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Anthologie permanente : Antoine Emaz

Par Florence Trocmé

Après la note de lecture que Valérie Rouzeau a consacrée au tout dernier livre d’Antoine Émaz, Peau (Tarabuste, 2008), extraits de ce livre.

                                                          Lie, 4 (25.07.06)

enfin le vent
vrai
dans le bleu de l’été
l’air
le frais sur la peau et les tuiles
après des jours
enfin

jours plombés
corps essoré

on marchait
dans une masse molle chaude
pour avancer
on poussait l’air

dans le jardin ras jaune sec

fusible

image qui revient celle de la grosse motte de beurre au val crémet détaillée attaquée par pans et fil à couper avec deux poignées en bois

beurre salé suant des gouttes d’eau et le bloc tombant sur une feuille grise transparente comme un papier cristal gras avant la balance blanche et sa grande aiguille

le magasin la patronne en blanc infirmière le comptoir il devait y avoir des vitres tout a disparu de la mémoire sauf cette motte de beurre jaune or et la magie du fil coupant à la demande dans un geste si sûr que la parole pouvait continuer sur d’autres questions puis revenir à l’essentiel « là j’ai un peu plus que la livre je laisse ? »

fusible

le cidre à la tireuse dans l’arrière salle d’un café appelé le bidule tout de rouge et de boucherie et jaune nicotine il n’y avait ni tables ni chaises juste des tonneaux et le petit modèle de verre duralex pour servir une sorte de banyuls spécialité du lieu mais on passait très vite dans cette salle où les gens parlaient fort et reposaient leur verre en le cognant sur le bois du tonneau entre théâtre et violence on distinguait mal on filait à la tireuse dans le calme du recoin de l’arrière-salle pour remplir de cidre les six six-étoiles les boucher les replacer dans le porte-bouteilles en fer puis repartir

fusible

ont disparu aussi cupressus acacias-boules fusains cèdre bleu – tous les arbres – restent haies fleuries massifs et le granit des pierres de la maison

rien à retrouver à regretter bon gré mal gré tout laisse place dans une sorte d’histoire minime on voudrait tout de même revenir en mots à cette odeur douceâtre de vin de cidre à la tireuse

Antoine Émaz, Peau, Tarabuste, 2008, p. 83-86.

contribution de Tristan Hordé

Antoine Émaz dans Poezibao :
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