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Herve commere : interview exclusive !!!

Par Geybuss

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Hervé Commère, auteur Rennais rencontré au Festival de la Rue des Livres à Rennes en mars dernier, en pleine dédicace de mon exemplaire de son nouveau thriller : Les ronds dans l'eau...

HERVE COMMERE : INTERVIEW EXCLUSIVE !!!

 Un thriller qui prend racine il y a 30 ans mais qui se déroule de nos jours entre Rennes, Rouen, la côte Bretonne et l'Angleterre...

Un thriller où, finalement, le personnage principal est le hasard...

La tentation était donc trop forte d'orienter mon interview sur les thèmes suivant : choix, hasard...

A priori, vous semblez vous spécialiser dans l’écriture de polars/thriller.... Est-ce par hasard ou par choix ?

Les deux. J'aime les polars, et j'en écrirai encore. Mais j'aime aussi d'autres formes. Mon premier roman n'était pas un polar, d'ailleurs. Ce qui est à peu près sûr, c'est que mes trois prochains romans seront encore dans le genre policier. Ensuite, on verra...

 Comment écrit on un livre comme “les ronds dans l’eau” : un canevas, un synopsis très précis ou laisse-t-on place au hasard ?

Je vis avec une histoire durant des mois, quotidiennement, en prenant des notes. Et puis tout finit par s'imbriquer, se mettre en place, et finalement l'histoire est complète. Arrive le moment de l'écriture. Moi, je commence à écrire quand l'histoire est terminée, précise.

Après, bien sûr, l'écriture apporte plein de choses, des détails qui surgissent, une espèce d'improvisation de dernière minute qui donne de la couleur et du relief à l'ensemble.

Quelle est la part d libre arbitre et du choix, du hasard, dans l’écriture lorsque l’on veut être publié : faut il suivre un schéma, une mode, corriger et renoncer à l’important ou juste tomber au bon moment au bon endroit ?

Je crois ne pas pouvoir vous dire grand chose sur le sujet. Je ne sais pas ce qu'il faut faire pour "être publié". Il suffit de voir tout ce qui sort en librairies, on voit bien que tout est possible, tous les genres sont admis. Je vois l'écriture comme un espace de liberté, l'endroit et le moment où, justement, il est permis de ne penser qu'à soi, sans se soucier du regard des autres. Ecrire, ça peut faire se sentir libre. Etre publié, ça n'est qu'une reconnaissance. C'est formidable, c'est certain, mais le premier plaisir, c'est d'écrire.

Quelqu'un qui joue de la guitare chez lui prend du plaisir. Il sait qu'il n'enregistrera jamais d'album, qu'il ne fera jamais l'Olympia, mais qu'est-ce-que ça change ? Au moment où il joue, il est bien, et c'est tout ce qui compte.

 A propos de mode, est-ce un choix réactionnaire d’écrire un thriller sans hémoglobine ni viscères éviscérées à chaque page ou est-ce juste parce que cette violence ne s’est pas imposée d’elle même ?

La violence physique ne me touche pas vraiment, le sang ne me fascine pas du tout. Là, je me rends assez compte que je nage un peu à contre courant dans le domaine du thriller mais je n'y peux rien, ça n'est pas mon truc. J'aime assez m'identifier quand je lis un livre ou vois un film. C'est la même chose dans mes romans, j'ai envie que le lecteur s'imagine à la place du héros, un gars comme tout le monde à qui, soudain, il arrive quelque chose d'incroyable.

N’auriez vous pas été gangster dans une autre vie par hasard ? Et si vous aviez été gangster, quelle spécialité auriez vous choisie?

Désolé de vous décevoir mais non, je n'ai pas été gangster, juste patron de bar (mais c'est déjà pas mal !). Quelque chose me fascine dans le mode de vie de ces gars, pouvoir tout quitter en deux minutes, comme dans "Heat". Mais ça ne m'attire pas personnellement. Et puis il y a un fossé entre le banditisme et la littérature. Je préfère à coup sûr la littérature. Petite confidence : ce fossé sera le thème central de mon quatrième roman. Mais on a encore un peu le temps.

Quel est le choix que vous regrettez et celui dont vous êtes le plus fier ?

Je ne regrette rien. Je suis heureux, c'est un peu sinueux et j'aime ça, ça vit. Ce que je pourrais regretter, c'est parfois de ne pas avoir osé assez vite, d'avoir manqué d'audace ou d'à propos, et de me dire ensuite "J'aurais dû, ça aurait été drôle". Il y a quelques mois, j'ai croisé Dave dans la gare de Rennes. Il était hilare, avec deux autre types. J'ai voulu prendre un air las et, sans m'arrêter de marcher, lui dire "Hé Dave, tu te calmes un peu, s'il te plait", ça m'aurait fait rire tout seul. Mais je n'ai rien fait.

Ce dont je suis le plus fier, par contre, je sais très exactement ce que c'est et je ne vous le dirai pas !

Quel est la pire crasse que le hasard ait pu vous faire ?

J'ai plutôt l'impression d'avoir eu souvent de la chance.

Il y a environ dix ans, vers une heure du matin, une voiture a défoncé la vitrine de mon bar au Mans. J'avais une dizaine de clients. Un type ivre mort qui voulait se garer pour prendre un verre. Grosse frayeur. Le coup du sort, c'est qu'on enterrait mon grand-père le lendemain. Un peu trop d'émotion en trop peu de temps, peut-être...

Si le hasard faisait bien les choses, que vous arriverait il ?

Il ferait gagner ma soeur au Loto, et elle m'en donnerait une partie.

 Finalement, qui est le plus fort, le choix ou le hasard ?!!!

Sans hésiter : le choix.

Le hasard peut-il être un choix ? Dans ce cas, reste-il le hasard ? Où le hasard doit il être inconscient pour garder sa qualité première ?!!!

On peut tout tenter d'anticiper, deviner les choses et prévoir la suite, quelque chose peut surgir et changer le cour des choses. La vie n'est faite que d'imprévus. Des non-fumeurs attrapent le cancer du poumon, des misérables gagnent au loto. Il faut vivre sans penser à tout ça, sans quoi on ne fait rien.

Mais dans un coin de nos têtes, nous dire qu'on ne maitrise peut-être pas la suite. Finalement, c'est peut-être juste être un peu humble.

Rennes : choix ou hasard ?

Je venais de vendre mon second bar, ma chérie cherchait du travail. On visait le grand ouest. Elle a trouvé à Rennes. Voilà.

Sinon, pour ce qui est d'y situer l'action de mon roman, désolé de décevoir la bretonne que vous êtes, mais mon roman ne se déroule que là où j'habite. Si je vivais en Haute-Garonne, "Les ronds dans l'eau" se déroulait sans doute à Toulouse. Si je vivais encore à Rouen, ce serait là-bas.

Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?

Si vous deviez piocher dans un bac, quel est le livre aimeriez vous en sortir pour l’emmener sur la plage cet été ?

Il y a quelques mois, j'ai lu "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi", de Jean-Paul Dubois. Je crois avoir au passage découvert mon auteur favori, l'élégance et la désinvolture, l'humour et la distance, l'ironie, un charme total et constant. Quand je croiserai cet homme, je lui serrerai la main chaleureusement, ça ne lui fera ni chaud ni froid et ça achèvera de me séduire !

J'ai lu tout récemment un roman de Laurent Chalumeau, "Les arnaqueurs aussi". C'est un polar très drôle, ça n'arrète pas, c'est vif et plein de surprises, ça m'a rappelé Frédéric Dard, et j'ai ri tout seul à plusieurs reprises. J'aime ça !

Sinon, je suis en train de lire un gros roman très noir, que mon éditrice m'a conseillé. C'est publié chez Fleuve Noir, c'est "Meurtres pour rédemption" de Karine Giébel. J'en suis à la moitié, c'est d'une noirceur profonde, et parfois la lumière perce. On prend ces éclats de lumière comme l'héroïne, en plein coeur. On s'y accroche comme elle, en attendant la suite, c'est dur et beau, parfois tendre mais cruel, et au fond, vivant. Je suis content que vous me demandiez un livre à conseiller, ça me donne l'occasion de citer ce roman. Je suis fier de faire partie de la maison d'édition qui a permis à ce livre d'exister.

merci


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