Magazine Culture

Anthologie permanente : Pierre Chappuis

Par Florence Trocmé

Maternellement 
 
À l’aise parmi les touffes d’herbe qu’il égaie, quel besoin aurait-il de s’en éloigner ?  
 
Moindre filet d’eau proche encore de sa naissance, il demeure (l’ignorât-il) partagé entre la nostalgie d’une origine déjà hors de portée (l’oubli, l’arrachement intime) et l’insouciance (vivre !), le laisser-aller conjugué au présent. 
 
Toute imprégnée de son humidité, la terre meuble, spongieuse, l’enserre maternellement.  
 
|•| 
 
Moignons,  
molaires émoussées,  
cariées, plantées de travers. 
 
Crevant le sol 
ici, là, parmi les mottes.  
 
Séculaire, 
la remontée du temps 
 
  (affleurements calcaires) 
 
Pierre Chappuis, Comme un léger sommeil, José Corti, 2009, pp. 44 et 68 
 
|•| 
 
La douleur, son intensité. L’écriture et sa nécessité. Les mots premiers venus spontanément sous la plume, je les tins longtemps pour être seuls vrais avant que leur jaillissement même – dire pourquoi ! – devienne objet de méfiance. Ne restait désormais qu’à compter sur des percées inespérées, avances et reculs aveugles avec quoi, ensuite, se colleter.  
Un cri ? Un murmure plutôt (peut-être fut un déchirement) ; une eau apaisée (peut-être fut un déchainement). Une voix ; presque, plutôt, l’écho évanouie d’une voix. Un absence, une attente à propos de laquelle mettre tout en œuvre pour ne laisser aucune chance, si possible, à quelque tromperie que ce soit (Rimbaud, dans Barbare : "elles n’existent pas"). Alors seulement, le mot authentique…. 
 
Pierre Chappuis, la rumeur de toutes choses, coll. En lisant, en écrivant, José Corti, 2007, p. 83 
 
 
Pierre Chappuis dans Poezibao :  
Bio-bibliographie extrait 1, « notes sur la poésie », Comme un léger sommeil (par Antoine Emaz), ext. 2 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines