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L’affiche, « estampe des murs au musée populaire de la rue »

Par Activitesbnf

Les corpus

Placard publicitaire, avis administratif ou légal, annonce de manifestation… Au cours d’une histoire qui la voit naître dans l’Antiquité romaine, l’affiche revêt ces fonctions multiples que nous lui connaissons encore aujourd’hui et qui ont longtemps oblitéré, derrière le message véhiculé, la part de création. Le XIXe siècle réunit les conditions d’un avènement et d’une reconnaissance de l’affiche artistique. Les exigences commerciales et publicitaires de la révolution industrielle, l’expansion et la restructuration des espaces urbains - libérant de larges pans de murs propices aux affichages - se combinent à l’invention de la chromolithographie par Engelmann en 1837, perfectionnement du procédé lithographique inventé par Senefelder à la fin du XVIIIe siècle. Pour imposer l’affiche comme art à part entière, ne manque plus alors que l’intérêt des talents désireux de s’en emparer et d’en faire un moyen d’expression artistique.

L’affiche, « estampe des murs au musée populaire de la rue »

Jules Chéret, Théâtre de l’Opéra. Jeudi 17 mars, Fête du printemps, 4e et dernier grand bal masqué [Lithographie en couleur, 125 x 89 cm, 1897]

C’est chose faite avec Jules Chéret (1836-1932), décorateur et lithographe, qui fonde son imprimerie en 1866 et s’impose comme le « père » de l’affiche publicitaire artistique. Avec Chéret, à qui l’on doit plus de mille créations, nombreux sont ceux qui ont contribué à faire des décennies 1880-1890 un véritable âge d’or de l’affiche : Alfred Choubrac (1853-1902) et son frère Léon (1847-1885), qui font la réclame des opéras, des danseuses et des romans-feuilletons ; Toulouse-Lautrec (1864-1901), familier des spectacles, des théâtres et des maisons closes et Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), affichiste du Chat Noir, célèbrent tous deux la vitalité du Montmartre bohème.

L’affiche, « estampe des murs au musée populaire de la rue »

Théophile-Alexandre Steinlen,  Prochainement Tournée du Chat Noir Avec Rodolphe Salis [lithographie en couleur, 140 x 100 cm, 1896]

Eugène-Samuel Grasset (1841-1917) ou Alphonse Mucha (1860-1939) déclinent dans leurs œuvres les caractéristiques de cet Art Nouveau dont ils se réclament, marqué notamment par la présence d’arabesques et d’ornementations végétales. Ajoutons, pour le jeune XXe siècle, les affiches d’Adrien Barrère (1877-1931), de Mich (1881-1923) et d’Eugène Ogé (1861-1936), qui achèvent de compléter ce panorama de l’art publicitaire.

L’affiche, « estampe des murs au musée populaire de la rue »

Mucha, Monaco-Monte-Carlo [lithographie en couleur, 111 cm x 77 cm, 1897]

Numérisées, les œuvres de ces artistes sont aujourd’hui accessibles dans Gallica, au sein d’un corpus de 6500 affiches. Leur mise en ligne vient parachever un long travail de sélection, de restauration et de reproduction d’affiches parmi les plus représentatives et les plus prestigieuses, conservées au département des Estampes et de la photographie de la BnF. Outre les œuvres d’illustrateurs célèbres, on y rencontre des affiches publicitaires pour les équipements automobiles, les chemins de fer, les transports en tous genres, les boissons, le vélo, les expositions… mais aussi des affiches de propagande à visée humanitaire, politique ou militaire, imprimées notamment lors des deux guerres mondiales. Vous trouverez enfin 400 affiches témoignant des Journées de mai 1968.

L’affiche, « estampe des murs au musée populaire de la rue »

[Mai 1968] La police vous parle tous les soirs à 20h [sérigraphie, 90 x 56 cm]

À côté de ces affiches libres de droit et accessibles sur Gallica, vous avez aussi la possibilité de consulter, sur les postes informatiques des salles de lecture de la BnF, près de 6 000 autres affiches publicitaires, encore soumises à la législation sur le droit d’auteur, mais numérisées dans le cadre de l’exception prévue par l’article L122-5 du Code de la Propriété intellectuelle. Les œuvres de Cappiello (225 affiches numérisées) Cassandre (57 affiches), , Loupot (30 affiches), Gruau (17 affiches), Savignac (112 affiches) ou Villemot (125 affiches), parmi les plus grands affichistes du XXe siècle, s’y trouvent en bonne place.

L’affiche, « estampe des murs au musée populaire de la rue »

[Mademoiselle Charlot] A woman [lithographie en couleur ; 160 x 120 cm, 1920]

Enfin, plus de 10 000 affiches de cinéma, ayant fait l’objet d’un catalogue détaillé par Stanislas Choko, Affiches de cinéma : trésors de la Bibliothèque nationale de France : 1896-1960, sont également numérisées. Vous pouvez en admirer quelques exemples dans Gallica ; le reste du corpus est, pour le moment, uniquement visualisable sur les postes informatiques des salles de lecture de la BnF (rez-de-jardin du site François-Mitterand, et départements spécialisés sur le site Richelieu). Pour accéder à cet ensemble, rendez-vous sur la page du Catalogue général et entrez dans le champ « Recherche » les termes : « Choko estampes IFN ».

Jude Talbot, département des Estampes et de la photographie


Le titre de ce billet est tiré d’un article de Léon RIOTOR, dans La Revue des beaux-arts : peinture, sculpture, architecture, gravure, musique, renseignements artistiques, expositions, concours : gazette hebdomadaire fondée en 1830 / dir. Henri Revers. - n° 418 (15 octobre 1924), p. 1

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