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[Critique cinéma] Habemus Papam

Par Gicquel

Tout ça pour ça ! Même pas une bénédiction papale en guise de remerciement ou un petit pater noster pour  le remettre  à sa place. Le nouveau Moretti accouche d’un p’tit bedeau qui ne voulait pas être pape. Ca me rappelle le discours d’un roi, et c’est tout aussi décevant.

J’attendais peut-être trop de Nanni Moretti  , surtout sur un sujet aussi délicat que brûlant : un pape qui se refuse à exercer la fonction suprême. Quel bel exercice en perspective pour l’auteur de «  Le Caïman » et autres journaux intimes qui scrutent à la loupe les mœurs de ses concitoyens .

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce que nous laisse entrevoir une bonne partie de son film en convoyant le pape réfractaire, pendant trois jours dans les rues de Rome. Mais le cœur n’y est pas et l’introspection espérée ne fait qu’effleurer les faits du quotidien. Michel Piccoli, impeccable dans les frusques du prélat buissonnier, tente bien d’arracher une once de vérité à ce bas peuple qui se désespère de ne pas voir sa sainteté apparaître au balcon.

Mais visiblement le propos de Moretti n’est pas dans cette déambulation anonyme en quête de quelques confidences pour l’avenir. C’est encore moins le portrait d’un homme de pouvoir, dont les prédécesseurs ont su user, sinon abuser, subitement paralysé par la hauteur de sa tâche. Le cinéaste l’esquisse, mais l’abandonne très vite pour répercuter  les échos d’une révolution de palais, où un souverain pontife, mais invisible, consigne tous les cardinaux dans leur chambrée et  leur réserve. De jolis moments de cinéma avec un psychanalyste  (Nanni Moretti  plus vrai qu’au naturel) qui  s’active autour des prélats pour les faire patienter.

[Critique cinéma] Habemus Papam

Une belle scène ( le début de la psychanalyse) mais sans relief, sans mordant

Tout en battant les cartes, vous reprendrez bien un peu de Freud et quelques infos sur ma vie privée : du Moretti pur jus et savoureux, jusqu’à ce que l’on se lasse des parties de volley-ball sensées figurer le monde comme il tourne. Là j’ai abandonné toute espoir de grâce papale, dans un film qui ne manque pas de charme, mais le rompt à force de ne pas savoir à qui l’adresser.

Si la satire n’était pas de mise, la critique de la fonction abandonnée, que fallait-il donc attendre de ce Moretti, toujours aussi drôle (son film est une comédie), mais désormais si peu regardant sur l’avenir du monde. Et ça c’est un drame!


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