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Anthologie permanente : Mathieu Bénézet

Par Florence Trocmé

sans moyen de m’exprimer tous ces mots qu’hier 
encore j’imprimais ne sont aujourd’hui que fumier 
où rien ne pousse n’étaient mes angoisses et ma peur 
ma tristesse à écrire écrire en sachant que je meurs 
 
si parler n’est pas vain à n’en pas parler je vaincs 
sans autre énigme que celle qu’écrit ma main 
nulle autre fin n’est plausible pour qui veut être  
vif et qui se sait mort ses os paraître 
 
squelette dessiné et qu’on voit sur le front 
de ceux pour qui l’espoir a le goût d’un affront 
et qui ne croient en eux que parce qu’il faut y croire 
 
 
hêtre pourpre aussi amarante 
les veines à la jambe s’enlacent 
les vrilles du lierre fortement contrasté 
dans les verts soit soutenus 
soit sans suite 
 
 
hormis le dernier grain brindille ardoise 
un sillon ailleurs creusé aveugle recueille 
le chemin une trouée les feuilles dunes le 
sang monte lèvres presque cela nul n’écrit 
alcôve jardin 
 
 
inondée de couleurs passées 
doucement la dérive 
comme une meule 
 
 
Mathieu Bénézet, « album de 1974, III » in …Et nous n’appprîmes rien, 1962-1979, Flammarion, 2002, pp. 343 à 346 
 
Mathieu Bénézet dans Poezibao : 
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, Mais une galaxie, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture du Lundi des Poètes, La tête couchée de Brancusi (parution), La Terrasse de Leopardi (parution), extrait 7, Ne te confie qu’à moi, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext. 12, ext. 13, ext 14


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