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Un chien mort après lui, de Jean Rolin

Publié le 14 septembre 2011 par Onarretetout

un-chien-mort-apres-luiLes quelques livres de Jean Rolin que j’ai lus m’ont entraîné dans des lieux où je ne pensais pas aller. Des lieux étranges, a priori peu accueillants. Pourtant, quand je me suis trouvé, par hasard, rue de la Clôture, sous le périphérique parisien, j’ai immédiatement eu le sentiment d’être dans le livre (La Clôture). Avec Zones, j’étais dans des terrains que je ne pouvais pas visiter, le chantier du Stade de France étant terminé… Je suis venu à ce livre, Un chien mort après lui, après avoir beaucoup hésité. Qu’avais-je en commun avec cette recherche de chiens errants à travers le monde ? Le court-métrage de Serge Avedikian (Chienne d’histoire) m’y a conduit. Et j’ai erré avec l’auteur sans savoir s’il s’agissait d’une étude approfondie du sujet, s’il s’agissait d’une façon de revisiter la littérature (Gustave Flaubert, Malcolm Lowry, et d’autres), ou seulement d’une errance à travers le monde, rencontrant ici et là des amis, des inconnus, au prétexte d’une approche du chien « féral », mot « qui désigne un animal domestique retourné à l’état sauvage ». Parce que le chien errant sur la piste duquel nous allons avancer (parfois piétiner) a côtoyé l’homme et qu’il s’en est éloigné. Pourtant il partage parfois avec certains êtres humains la fréquentation des décharges, de certaines places dans telle ou telle ville. Mais on l’élimine pour organiser les grandes fêtes populaires mondiales, comme les Jeux Olympiques, malgré la réaction d’associations de protection des animaux… On sait l’intérêt de Jean Rolin pour l’histoire. Ici, il dit que les chiens sont aussi les témoins de l’histoire des hommes, de celle des guerres. Il cite en exergue cette phrase extraite de Demain les chiens, de Clifford D. Simak: « Si l'Homme avait suivi une autre route, n'aurait-il pas pu, avec le temps, connaître un aussi grand destin que le chien ? »

« Il n’y a pas de voix humaine, écrit de son côté Malaparte, qui puisse égaler celle des chiens dans l’expression de la douleur universelle. »

« J’invoque la muse familière, la citadine, la vivante, écrit Baudelaire dans le cinquième et dernier des Petits poèmes en prose, pour qu’elle m’aide à chanter les bons chiens, les pauvres chiens, les chiens crottés, ceux-là que chacun écarte, comme pestiférés et pouilleux, excepté le pauvre dont ils sont les associés. »

Ces citations trouvées dans le livre de Jean Rolin disent assez bien vers qui va l’auteur, parfois « en n’ayant l’air de s’écarter du sujet que pour mieux y revenir par la suite », en nous menant à notre tour dans des contrées où il a éprouvé « le désir de se rendre lui-même » non sans frayeur parfois.


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