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[Critique dvd] Le beau Serge

Par Gicquel

Les cinéastes apparus dans les années 60 sous l’appellation  de «  nouvelle vague » ont parfois essuyé les plâtres en exerçant leur regard critique dans des revues spécialisées.Claude Chabrol  fut ainsi rédacteur pour «  Les cahiers de cinéma » où Truffaut, Bazin, Godard exerçaient sans ménagement. C’est ce que rappelle l’excellent documentaire proposé en bonus à travers ce premier film, qui ne manque pas de faire référence à ce glorieux épisode.

Philippe de Broca  , qui s’apprête à tourner «  Cartouche » avec Jean-Paul Belmondo joue un habitant du village sous le nom de ….Jacques Rivette  ( le futur réalisateur de «  La belle noiseuse » ) . Claude Chabrol en personne se fait appeler La Truffe, un pseudo que François Truffaut a pu apprécier, tout en saluant  «  Le beau Serge » qui devient sans le vouloir le manifeste inaugural de «  La nouvelle vague ».

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’équipe et le budget, réduits, permettent en effet de tourner dans le village du cinéaste, avec une participation active des habitants, et des comédiens débutants. Chabrol contourne aussi les exigences syndicales du moment : il crée sa propre maison d’édition et n’a donc pas besoin de carte professionnelle pour se lancer dans la réalisation.

Tout un processus, déjà sidérant pour l’époque, et qui aujourd’hui encore permet au spectateur de se replonger dans un univers créatif très particulier. A la fois producteur, scénariste et réalisateur, Chabrol choisit  une histoire très sombre  de bon samaritain qui de retour dans son village tente de venir en aide à ses anciens copains .Serge qui du soir au petit matin, ne dessoule plus après la mort de son premier bébé, trisomique, refuse la main tendue.

[Critique dvd] Le beau Serge
Brialy, Blain et Chabrol, en plein labeur…

Le Chabrol pourfendeur de la bourgeoisie n’est pas encore de mise , mais sa verve est déjà bien présente, dans la description des personnages (Gérard Blain, Jean-Claude Brialy, Bernadette Lafont, ), qu’il confronte avec une acuité malicieuse . Sa pertinence, qui sera l’un des ses atouts majeurs pour la suite de sa carrière, le conduit à installer le spectateur dans des ambiances significatives d’un état d’esprit. Ce qui m’a le plus surpris, c’est que le village, à l’origine choisit comme décor de cinéma, retrouve peu à peu, sous l’œil du cinéaste,  sa fonction sociale.

Comme si au fil du récit, la fiction s’estompait face à la vérité du lieu.Parlerait-on alors de naturalisme ? Du temps où les gosses  s’apprêtaient  après l’école à rejoindre  le domicile familial. Trois, quatre, cinq kilomètres, à pied, par tous les temps. Et en chantant.

Le supplément

« Chabrol lance la vague, 1ère partie » (53 mn)

Autour du film de Chabrol et des premiers pas de ce jeune réalisateur, on entend beaucoup parler de Truffaut, Godard, Bazin,  critiques virulents passés par la suite à la réalisation. L’avant, l’après et ce qu’il en reste aujourd’hui, c’est vraiment passionnant à suivre, images d’archives à l’appui.


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