Le titre anglais est plus explicite : «Gentlemen and Players». Le récit est en effet traité comme un grand jeu d’échecs où le collège Saint-Oswald est l’échiquier sur lequel s’affrontent deux narrateurs, acteurs et témoins tour à tour d’un grand jeu de la vengeance, le temps d’un premier trimestre bien mouvementé, quinze ans après ce début.
A Saint-Oswald, une nouvelle rentrée a eu lieu. Professeurs et élèves ont fait connaissance et trois nouveaux enseignants vont devoir trouver leur place dans cet endroit mythique alourdi de traditions tout en imposant les nouvelles technologies. Parmi eux, Keane, «un romancier en herbe» de vingt-sept ans qui ne cesse de prendre des notes: c’est le premier narrateur, le pion noir. L’autre le joueur-narrateur blanc, c’est Roy Straitley, le plus vieux professeur, celui de la «classe à part», à la veille de sa retraite, le professeur de latin, très aimé de ses élèves mais beaucoup moins de la nouvelle direction décidée à rajeunir les méthodes d’enseignement. Très vite des évènements troublants surviennent, bouleversant l’atmosphère du collège et s’amplifiant, vols, coups, injures, dénonciations, meurtres. Un esprit malveillant se venge : l’élève Julien Dutoc, devenu professeur, a réussi à se faire nommer dans le collège de tous ses malheurs mais qui est-il et que veut-il exactement et surtout jusqu’où ira-t-il ? J’ai beaucoup aimé ce roman conçu de façon magistrale. J’en sors émerveillée par sa composition très habile et la maîtrise de l’auteur pour gérer tant de personnages sans que son lecteur s’y perde. J’ai douté jusqu’au bout de l’histoire et je me suis bien trompée alors même que je croyais avoir tout compris!Ma prochaine lecture de cette romancière, déjà dans ma PAL sera Chocolat et j’espère avoir l’occasion de voir aussi le film. «Quand le vieux gentleman quitte la blanche ligneQui pourrait affirmer s’il l’a vraiment quittée?» (en exergue)«Si j’ai appris quelque chose au cours de ces quinze dernières années, c’est bien ceci : commettre un meurtre, ce n’est pas si grave que ça.» (Première phrase) Joanne HARRIS - Classe à part (Flammarion, 2006, 458 pages) Traduit de l’anglais par Jeannette Short-Payen. Titre original : Gentlemen and PlayersVoir aussi: Dominique, qui l'a aimé et Emilie, Challenge de Kathel: AngleterreMagazine Culture
A treize ans, un adolescent a réussi à fréquenter quotidiennement un collège qui n’est pas le sien sans jamais se faire découvrir. Il se fait appeler Julien Dutoc. Son père est le gardien de Saint Oswald, une école anglaise de style traditionnel pour enfants de riches où les professeurs portent encore des toges mais lui, le fils, c’est au collège pour pauvres qu’il est inscrit, à Sunny Bank Park «où il était évident que ceux qui aimaient la lecture étaient des victimes toutes trouvées.» Justement étant petit, malingre, timide et bon lecteur, il est le souffre-douleur de sa classe. Il est aussi seul avec son père qui s’est mis à boire depuis l’abandon de sa femme partie en France avec un amant. Rien de plus facile pour lui que de s’emparer des clés, de voler un uniforme et de se glisser incognito dans tous les couloirs et même la nuit sur les toits de cet établissement qui n’a bientôt plus de secrets pour lui. Il y fait la connaissance de Léon, qui deviendra son grand ami jusqu’au jour où…Impossible d’en dire plus.