Sacco et Vanzetti

Genre: Drame

Année: 1971

Durée: 1h53

Histoire: Le 5 mai 1920, sont arrêtés deux anarchistes émigrés italiens, soupçonnés de braquage et de meurtres, bien qu'aucune preuve ni témoignage crédible ne soient apportés à l'affaire. Dans un contexte historique où l'opinion publique américaine vit dans la crainte du complot "bolchevique" (communiste), elle amalgame syndicalistes, grévistes et anarchistes. Ainsi, nos deux idéalistes vont se retrouver au milieu d'un procès politique retentissant qui risque de les mener à la chaise électrique malgré leur innocence.

La Critique de Varlin:

Il y a des films qui comptent dans la vie d'un cinéphile même modeste, comme votre serviteur: celui-ci en fait indéniablement partie.
Cependant, autant vous prévenir tout de suite,c e film est très difficile à se procurer, il faut croire que les idées vehiculées par celui-ci font toujours peur.
L'Anarchie ferait-elle peur, cette idéologie fondée sur l'égalité absolue entre les hommes (je résume honteusement...) ?

Ce film, réalisé par Giuliano Montaldo, est tiré d'un fait réel au point que tout les faits et personnages sont véridiques.
C'est d'ailleurs précisé au début du film, non sans une certaine ironie.

Tout le film raconte le procès de deux anarchistes, Nicolas Sacco (Riccardo Cucciola) et Bartolomeo Vanzetti (Gian Maria Volonte), soupçonnés d'avoir perpetré un braquage qui a causé la mort de deux personnes.

Alors que l'innocence des accusés ne fait quasiment aucun doute, leurs avocats (deux se succèderont), dont Fred Moore (Milo O'Shea), démontreront l' incapacité de Sacco et Vanzetti d'avoir commis les faits qui leur sont reprochés.
Le procès prend une tournure politique, le procureur Katzman (Cyril Cuzak) et le juge Webster (Geoffrey Keen), ayant des opinions politiques pour le moins racistes (les émigrés italiens étant considérés comme des sous-hommes) et anti-bolchéviques. L'anarchie est considérée comme une idéologie communiste, ainsi que le syndicalisme. Certains attentats sont d'ailleurs commis peu avant les faits revendiqués par des anarchistes, alimentant une paranoïa dans l'opinion publique.

Nos deux héros idéalistes vont ainsi se retrouver au milieu d'un procès politique retentissant, mobilisant deux parties de l'opinion publique, les partisans, considérés comme des "rouges" et les anti, de vrais patriotes américains.

Certaines scènes d'époque sont d'ailleurs montrées, comme les manifestations de soutien. Sacco et Vanzetti , petits artisans anonymes, émigrés italiens, deviennent les symboles des opprimés, des travailleurs précaires de la société américaine d'alors.

Je ne vous raconterai pas l'issue du procès, ni même les rebondissements de l'affaire bien que celle-ci ait fait date dans l'histoire des Etats-Unis.
On ne pourra réprimer une sensation de malaise devant la conclusion de cet évènement. On pensera au sort que subirent les Communards en France en 1871, et aussi au roman Le Procès de Kafka.

Que dire de l'interprétation,s i ce n'est qu'elle est remarquable, et que Riccardo Cucciola recevra le prix d'interprétation à Cannes en 1971 ? Quant à Gian Maria Volonte, l'acteur est exceptionnel.

J'invite chacun à bien écouter la dernière déclaration de Bart Vanzetti lors du dernier jugement du procès, celle-ci sera d'ailleurs reprise dans la fameuse chanson d'Ennio Morricone, divinement interprétée par Joan Baez "Here's to you" (faites-vous plaisir, allez écouter ça sur youtube par exemple ou mieux demain, à la fête de l'Huma, j'y serai ).

Le seul reproche que je ferai est que la version française ne semble pas retransrire au mieux les dialogues dans la mesure où certaines déclarations véridiques, trouvées ici et là sur le net, ont plus d'impact que dans le film, mais ne boudons pas notre plaisir.

(Peut-être verrons-nous un jour la sortie d'un DVD à prix abordable, on a le droit de rêver)

Note: 20/20