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L'actualité littéraire (32) - La guerre des supports rend-elle bête?

Par Pmalgachie @pmalgachie
Il y avait la guerre des boutons, celle de Louis Pergaud dont quelques personnes se souviennent (le texte est disponible dans une foultitude de collections papier et en livre électronique), celle d'Yves Robert dont tout le monde se souvient, il y a maintenant la guerre de la guerre des boutons, à cause de deux films qui seront très vite oubliés, mais dont on parle beaucoup.Est-ce l'atmosphère belliqueuse créée par la double adaptation? (J'en doute, et je doute que vous le pensiez, mais s'il me fait plaisir de l'avancer, hein?) Toujours est-il qu'une autre guerre, qui m'amuse beaucoup moins, semble déclarée.Face à face, deux intégristes du support digne de la lecture.L'actualité littéraire (32) - La guerre des supports rend-elle bête?Frédéric Beigbeder fait beaucoup parler, quand il n'en parle pas lui-même, de Premier bilan après l'apocalypse, interdit aux habitués de l'écran à qui l'auteur promet sa main dans la gueule (l'expression est de lui, je ne me serais pas permis) s'il surprend un de ces voyous (l'expression est de moi) à lire son livre dématérialisé. Il avait le choix entre la colère et la peur, il a choisi la colère, par peur.Peur de quoi?Je vous laisse apprécier ses arguments: c'est le papier qui a permis au roman de naître et, sur écran, fini le roman. En revanche, explosion de la bêtise, fracture de l'imagination, épanchement de lieux communs, et tout ce que vous pourrez imaginer, qu'il résume en un mot: apocalypse. Now?Le comble: Premier bilan après l'apocalypse est vendu aussi sous forme de livre électronique. On ne le lui a pas dit, au Frédo? En voilà encore un qui aura fauté contre ses principes à l'insu de son plein gré...Face à lui se lève Laurent Margantin, qui annonce dans Œuvres ouvertes un Passage au 100% numérique en décidant de ne plus consacrer sa revue en ligne qu'à des ouvrages inscrits dans le courant novateur de l'édition numérique. "Passer au 100% numérique, c’est aussi alerter cette presse littéraire totalement assujettie à la logique commerciale des grands éditeurs, c’est leur signifier clairement qu’ils sont en train de se couper et de la création littéraire contemporaine – qui n’a plus lieu dans les revues papier, mais en ligne –, et des pays émergents dans leur nouveaux usages numériques. Ici, il ne sera donc question que de textes qui participent de cette réalité nouvelle, soit toutes les œuvres déjà numérisées du domaine public, les textes de littérature contemporaine édités seulement en numérique ou en même temps sur papier et en numérique, démarche amenée à se répandre."Pour illustrer son propos, il affiche, en tête de page, l'illustration suivante, à travers laquelle il veut montrer, je suppose son mépris désormais définitif pour l'édition traditionnelle, ou dite telle.L'actualité littéraire (32) - La guerre des supports rend-elle bête?En ce qui me concerne, je renvoie Frédéric Beigbeder et Laurent Margantin entre les murs de la prison qu'ils semblent tant chérir, chacun la sienne, bien sûr. Comment, mais comment ne voient-ils pas que toutes les manières d'éditer sont bonnes, qu'elles se complètent sans s'annuler, qu'elles s'adaptent aux auteurs bien plus que le contraire? (Je suis effondré quand je lis, ici ou là, des conseils aux jeunes écrivains: faites court, pensez à la capacité réduite de concentration du lecteur devant un écran, moi qui suis en train de lire sur écran - du moins, j'y retourne dès que j'ai terminé cette note - un roman de 640 pages, dont la couverture de l'édition papier se trouve d'ailleurs, par un malicieux hasard, biffée ci-dessus.)Beigbeder semble rétrograde et Margentin, moderne?Non. Ils sont tous les deux à côté de la plaque.

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