Promenade, 2005
Gravure originale, aquatinte au sucre, signée et numérotée au crayon. Publiée par C. Putman Editions, Paris
J'ai le trac. Pas autant que quand je suis allée voir l'exposition des Orientalistes à la Vieille Charité en juillet dernier (ma première expo depuis des mois, que je vous raconterai dans mon prochain post), mais quand même. Samedi dernier, me voilà foulant le sol du musée Cantini, flanquée de mari, poussette et lardon. Cécile lifeproof est là aussi, avec des palmes. Voici pour le contexte.
A l'accueil une gentille dame nous « fait la gratuité à tous », d'abord parceque Cécile et moi avons des supers cartes professionnelles, mais aussi parceque "c'est la fin de la journée" (il est 17h00). Bertrand est ravi.
On nous conseille de commencer l'exposition de Georg à l'étage. Ce que nous faisons. Comme mon mari m'attend toujours au tournant lorsqu'il s'agit de commenter une expo, j’ai potassé avant de venir: en bonne élève, j'ai lu un peu de la biographie de Baselitz, qui a pris le nom de sa petite ville natale d’Allemagne de l’est. J’ai retenu quelques lignes sur son travail, décrit comme faisant référence à l’imagerie traditionnelle Allemande (aigles, chiens, forêts, géants) et aux symboles de l’histoire germanique, bafoués par la propagande nazie.
On m'avait raconté que Baselitz était né en 1938 et portait une lourde culpabilité quant au rôle de son pays durant la seconde guerre mondiale. Nous allions découvrir les œuvres d'un artiste engagé, tellement traumatisé par un monde dénué de sens, qu'il s'était mis à le représenter à l'envers dès 1969, "comme la métaphore d'une impossible continuité, d'une rupture nécessaire". Baselitz, artiste victime de la crise morale de l’Allemagne d’après-guerre, peintre maladroit traqué par le passé.
Zero pour le peintre, 2006
Gravure originale, aquatinte au sucre, signée et numérotée au crayon. Publiée par C. Putman Editions, Paris
Bertrand m’écoute avec un petit sourire en coin, qui dit littéralement « qu’est ce qu’on va se faire ch…. ». Je passe outre et m’aventure dans les 1ères salles pour y regarder des gravures colorées. Ce sont plus de 200 œuvres gravées qu’à réuni le musée à l’occasion de l’exposition. Baselitz est également reconnu pour sa peinture et ses scultures rappelant l’art brut. Mais, revenons aux gravures. C’est très figuratif, Baselitz. Et l’on ne peine effectivement pas à reconnaitre les traits de chiens, bottes, aigles, mais également, de souliers, vélos, têtes d’abrutis, et, oh surprise, une quantité industrielle de sexes en érection. D’ailleurs c’est curieux, les gravures sont la tête en bas, mais l’érection est toujours dans le bon sens. Je commence à me marrer.
Baselitz, Das model von Balthus, 2002Baselitz voue un culte aux pieds. En éventail, chaussés, pieds nus. Et plutôt jaunes. Il aime bien aussi les gribouillis, pour montrer qu’il n’est pas content. Du monde, j’entends. Parceque dans une petite vidéo que vous pourrez consulter ici, Baselitz explique qu’il est totalement fan de ses propres réalisations.
Nous descendons d’un étage. Là, ce sont de grands formats en noir et blanc qui sont exposés. Des scènes à l’envers, bien sûr, à caractère sexuelle. Ç’est infaillible, nous voici tous en train de nous tordre le cou pour voir vraiment ce qu’il lui fait, à la dame. Baselitz arrive à nous captiver. Le trait est rude mais efficace, cocasse. La visite s’arrête déjà là car une petite dame du musée vient nous informer que sa collègue a déjà fermé l’autre aile de la salle, « comme il est presque 18h00 ». (Il était alors 17h45).
A ce moment de l’histoire se passe une petite anecdote sympathique. Toutes les dames du musée se ruent vers Bertrand qui se balade avec le petit Jean aux bras. C’est lui le vrai chef-d’œuvre. Elles le regardent sous toutes les coutures, évaluent son âge et peut-être aussi celui de son papa. Puis se mettent à dire : « le petit il est content parcequ’on le bade ». Et moi je pense : « Merci Madame, je suis totalement fan de ma réalisation ».
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Pour en savoir plus sur l'exposition, cliquez ici.
Georg Baselitz, A la pointe du trait
Jusqu’au 25 Septembre au Musée Cantini.
19 Rue Grignan, 13006 Marseille
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
*****Et aussi :
Baselitz sculpteur
30 septembre 2011- 29 janvier 2012
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson
75116 Paris