Deux films en compagnie de Paul Giamatti, un immense acteur qui sait tout jouer, qui fait passer les émotions des personnages qu’il interprète avec beaucoup de subtilité, de finesse et de naturel. C’est un vrai régal que de le voir. Je n’ai pas été déçue dans le dernier film en date, Le monde de Barney. Il y incarne un producteur de télévision capricieux et ingrat, capable d’aligner des horreurs à l’une des vedettes de sa série télévisée kitchissime. Barney ne sait pas être drôle. Il est envieux de la légèreté de son ami, qui, lui, brûle la chandelle par les deux bouts et qui en meurt. C’est son histoire qui nous est retracée. Homme vieillissant à la mémoire qui s’éteint pour cause de maladie d’Alzheimer, il se souvient de sa rencontre avec la femme de sa vie, lors de son propre mariage avec une princesse juive extravertie, vulgaire et obsédée par le paraître. Auparavant, il y avait eu Clara, femme libre mais qui s’est suicidée. (Et ce n’est pas le premier cadavre qui encombre la vie de Barney Panofsy.) Son second mariage est un fiasco mais c’est au cours de celui-ci qu’il rencontre l’Unique, qui finira par lui donner deux enfants. Mais homme trop égoïste, fou de hockey au point de méconnaître les priorités, il la perd avant de perdre ce qui la rattachait à elle, la mémoire. Le monde de Barney est un film émouvant et juste, tant défauts et qualités de cet homme sont les nôtres. Et il ne serait pas ce qu’il est sans l’interprétation de Rosamund Pike, d’une douceur inaltérable, Bruce Greenwood, et Paul Giamatti. Dustin Hoffman aussi est remarquable en père de famille maladroit, ancien flic graveleux qui connaît une mort à la hauteur de ce qu’il fut toujours : un fou des belles femmes et du sexe. Un film touchant et drôle.