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9/11.Une date. Un choc. Une marque au fer rouge dans l’histoire universelle. Le 12 septembre, nous étions "tous Américains" titrait un grand quotidien français. Un immense "soft power" empathique : preuve que, glorieuse ou blessée, l’Amérique fascine. Encore et toujours. Bien au-delà du monde libre.
L’Amérique subjugue, ne serait-ce que par ses blâmables utopies : le grand Moyen-Orient démocratique, l’invasion vengeresse de l’Iraq et l’infernal bourbier afghan. La démesure de ses ambitions agace parce qu’elle seule sait les porter jusqu’à leur terme. Quitte à en revendiquer la réussite derrière le masque de l’échec : la chute de Saddam Hussein, des élections libres dans l’ancienne Mésopotamie, le réveil de la société civile afghane, l’élimination de Bin Laden. Ne craignons pas les critiques du syncrétisme : qui pourrait certifier que le départ des troupes syriennes du Liban, le soulèvement de la jeunesse iranienne après les élections de juin 2009 et, finalement, l’ensemble du printemps arabe, ne prolongent pas un cycle -celui de l’audace d’une réponse- initié dans le sang au World Trade Center ?
Malgré la crise économique qui les frappe, nonobstant l’impressionnant taux de chômage, les États-Unis demeurent la première puissance mondiale. Les détracteurs, aveugles sur les faiblesses structurelles de la Chine et qui annonçaient la fin de l’hégémonie américaine, en seront pour leur frais. L’Amérique -celle qui honore ses héros, celle qui défend la liberté dans le monde et celle qui mise sur l’excellence- ne cesse d’envoûter.
Le véritable culte qui commémore les attentats de septembre 2001 illustrera la première : New York rejoint le Middle West pour célébrer ensemble le substrat de l’âme américaine. Le pieux fermier texan et l’arrogant intellectuel de Manhattan font battre à l’unisson le cœur tragique des États-Unis. "On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts" : les conditions essentielles pour être un peuple, rappelle Ernest Renan dans sa conférence de 1882 "Qu’est-ce qu’une nation ?". Pas besoin de débats sur l’identité nationale pour "faire valoir un héritage qu’on a reçus indivis".
L’esprit absolu de liberté -celle d’élire un président de couleur- témoignera de la seconde : alors qu’en France Nicolas Sarkozy renforce les moyens de contrôler Internet, le gouvernement américain travaille sur un nouveau concept permettant l’accès du Web aux dissidents des régimes dictatoriaux victimes de censure. Le Département d'État et le Pentagone investissent quelque 70 millions de dollars dans des projets jugés "prioritaires" par le président Obama. Ce que confirme la Secrétaire d’État Hillary Clinton : "Nous voyons de plus en plus de personnes qui utilisent Internet et le mobile pour faire entendre leurs voix. Il y a une opportunité historique de changement et nous sommes déterminés à les aider". Aux USA, l’autre ne connaît pas les frontières.
L’Amérique de l’excellence se montrera, enfin, au travers des sacrifices consentis par les grands orchestres philharmoniques -Boston, Chicago, Philadelphie, Cleveland et New York- dont certains, selon le spécialiste du Monde, devraient se produire cette année Salle Pleyel. Et ce, malgré l'impact de la crise sur ces géants, "fragilisés par un mode de gestion fondé à plus de 50 % sur des financements privés, là où leurs homologues européens comptent sur les subventions publiques". Rémunérations réduites pour les instrumentistes comme pour les directeurs musicaux, gel des salaires sur deux ans, réduction drastique des personnels administratifs n’altèreront sans doute pas leur professionnalisme.
Dix ans après les attaques islamistes sur les tours jumelles, l’Amérique se souvient et honore ses morts. Moment douloureux, grave mais aussi empreint d’une fierté : avoir été fidèle à ses principes lui aura évité de triompher ou de périr au seul gré des circonstances.
Dix ans après les attentats du World Trade Center destinés à provoquer son effondrement, l’Amériqu...
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