Magazine Culture

Pourquoi je préfère parler à un mur qu’à un psy muet

Publié le 15 septembre 2011 par Lana

Pourquoi je préfère parler à un mur qu’à un psy muet

Parce que du mur je n’attends pas de réponse.

Parce que parler toute seule, je sais faire, très bien même, pendant des heures et avec l’option dialogue avec un interlocuteur imaginaire en prime, et que je le fais bien mieux seule que devant quelqu’un.

Parce que les problèmes de communication sont déjà mon quotidien.

Parce que, étant schizophrène, les sentiments de solitude et d’incompréhension, je les vis assez sans qu’ils resurgissent dans le cabinet du psy.

Parce que parler à quelqu’un qui ne répond pas, ne me regarde pas et ne réagit pas, me renvoie à un sentiment d’abandon terrible, et que ça aussi, je l’ai assez vécu.

Parce que j’attends d’entrer en relation avec un être humain, j’espère arriver à communiquer une expérience qui relève de l’indicible et que la plupart des gens ne comprennent pas. J’attends qu’au moins dans le cabinet du psy, quelqu’un me comprenne, sache de quoi je parle et le manifeste.

Parce que je sors de cette absence de dialogue avec l’envie de mourir et le sentiment d’être plus seule que jamais. Parce que ça me détruit.

Parce que j’attends du réconfort et de l’empathie et non de l’indifférence.

Parce que si on ne me répond pas, je me tais.

Parce que si on ne me regarde pas, je n’existe plus.

Parce que si on est indifférent, je meurs de douleur seule. Seule devant quelqu’un, ce qui est bien pire que seule devant un mur.

Parce que, une fois de plus, c’est enjamber mon corps à terre se vidant de son sang. Parce que c’est me laisser seule avec ma maladie et détourner les yeux de mon agonie.

Et si on fait des thérapies de ce type, on ne s’acharne pas à détruire un patient à qui ça ne convient pas juste parce qu’on pense que c’est la seule et unique façon de faire valable.

Parce que tout ça, ça n’a été que de la souffrance, avec l’espoir toujours vaincu d’aller mieux et la culpabilité de ne pas y arriver.

Parce que parler à un mur, c’est peut-être fou, mais parler à un mur humain, moi ça me rend folle.


Filed under: Réflexions personnelles

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lana 4822 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte