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Le Potentiel érotique de ma femme

Par Irreguliere

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A la sortie de la bibliothèque, Hector et Brigitte formaient un couple. Sans trop savoir ce que le destin voulait d'eux, ils se positionnaient côte à côté face à la vie. Ce fut ces instants d'avant l'amour où l'on se dévoile dans l'innocence des évidences. Hector parlait de son passé de collectionneur, Brigitte avoua avoir eu des boutons jusqu'à l'âge de dix-sept ans et demi, enfin on riait bêtement dans les jardins publics ; c'est l'un des rares moments où l'idiotie est une qualité. Une nouvelle vie s'ouvrait alors, et, afin de la fêter dans l'éclat d'une poésie, il y eut à cet instant le charme d'une éclaircie après un ciel noir sûrement fâché. Hector, juste en observant Brigitte, prenait de l'assurance. Il se sentait évident comme une limousine à la sortie des aéroports. Brigitte, habituellement enfoncée dans sa réserve, se laissait aller, sans trop savoir encore le potentiel érotique qui somnolait gâcheusement en elle.

Après avoir découvert (un peu après tout le monde) l'écriture et la verve de David Foenkinos avec La Délicatesse, il était évident que je devais poursuivre sur ma lancée, et mon choix s'est prioritairement porté sur ce roman dont le titre m'intrigait fortement...

Hector est un Don Juan de la collection, c'est-à-dire qu'il a collectionné avec ferveur tout ce qu'il est possible de collectionner, et même plus (je vous épargne la liste). Evidemment, cette collectionnite aigue a quelque chose de névrotique (foi de collectionneuse !). Après un sevrage et un suicide râté, il rencontre Brigitte, tombe amoureux, l'épouse. Mais un jour, le choc érotique provoqué par la vision de sa femme lavant les carreaux le pousse vers une nouvelle manie complusive : collectionner les moments où sa femme fait les vitres, quitte à les salir exprès, voire pire...

Alors j'ai (un peu) moins aimé que La Délicatesse, ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas adoré, au contraire. Que c'est bon ! Que ce roman fait du bien à l'âme. C'est drôle, inventif notamment dans les comparaisons toujours aussi savoureuses et originales (au point que lorsque je bosserai les figures de style avec les moustiques il est fort probable que je leur donne certains exemples), et émouvant dans cet émerveillement devant certains gestes quotidiens de l'être aimé. Du coup, maintenant, je n'ai qu'une obsession : enfin lire Les Souvenirs, son dernier, qui ne devrait pas tarder à me parvenir !

Le Potentiel érotique de ma femme

David FOENKINOS

Gallimard, 2004 (Folio, 2005)


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