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Lucio Fulci: Beatrice Cenci & La guerre des gangs

Par Geouf

Un menu étonnant aujourd’hui pour la plupart des gens qui ne connaissent Fulci que pour ses débordements gore (je m’inclus dans ces amateurs…). Je ne sais pas si c’est la curiosité qui explique mon indulgence, mais j’ai à chaque fois passé un bon moment à les regarder.

Beatrice Cenci – 1969

Lucio Fulci: Beatrice Cenci & La guerre des gangs

Si j’avais envie de rendre un petit hommage à Lucio Fulci en écrivant ce petit dossier, c’est bien entendu pour ses films d’horreur qui ont bercé mon adolescence. Mais avant de percer dans le genre, notre homme a bourlingué d’un genre à l’autre pour une trentaine de titres, dont ce Beatrice Cenci, qui bénéfie d’ailleurs d’une assez bonne réputation. Et effectivement, avant de donner dans le genre craspec et des oeuvres disons plus légères et amusantes, le voici qu’il met son talent au service d’un drame historique (et véridique). Comme je m’y attendais, sa mise en scène naturellement classique s’accorde à merveille avec le récit. Nous sommes au 16ème siècle. Francesco Cenci est un homme riche mais particulièrement ignoble. Aucun respect pour les autres, et encore moins pour ses enfants, qu’il considère plus comme des parasites que comme la chair de sa chair.

Lucio Fulci: Beatrice Cenci & La guerre des gangs

Et le film commence par l’arrestation de ces derniers, pour parricide! Enquête, interrogatoires et tortures nous dévoileront toute l’histoire, grâce à une série de flashbacks d’un récit éclaté, mais maîtrisé de bout en bout. Il y a véritable soin apporté à tous les compartiments du film, que ce soit les costumes ou bien l’interprétation des acteurs. Georges Wilson, qui incarne ce père indigne, est particulièrement impressionnant dans la peau de cette râclure finie. Tomas Milian ne s’en sort pas trop mal non plus dans le rôle du serviteur amoureux de la belle Beatrice. Adrienne Larussa prête ses jolis traits au rôle titre, en défiant constamment du regard son effroyable paternel. Une autre réussite est la charge anti-catholique qui imprègne toute l’histoire, ce qui a d’ailleurs donné quelques soucis au réalisateur à la sortie du film. Je me demande ce que ces pro-catholiques avaient à reprocher car en effet, l’Eglise était toute puissante à cette époque, et aberration totale, se mêlait de la justice à coups de péchés à expier et autres crimes contre Dieu. Dieu merci, tout cela est terminé à notre époque (enfin en Europe… Ailleurs, malheureusement…). Lucio Fulci insiste d’ailleurs fort bien sur toutes les tortures infligées aux protagonistes (l’écartèlement me faisait mal aux bras!) sous le regard impassible de cardinaux, et c’est là qu’on reconnaît déjà cet étonnant talent à triturer la chair du spectateur rien qu’avec des images!

Lucio Fulci: Beatrice Cenci & La guerre des gangs

Mais alors qu’on s’attendait à un final sanglant (la sentence de Dieu est sans appel: décapitation), Fulci la joue finement, ne montre que le sang sur la hâche de la première victime, et un gros plan sur le visage de Beatrice Cenci, amenée de force sur l’échafaud du bourreau. Je n’aurais qu’une chose à dire pour conclure: ceux qui pensent que Fulci n’est capable de filmer que des effets gore devraient regarder ce film…

Verdict: 7/10

La guerre des gangs (Luca il contrabbandiere – 1980)

Lucio Fulci: Beatrice Cenci & La guerre des gangs

Dans les nombreux genres du bis italien, le polar dur et brutal a également connu son heure de gloire, et c’est sans surprise qu’on retrouve Lucio Fulci aux commandes de l’un d’entre eux. Je suis malheureusement loin d’être un expert en la matière, difficile de jouer au jeu des comparaisons avec les travaux de Castellari ou d’Umberto Lenzi, mais par rapport aux films de mafia américains (dont je ne suis pas très fan, y compris les oeuvres de Scorsese), il y a un côté plus terre à terre. Je n’ai pas retrouvé cette organisation glamour où les parrains vivent dans des palaces, entourés de trente-six gardes du corps. Ici, il y a un vrai contexte sociologique où le pays va mal, où Naples est au bord du gouffre financier et où le seul moyen de ne pas être pauvre est de faire de la contrebande. On s’attache particulièrement à l’un d’entre eux, le Luca du titre original, soit Luca Di Angelo (impeccable Fabio Testi). Son héros est son grand frère Micky, au grand dam de sa femme, car Micky est un gros contrebandier de cigarettes, et a beaucoup d’amis de différentes familles du crime. Crime étant ici un bien grand mot, et c’est un des aspects que j’ai le plus apprécié du film: ces truands sont de la vieille école, l’honneur est un mot qui a encore du sens pour eux, et si les besoins financiers sont là, pas question de toucher à la drogue. Malheureusement, la nouvelle garde fait son entrée, avec un marseillais bien teigneux qui va tenter d’imposer sa loi. Et il commence par supprimer Micky, ce qui déclenchera la fameuse guerre des gangs. Et elle sera bien sanglante, car si Fulci passe au polar, il n’en oublie pas pour autant ses fameux effets gores et ses longues scènes où la douleur semble ne jamais s’arrêter. Comme par exemple lors d’un deal de drogue où le marseillais défigure une émissaire trop gourmande au bec Bunsen.

Lucio Fulci: Beatrice Cenci & La guerre des gangs

Ou bien des règlements de compte au shotgun qui explosent la gorge, la cervelle ou les intestins, au choix. Mais le film ne se résume pas à cela, et le scénario, sans être d’une grande originalité, tient la route en maintenant l’identité de l’instigateur du meurtre de Micky secrète pendant un certain temps, les soupçons se portant alors sur d’autres parrains. L’affrontement final est assez savoureux, avec les anciens qui sortent leurs vieilles armes pour montrer c’est qui le patron à Naples. Lucio Fulci joue d’ailleurs l’un d’entre eux, et s’éclate comme un petit fou avec son pistolet mitrailleur! C’est toujours génial de voir un réalisateur se faire plaisir… Dommage qu’on ne voit pas un Cameron en faire autant!

Verdict: 7/10

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