[Chronique] Spank Rock revient mettre le bordel dans les clubs

Faire cirer les dancefloors est une activité très lucrative et les DJ l’ont bien compris depuis les années 90. Il demeure toutefois qu’au milieu de ce divertissement de masse qu’est tristement devenu l’électro, réduite à de la vulgaire ‘musique pour danser’, de nombreux irréductibles continuent d’innover à leur façon comme Spank Rock, ce duo révélé par Big Dada en 2006 composé du MC Naeem Juwan et le producteur XXXchange. Grâce à eux, l’appellation ‘electro-hop’ est devenue plus courante.

La situation n’est plus tout à fait la même en 2011 pour eux, du label anglais ils sont passés chez les berlinois de Boys Noize, et plus important XXXchange n’est plus aux manettes. Et ça, ça change pas mal de choses. La balance a penché de ‘underground’ à ‘hype’ pour Spank Rock, l’univers ludique et moderne qui faisait toute l’ingéniosité de YoYoYoYoYo est peu à peu devenu old school (pour ne pas dire « new wave ») dans les sonorités recherchées pour Everything is boring and everyone is a f—— liar (« tout est chiant et tout les gens sont des putain de menteurs », NdT). D’autres figures de proue ont pris le relai, notamment Mark Ronson, Pharrell Williams et DJ Squeaky-E (N.A.S.A.).

Que les fans de la première heure se rassurent, Spank Rock n’a pas perdu son caractère techniquement bouncy et minimaliste. Puis il y a ce côté rebel et excentrique du personnage qui transcende les codes et se fiche éperdument du star-system comme il le montre sur « The Dance » et le nouveau single « #1 Hit » co-produit par Boys Noize et Mark Ronson. Il est resté ce gamin turbulent abonné aux pitreries. A été conservé également cette relecture de l’electronic beat du début des années 80 (« Cool Shit », « DTF DADT ») ce qui permet à Spank Rock de déballer son flow. Tout ça c’est bien fun mais avec lui ça peut virer au sérieux en un rien de temps avec « Nasty » et « Race Riot » pour un sabotage en règle.

La pop et le rock sont bienvenus dans son nouveau terrain de jeu en prenant des risques très mesurés tout de même sur les titres en question (« Car Song » feat Santigold et le single « Energy »). Un détail pas si anecdotique, on a même droit à une imitation de Prince sur « Baby ».

Plus policé, ou convenu, que son premier album mais néanmoins pas moins aventureux, addictif et hardcore, l’électro-hop de Spank Rock offre une vision pure de la culture Club. Everything is boring and everyone is f——- liar passe pour quelque chose de génial à côté de la dance resucée de David Guetta, Black Eyed Peas et les LMFAO. À ces gens-là, oui vous les imposteurs de la musique électro, je vous dédicace le titre de cet album !

La note : 7/10

Sortie le 5 Octobre