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Critique : Faut-il manger les animaux ? (Jonathan Safran Foer)

Par Juloobs

Présentation de l’éditeur : Convoquant souvenirs d’enfance, données statistiques et arguments philosophiques, Jonathan Safran Foer interroge les croyances, les mythes familiaux et les traditions nationales avant de se lancer lui-même dans une vaste enquête. Entre une expédition clandestine dans un abattoir, une recherche sur les dangers du lisier de porc et la visite d’une ferme où l’on élève les dindes en pleine nature, J.S. Foer explore tous les degrés de l’abomination contemporaine et se penche sur les derniers vestiges d’une civilisation qui respectait encore l’animal.

En proposant une enquête immersive et bien documentée, Jonathan Safran Foer (Tout est illuminé, Extrêmement fort et incroyablement près) nous met le nez et les yeux dans nos assiettes. Il nous invite surtout à regarder ce qui se passe avant que la viande que nous consommons soit triée et emballée dans les supermarchés. Un procès à charge contre l’élevage industriel, la souffrance des animaux pendant toute leur vie pour certains, avant abattage…

L’investigation de Safran Foer mêle un dictionnaire (!), une réflexion sur les origines et l’expansion de l’élevage industriel, le passage en revue de ses principaux acteurs…  Très informé et anotée, Jonathan Safran Foer s’efface dans son livre à plusieurs reprises pour laisser la paroles à des témoins privilégiés de l’abattage des porcs et des poulets, de l’élevage industriel…

Critique : Faut-il manger les animaux ? (Jonathan Safran Foer)

Plusieurs témoins au point de vue argumenté prennent donc la parole dans ce livre éprouvant. Faut-il manger les animaux ? n’est pas un film d’horreur, il faut donc le lire de la première à la dernière page. Safran Foer nourrit la réflexion sans prendre son lecteur par la main. Du reste, voici deux morceaux choisis qui donneront j’espère envie au moins de lire cet essai de bon aloi.

« N’avoir que de très rares contacts avec les animaux permet d’écarter plus facilement les questions concernant la mesure dans laquelle nos actes peuvent avoir une influence sur la façon dont ils sont traités. Le problème posé par la viande a pris une dimension abstraite : il n’y a plus d’animal individuel, plus d’expression singulière de contentement ou de souffrance, plus de queue qui s’agite, et plus de cris. La philosophe Elaine Scarry a observé que la beauté survient toujours dans le particulier. La cruauté, quant à elle, préfère l’abstraction. » (p.130)

  »Tous les oiseaux proviennent de manipulations génétiques à la Frankenstein ; tous sont confinés ; aucun ne profite de la brise ou de la chaleur du soleil ; aucun n’est capable d’adopter l’ensemble (voire un seul) des comportements spécifiques à son espèce tel que construire un nid, se percher, explorer les alentours et former des unités sociales stables ; la maladie est généralisée ; la souffrance est toujours la règle ; les animaux ne sont jamais plus qu’un item, un poids ; leur mort est invariablement cruelle. Et ces similitudes importent plus que les différences. » (p. 180)

Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer

Editions de L’Olivier, 2010.

365 pages



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