Lorsque The Wildest! sort en 1957, Louis Prima a déjà roulé sa bosse. D’un groupe de jazz au combo swing, il changea autant de registres que de villes. Au début des années 50, le succès de son Big Band commence à décliner et décide alors de tenter sa chance à Las Vegas où il trouve le club Sahara qui consent à le produire. Entouré de nouveaux musiciens et accompagné de sa femme de l’époque Keely Smith, il connaitra un regain de popularité grâce à des shows pleins d’énergie et d’humour. Leurs prestations amènera même Walt Disney à confier le rôle de King Louie dans le Livre de la jungle à Louis Prima, le personnage étant directement inspiré de lui par cette même façon de se mouvoir sur scène. Avec sa femme ils ont contribué à faire monter la popularité du Sahara qui a fermé ces portes cette année. The Wildest! est enregistré à ce moment, Louis Prima voulait capter l’essence de leurs performances live sur un disque et c’est ainsi que parait cette petite pépite…
Il faut comprendre que cet album est bien plus qu’un disque de cabaret. The Wildest! résume une grande partie de la carrière de Louis Prima, du jazz au swing en passant même par la pop il représente le meilleur de ce qu’il a pu faire jusqu’ici. Cependant, au-delà du mélange des genres, le disque est à l’image de cette pochette, sa musique est pleine de vie, les onomatopées chantées par Prima nous revigore. C’est un album plein de vie, de joie où l’on s’attend à tout moment à un éclat de rire de sa part. On est forcément un peu déçu quand Keely Smith est au chant n’ayant pas le même talent et la même énergie, mais Louis Prima n’est jamais bien loin quand il s’agit de remettre un peu d’entrain sur les refrains ou de la bonne humeur comme sur le très sage (Nothing’s Too Good) For My Baby électrisé par les vocalises du "King Of The Swing".
En plus d’être un formidable chanteur, Louis Prima était aussi un grand trompettiste. Quand les voix se font muettes, c’est son instrument fétiche qui parle et qui participe aux plus grands moments du disque. The Wildest!, le plus fou, le plus sauvage, voilà une définition qui sied très bien à cet album. Dans les rares moments d’accalmie comme sur Body And Soul, la trompette pleine de grâce au début vire peu à peu dans un solo endiablé et fiévreux. Il y a quelque chose de très improvisé dans leur musique et de très instinctif, on ressent cette intention qui était de capter toute l’énergie de leurs concerts à Vegas.
C’est aussi l’occasion pour Louis Prima de délivrer une chanson écrite par ses soins car il faut le savoir comme beaucoup de disques de l’époque, qu’il n’est constitué que de standards du jazz à l’exception de Jump, Jive, an’ Wail donc. Une chanson qui brasse les genres (Jazz, Rock, Swing) pour 3 minutes 30 délirantes où les cuivres s’enflamment autant qu’un Prima euphorique. Le reste n’a pas à rougir, on pense notamment à cette formidable version de Night Train popularisé grâce au film retour vers le futur 1 & 2 joué lors de "la féerie dansante des sirènes" où le groupe dynamite la composition et où la trompette (encore elle) fait preuve de fulgurances.
Une douce folie traverse ce disque, une folie heureuse, c’est un réel plaisir communicatif qui nous emporte. Si on devait lui reprocher une chose, c’est sa durée. Une petite demi-heure seulement … Mais quelle demi-heure! Louis Prima est mort à l’âge de 67 ans le 24 août 1978 laissant derrière lui une collection de chansons remarquable. On gardera en tête cet album, cette pochette, figeant son rire éclatant et laissant ainsi l’image d’un homme radieux et hilare. Sur sa tombe était inscrit ces quelques mots issus de son plus grand succès : "When the end comes, I know, they'll all say 'just a gigolo' as life goes on without me". Bien plus que ça, Louis Prima aura définitivement gravé son empreinte dans la musique actuelle.
Faut-il écouter ce disque au moins une fois dans sa vie? Incontournable.
Just A Gigolo/I Ain't Got Nobody
Buona Sera