Déclin
Le soir, quand l’angélus au lointain sonne
Je suis des oiseaux les vols mystérieux,
Qui groupés, pareils à des pèlerins pieux,
Disparaissent dans la clarté d’automne.
Errant dans le demi-jour des jardins
Je songe à leurs destinées si sereines
Et ne sens plus bouger les heures qu’à peine.
Je suis dessus les nuages leur chemin.
Je tremble alors à l’odeur du déclin.
Dans les branches à nu gémit le merle.
Aux grilles rouillées ballottent les raisins,
Tandis qu’à l’entour d’obscures margelles
Qui s’effritent, pâles enfants dansant leur fin
Des asters bleus au vent frissonnant chancellent.
Verfall
Am Abend, wenn die Glocken Frieden läuten,
Folg ich der Vögel wundervollen Flügen,
Die lang geschart, gleich frommen Pilgerzügen,
Entschwinden in den herbstlich klaren Weiten.
Hinwandelnd durch den dämmervollen Garten
Träum ich nach ihren helleren Geschicken
Und fühl der Stunden Weiser kaum mehr rücken.
So folg ich über Wolken ihren Fahrten.
Da macht ein Hauch mich von Verfall erzittern.
Die Amsel klagt in den entlaubten Zweigen.
Es schwankt der rote Wein an rostigen Gittern,
Indes wie blasser Kinder Todesreigen
Um dunkle Brunnenränder, die verwittern,
Im Wind sich fröstelnd blaue Astern neigen.
Georg Trakl, « Poèmes », traduction Lionel Richard, in Lionel Richard, Georg Trakl, entre improvisations et compassions, Lionel Richard et BF éditeur, pour le texte et les traductions, 2010, pp. 32 et 33.
Georg Trakl dans Poezibao :
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