Titeuf, le film

Titeuf, le film (3D), écrit et réalisé par Zep, avec les voix de Donald Reignoux, Zabou Breitman, Mélanie Bernier, Jean Rochefort, Sam Karmann… sortie cinéma 04/2011

Il faut parfois un petit frère qui vous demande de regarder le film avec lui pour vous apercevoir que votre soi-disant maturité vous fait parfois passer à côté de projets plutôt réussis. Pourquoi l’ai-je manqué déjà ? Après tout je suis friand des films animés qui visent les plus jeunes sans désintéresser leurs ainés (Raiponce, Dragons, Toy Story 3, Nocturna, la nuit magique etc.). Et puis Titeuf est une BD incontournable de mon adolescence ! Seulement, la bande-annonce ne m’avait pas inspiré et le peu de souvenirs que j’avais de la série animée renforçait mon préjugé sévère. C’était sans compter sur le talent du dessinateur et auteur Zep, qui compte donc quelques qualifications de plus à son actif, dont celle de scénariste et celle de réalisateur.

Les parents de Titeuf ont besoin de se séparer quelques temps pour « réfléchir ». Titeuf a du mal à comprendre et constate seulement que sa mère lui manque et que son père n’est pas invulnérable. A côté de ça, Nadia, la plus jolie fille de la classe dont il est éperdument amoureux, ne l’invite pas à son anniversaire. Il va tout faire pour remédier à cela mais son cœur est serré et son regard d’enfant sur l’amour et les relations commence à changer.

La vraie qualité du film réside dans les émotions et les réactions du cancre à la mèche blonde quand il est confronté aux problématiques adultes. Elles sont retranscrites avec une justesse et un humour réellement proches (bien qu’un peu exagérés évidement) de l’analyse d’un enfant. Titeuf n’a pas son pareil pour interpréter à sa manière les moindres mots, faits et gestes de son entourage. Mais à travers lui, finalement, tout le monde s’identifie un peu. Qui, enfant candide, n’aurait jamais pu croire qu’un psychologue docteur du cerveau vous ouvrait littéralement le crâne pour y extirper toutes les bêtises qui l’encombre ? L’imagination d’un enfant est débordante, son langage est unique et personnel, et Zep a toujours su retranscrire cela à la perfection dans ses BD, et maintenant dans son film. Et pourtant, dans un second temps, il est intéressant de remarquer à quel point le dessinateur sait percevoir la société dans laquelle il vit et ses petits tracas du quotidien. Que ce soit le « papa burger » quand maman n’est plus là pour faire la cuisine, que ce soit les magasines féminins qui décrivent milles et une manière de séduire un homme, que ce soit les couloirs étroits du TGV, ou les paysages campagnards opposés à ceux des immeubles entassés les uns sur les autres etc. Zep dépeint notre société et s’en amuse par le biais de son personnage. On ressent chez lui une certaine maturité, même une certaine pédagogie, quant à la teneur de ses propos et leurs différents degrés d’interprétation.

En fait, ce format lui réussit vraiment. L’animation est fluide et plutôt agréable à regarder. Et surtout elle ne dénature pas le style original de Titeuf. Au pire, elle le modernise. Ne l’ayant pas vu en 3D, je ne saurais dire si cela apporte vraiment quelque chose (j’en doute mais bon…), mais la 2D est largement suffisante. Apparemment, la réalisation n’a pas été de tout repos avec des studios éparpillés aux quatre coins du monde et près de 700 personnes à manager… Mais le résultat valait l’effort. Et le bonus, c’est la BO en forme de clin d’œil à nos artistes francophones préférés. Les textes sont écrits et les musiques composées par Jean-Jacques Goldman et Zep. On entend également les voix de Bénabar, Francis Cabrel ou Alain Souchon. On a même droit à du Johnny Hallyday en pleine forme !

Bon, c’est écrit désormais, j’ai vraiment été très agréablement surpris par Titeuf, le film. Suis-je bon public ? Peut-être… Mais alors je souhaite que ce soit le cas de tous.

7/10

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