Ce fut sur une vieille carte routière récupérée chez Georges que je traçai mon chemin, en stop, et le plus difficile fut de sortir de Chicago sans se faire écraser par un quelconque bolide à quatre roues.
Tôt le matin, je m’en allai. Je saluai mon ange gardien qui me remit les clés de sa maison en me prévenant d’une voix ensommeillée - la porte d'entrée coince un peu et le jardin doit
être jungle maintenant Laurent, demande des outils de jardinage au voisin. (Quand j’arrivai là-bas, j'appris que ce fameux voisin était tombé dans son puit, un matin, en allant récupérer un seau d'eau pour sa toilette jou
rnalière)
Je jetai un dernier coup d’œil sur la carte, préparai mon carton « NEBRASKA » et dessinai Yipeepee dessus. Yipeepee, c'est l’héroïne de mes fictions, une salamandre que je retouche au crayon quand j'angoisse. C'est mon trade-mark en fait et l'original sur canson de Yipeepee se trouve dans ma besace au milieu de quelques moutons ratés et autres numéros de téléphone de personnes rencontrées lors de mes escapades latino-américaines. Cette salamandre, je n'arrive pas à la foutre à la poubelle. C'est fou, mais je ne peux pas… de plus, son histoire n'est
pas banale…