Magazine Cinéma

Fiff de Namur. Cela se précise.

Par Michcine

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Le Festival dévoile huit nouveaux titres de films sélectionnés pour cette 26ème édition :

EN TERRAINS CONNUS de Stéphane Lafleur (Québec)

Après son Bayard d’Or du meilleur film en 2007 avec Continental un film sans fusil, Stéphane Lafleur est de retour à Namur. C’est dire s’il est attendu ! Maryse et Alain vivent une existence sans histoire dans leur maison de banlieue, où ils essaient de vendre leur pelle mécanique. La vie de Benoît, le frère de Maryse, est un peu plus compliquée : il habite avec son père malade, entretient une relation amoureuse difficile avec une mère monoparentale et vient de faire la rencontre d'un homme qui prétend venir du futur, et qui veut le mettre en garde au sujet d'un accident imminent. Benoît décide alors d’accompagner sa sœur dans un périple qui changera chaque destinée. Remarqué au Festival de Berlin, En terrains connus peint avec génie cette galerie de personnages interprétés avec brio par Francis La Haye, Fanny Mallette, Michel Daigle, Denis Houle, Suzanne Lemoine et Sylvain Marcel. Le film est produit par Micro_Scope.

OUTES NOS ENVIES de Philippe Lioret (France)

Quel plaisir de retrouver ses habitués, surtout quand ils ont autant de talent! Dès 1993, Namur découvrait le premier long métrage de Philippe Lioret, Tombés du ciel, une petite merveille interprétée par Jean Rochefort. Depuis, Namur ne l’a plus quitté, ou presque : L’équipier avec Sandrine Bonnaire et Grégori Dérangère a été présenté en 2004 et Mademoiselle en 2005 (dans le cadre du Coup de Cœur à Sandrine Bonnaire), et Je vais bien, ne t’en fais pas en 2006. Après le phénoménal succès de Welcome en 2009, Lioret retrouve son acteur désormais fétiche Vincent Lindon pour l’adaptation du livre D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère. Deux comédiens belges lui donnent la réplique : Marie Gillain et Yannick Rénier! Claire est une jeune juge au tribunal de Lyon où elle rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu'elle entraîne dans son combat contre le surendettement. Quelque chose naît entre eux, où se mêlent la révolte et les sentiments, et surtout l'urgence de les vivre. Le film est produit par Fin aout productions, Mars Films, France 3 Cinéma, Rhône-Alpes Cinéma, Mac Guff Ligne et Nord-Ouest Films.

PARIS MON PARADIS d’Eléonore Yameogo (Burkina Faso)

Les mythes sont porteurs de voyages et de migrations. Les Africains viennent encore souvent chercher le ‘salut’ et la fortune en Europe, la tête remplie d’images idylliques de l’eldorado. Mais le ‘jugement dernier’, c’est toujours là-bas, en Afrique, qu’il est donné : il faut réussir et le montrer. La honte guette ceux qui rentreraient les mains vides, sans valider ce mythe, cette image rêvée de Paris. Pourtant, la réalité est sans pitié. La vie des immigrés africains à Paris ressemble parfois à un combat démesuré et le rêve peut tourner à l’enfer. Il faut alors mentir, se mentir aussi parfois. « Je suis Africaine, explique la réalisatrice. J’ai grandi dans ce mythe. Je veux désormais comprendre et montrer les mécanismes d’un phénomène qui entretient les illusions et les désillusions. ».

CRULIC – DRUMUL SPRE DINROLO de Anca Damian (Roumanie)

Ce long métrage d’animation s’inspire de la vie et de la mort de Claudiu Crulic, un Roumain de 33 ans décédé à la suite d’une grève de la faim dans une prison polonaise, grève qu’il avait entreprise pour clamer son innocence. Le 11 juillet 2007, un important juge polonais est victime d’un vol et quelque 500 euros sont retirés avec ses cartes de crédit. Le 10 septembre, Crulic, accusé du crime, est conduit au centre de détention de Cracovie où il entame immédiatement une grève de la faim. Affirmant qu’il était en Italie au moment des faits, ses revendications sont claires: il veut rencontrer un représentant du consulat de Roumanie et un autre avocat. Début 2008, l’état de santé de Crulic, passablement dégradé, incite la cour à le libérer. Mais cette décision vient trop tard: le jeune homme meurt seize heures plus tard.

OPERATION CASABLANCA de Laurent Nègre (Suisse)

Après avoir présenté ses courts métrages Pourquoi c’est toujours les trains qui partent et pas les gares en 1998 et Schenglet en 2003, le FIFF est heureux de sélectionner le long métrage de Laurent Nègre, Opération Casablanca, dont le projet avait d’ailleurs participé à l’Atelier d’expertises du Forum francophone de la production! Ce jour-là, Saadi, un jeune clandestin marocain qui galère à Genève depuis quelques mois se fait maltraiter une fois de trop par son patron. Et parce qu'il ose protester, il se fait virer sans ménagement. Alors qu'il s'apprête à passer en France par les bois, il tombe en plein milieu d'une prise d'otages. Quelques minutes plus tard, il est arrêté par une armada de policiers qui le prennent pour l'un des membres du commando qui vient d'enlever le Secrétaire général des Nations Unies. Plongé dans la tourmente d'un terrifiant complot terroriste, il devra lutter pour établir son innocence… Interprétée par Tarik Bakhari, Zinedine Soualem et Elodie Yung, cette comédie est produite par AGAT Films & Cie, Bord Cadre Films, Equinoxe Productions, Ex Nihilo, Peacock Film, Téléfilm Canada, TSR, réunissant ainsi la Suisse, la France et le Canada.

LE GRAND TOUR de Jérôme Le Maire (Belgique)

Réalisé par Jérôme Le Maire, sur une idée originale de Vincent Solheid, Le Grand Tour nous emmène de manière cocasse sur les traces d’une fanfare amateur qui, un week-end du mois d’août, s’est donné rendez-vous sur la place d’un petit village ardennais. Ils sont 10 hommes de la quarantaine, 10 amis. Ils ont décidé de se rendre au «carnaval du monde» de Stavelot qui n’a lieu qu’une fois tous les dix ans. Une belle occasion de sortir le drapeau en somme. Une marche de 4 jours à travers bois, à la boussole, sac au dos et instruments en bandoulière, en rang par trois derrière leur étendard. Initialement, le projet de randonnée ne comportait qu'une seule étape, mais l’ivresse est trop forte et trop belle et les 10 camarades décident de la prolonger, parcourant des centaines de kilomètres et traversant toutes les fêtes, des joyeuses et des plus glauques.

« A quarante ans, explique le réalisateur, on commence à comprendre certaines choses. C’est du moins ce qu’on croit. C’est à la fois agréable et déstabilisant. Comprendre… cela rend-il pour autant libre ? Quarante ans, l’âge du Milieu. « Middle Age Crisis » disent les anglo-saxons. La grande question de la quarantaine, c’est celle de sa destinée. Peut-on encore la réécrire ou est-il déjà trop tard ? Je ne sais toujours pas si on est plus sage à quarante ans mais je sais, par contre, qu’à quarante ans tout reste à faire.» Vous l’aurez compris, l’humour, la folie créatrice et le ton décalé sont au menu de ce film produit par La Parti Production à qui l’on doit notamment Kill me please, Panique au village, Où est la main de l’homme sans tête et Aaltra. Le Grand Tour a été sélectionné cette année à l’ACID à Cannes.

Tout le monde se souvient du vent de révolution qui a soufflé sur la Tunisie il y a seulement quelques mois. Alors que le pays s’active à un nouveau départ, ses cinéastes posent un regard, essentiel, sur la situation. Le Festival de Namur est d’autant plus heureux de présenter ces deux documentaires tunisiens : Inch’Allah Laicité de Nadia El Fani & Plus Jamais Peur de Mourad Ben Cheikh.

INCH’ALLAH LAICITE de Nadia El Fani (Tunisie)

Après un stage sur le tournage de Besoin d’amour de Jerry Schatzberg en 1982, Nadia El Fani assiste des metteurs en scène comme Roman Polanski, Nouri Bouzid, Franco Zeffirelli et Romain Goupil. Août 2010, en plein Ramadan sous Ben Ali et malgré la chape de plomb de la censure, Nadia El Fani filme une Tunisie qui semble ouverte au principe de liberté de conscience et à son rapport à l'Islam… Trois mois plus tard, la Révolution Tunisienne éclate, Nadia est sur le terrain. Tandis que le Monde Arabe aborde une phase de changement radical, la Tunisie, ayant insufflé le vent de révolte, est à nouveau le pays laboratoire quant à sa vision de la religion. Et si pour une fois, par la volonté du peuple, un pays musulman optait pour une constitution laïque ? Alors, les Tunisiens auraient vraiment fait "La Révolution". Inch’Allah Laïcité est produit par K'IEN Productions (France) et Z’Yeux Noirs Movies (Tunisie).

PLUS JAMAIS PEUR de Mourad Ben Cheikh (Tunisie)

Plus jamais peur nous dévoile la révolution tunisienne à travers trois destins: Lina Ben Mhenni, une blogueuse qui a osé défier le régime Ben Ali en relatant dès le début le mouvement de révolte parti de Sidi Bouzid ; Radhia Nasraoui, avocate farouche défenseuse des droits de l’homme, qui a payé cher son engagement, tout comme son mari souvent emprisonné ; et enfin, Karem Cherif, journaliste ayant pris le gourdin lors des terribles journées qui ont suivi le départ de Ben Ali pour défendre son quartier avec le soutien de sa famille… Ces trois histoires ont un dénominateur commun: la peur. Celle que connaissait les Tunisiens, celle qui régissait leur vie, celle qui a laissé des séquelles sur une population tunisienne exsangue. Et face à elle aujourd’hui, un cri unanime: plus jamais peur !


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