rêver. “Des Gens rêvent de venir dans le Mississippi ? ” Il rit et ouvre de grands yeux surpris… A l’intérieur du club, Superchikan met une ambiance de feu dans le club de Morgan Freeman.

Après une nuit passée à Clarksdale, non pas au Riverside Hotel (réservez plusieurs mois à l’avance), mais dans un Motel tenu par un indien, nous assistons à un concert de Robert Belfour devant la boutique Cat Head Records. Après, nous échangeons quelques mots avec lui. Il signe, amusé son portrait, dessin de Louise. Il nous explique, qu’avant, lui aussi aimait dessiner mais aujourd’hui, ce qu’il aime avant tout c’est jouer de sa guitare.

Sur la route du Blues, part 2

Robert Belfour

Ici, Louise a découvert avec bonheur, que de nombreux musiciens dessinent, peignent et créent spontanément, de l’art “Brut” à l’image par exemple d’un James “Son” Thomas.

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Maintenant, nous devons partir, nous n’entendrons malheureusement pas Big George Brock. Le temps de dire au revoir et nous nous rendons sur les rives du Mississippi pour pique-niquer. Petit passage dans l’Arkansas : nous avons l’impression de passer une véritable frontière et de changer de pays, pour un, beaucoup plus riche. Un sandwich plus tard, nous voilà repartis.

Direction le Sud du Mississippi par la 49, passage par Yazoo City pour nous rendre à Bentonia. Jeff Konkel nous a indiqué que Jimmy  ”Duck” Holmes serait présent dans son Blue Front Café. Sur notre route de belles riches demeures et à deux pas de pauvres villages délabrés habités majoritairement par des noirs comme à Louise par exemple.

Nous arrivons vers 5.30 pm à Bentonia, bourgade traversée par la voie ferrée. Un homme sort du café, nous entrons et faisons la connaissance de cet homme humble : Jimmy “Duck” Holmes. La télévision diffuse une série. Il boit de la Bud light en canette. Après s’être présenté, Jimmy nous montre le nom des Français ayant inscrit leur passage sur le mur. Nous parlons de ses albums chez Fat Possum et Broke & Hungry, de la phobie de l’avion et de la possibilité pour lui de venir jouer en Europe. Si un organisateur de festival lit ses lignes…  Je lui demande s’il a appris le “Bentonia blues” à quelqu’un. Il nous explique avec regret que les jeunes là-bas ne s’intéressent pas au blues, mais au Rn’B. Ainsi il nous confirme ce que Dale nous avait dit : dommage !

Sur la route du Blues, part 2

Avec Jimmy Duck Holmes, au Blue Front Café, Bentonia, MS

Cette rencontre restera un moment fort et touchant de notre passage dans le Mississippi. Accroché au fond du Blue Front Café, un portrait de Jack Owens. Après une heure de discussion, Jimmy nous explique précisément comment rejoindre Jackson. Nous le remercions et reprenons notre route. Dans l’autoradio “Gonna Get Old Someday”.


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