51 candidats se sont prononcés pour briguer la Magistrature suprême en ce mois de septembre, pour le compte de l'élection présidentielle du 9 octobre 2011. 51 candidatures ! Il faut le faire. C'est cinquante et une intentions de devenir Président de la République ! Le chiffre surprend et suscite moult commentaires manichéistes, les uns, très dichotomiques des autres. Il a fallu que le tamis d'ELECAM déroule toute sa rigueur pour que le chiffre mirobolant soit largement revu à la baisse. Depuis le couperet intrépide de cette institution, c'est finalement 23 candidats, sauf révision dudit chiffre après jugement des recours introduits par les postulants malheureux à la Cour suprême faisant office de Conseil Constitutionnel. Qu'importe le nombre qui en résultera, l'histoire démocratique retiendra qu'une demi cinquantaine de citoyens postulent à la plus haute charge de l'État, au moment même où de nombreux exégètes spéculaient, à tort, sur le boycotte en masse de certaines formations politiques en quête d'une CENI (Commission électorale nationale indépendante), comme arbitre électoral, en lieu et place d'ELECAM. Tandis que de multiples candidats réputés professionnels de la jérémiade s'égosillaient à parier contre la tenue d'une élection normale au Cameroun, le nombre élevé des candidats vient démentir les desseins des pyromanes ayant passé des mois à créer la psychose d'une guerre civile au Cameroun, au cas où ELECAM recevrait la responsabilité matérielle et arbitrale du scrutin du 9 octobre. Est-il besoin de préciser que certains observateurs doutaient du pari à tenir la prochaine élection à échéance. Au regard de leur scepticisme impétueux, j'en suis arrivé à me demander pourquoi les Camerounais ont-ils l'art de douter d'eux-mêmes, et de douter de la capacité d'action ou de réaction de ceux qui nous gouvernent ? Biens d'opposants voyaient poindre la probabilité du renvoi de l'élection d'octobre prochain en mi-2012. Une fois de plus des néophytes ont mal apprécié le silence expressif du Chef de L'Etat. Je puis l'affirmer ici, haut et fort, au regard du calendrier respecté pour la convocation du Corps électoral que Paul Biya n'a jamais cessé d'être un légaliste dans le fond comme sur la forme.
Sur la forme, évidemment, le Président de la République a tenu au respect du calendrier électoral, nonobstant son hypothèque instrumentée par plusieurs politologues et acteurs du champ politique camerounais. Le long silence du Président s'explique aujourd'hui par d'autres priorités, sans doute, économiques. Autrement dit, rien ne pressait le Président Paul Biya à dévoiler le calendrier plus tôt tant il est que chaque Camerounais averti savait que le mois d'octobre marquait, à l'instar de 2004, la fin du mandat présidentiel actuel, et donc, que ce même mois serait celui de la rupture légale de la légitimité présidentielle actuelle. Sur ce plan purement formel, Paul Biya n'a pas dévié du sentier de la Loi. La même observation de légalité effective est manifeste dans la profondeur de la candidature de Paul Biya en personne. Il a choisi l'action comme meilleure réponse aux appels du peuple. Il s'agit d'une réponse para verbale, laquelle confirme sa fidélité envers les institutions dont il est par ailleurs le gardien de la Constitution. Chaque citoyen légaliste devrait se féliciter de ce que le mois d'octobre soit celui des élections tout comme la candidature de Paul Biya marque l'expression de notre souveraineté, face aux élucubrations entendues ça et là, à propos de quelques velléités de menaces extérieures...
A la suite de la légalité affichée par Paul Biya, on peut ensuite se féliciter de la ruée des candidatures observées dans une élection présidentielle intentionnellement décrédibilisée, au départ, par certains concurrents en lice aujourd'hui. Dommage à mon humble avis que certains se soient pris tard, en calquant leur détermination à y participer à partir de la très attendue déclaration de candidature de Paul Biya. Mal leur en a pris ! Un éventail de candidats de la Présidentielle a plus passé le temps à dénigrer la longévité au pouvoir et l'âge avancé du Président sortant au lieu de préparer sa campagne ou d'affuter ses arguments et programmes politiques. Avouons-le, nombreux sont les opposants qui ont perdu beaucoup d'énergie à spéculer sur la parenthèse délictuelle d'Alain Didier Olinga et compagnie sur une éventuelle inéligibilité du virtuel candidat Biya en 2011. Au lieu de peaufiner leur projet de société, certains opposants se sont engouffrés dans un pseudo débat qui a eu le tort de leur faire perdre beaucoup de temps et autant d'énergie. Le même éparpillement de concentration de quelques candidats s'est observé dans l'exhibition psychopathique du spectre de la Côte d'Ivoire ou de la Libye au Cameroun, sans omettre la menace de déstabilisation orchestrée par une certaine Société civile elle-même instrumentalisée sous le prisme de la Marche Orange, concept anarchique odieusement calquées en Ukraine et en Géorgie. Malgré tous les mauvais paris faits sur la Présidentielle 2011, une vingtaine de candidats a bravé les atermoiements et préjugés sur ELECAM pour croire en une élection crédible et transparente, le vœu de chaque Camerounais légaliste et de la communauté internationale...
Laissez la démocratie s'épanouir
Malgré la confiance faite au Cameroun par les instances internationales et les pays amis, le déferlement des candidats à la Présidentielle 2011 est perçu une fois de plus par des analystes comme une « banalisation abjecte de la fonction présidentielle », sous le prétexte d'une mauvaise qualité quantitative des concurrents, dont la majorité est suspectée de l'attrait de l'appât du gain, si ce n'est de négocier des rentes politiciennes avec le véritable poids lourd de cette élection qui se trouve être le candidat Paul Biya. Que n'a-t-on pas entendu comme arguties dégradantes et d'infamantes face à la ruée des candidatures ? Tenez ! Que 51 personnes s'intéressent à convoiter le poste présidentielle au Cameroun est perçu comme relevant du « burlesque et du grotesque »dans un pays tropical de 20 millions d'habitants, tandis qu'en France par exemple, on n'a que deux candidats sur 65 millions d'habitants. Si l'on s'en tient aux deux ratios ainsi dévoilés en guise d'analyse comparative, on en voudrait au Cameroun de banaliser « sa » Présidentielle érigée en fourre-tout pour tout-venants. Vu sous cet angle super fétatoire, on se limiterait à condamner la banalisation effective du poste de Président de la République ânonné comme « la seule planche de salut, l'endroit où il faut être » dans un pays en crise où tout irait mal. Mais qui oublie un seul instant que la France a ses lois sociales qui sont, somme toutes contraires à la culture politique du Cameroun ? Aux plans anthropologiques et politiques, on n'a pas tout hérité de nos ancêtres les Gaulois. Preuve de ce que la démocratie n'est pas un apanage occidental. Si deux derniers outsiders s'affrontent à la course à l'Élysée, combien en rêvent au départ ? Des dizaines. Sauf qu'en France, le système électoral est bipolarisé dès le Second tour. Autrement dit, les deux meilleurs candidats bénéficiant des meilleurs suffrages à l'issue du Premier tour s'affrontent en duel au deuxième tour. Sinon sur la ligne de départ, c'est le même cafouillage de foisonnements de candidatures observé au Cameroun, et personne, là-bas, ne s'en plaint !
Qu'est ce qui gêne les exégètes ? La qualité des candidats ou leur quantité numérique ? On peut s'accorder de dénigrer des candidatures qui jamais ne prospèrent au bout des scores de 0,5% de suffrages collectionnés lors des échéances antérieures, et même de blâmer la récidive téméraire des candidats circonstanciels et opportunistes qui ont l'art de disparaître durant les entr'actes hors électoraux, mais qui a la mémoire courte pour ne pas se souvenir qu'Olivier Besancenot, un facteur de la poste était candidat à la Présidentielle française en 2007 ? Et que par-dessus tout, certains Français affichent les mêmes scores déshonorants de zéro virgule et poussières de suffrages dans l'Hexagone ? Que François Mitterrand a été élu en 1981 au terme de moult tentatives infructueuses depuis de Gaulle, et l'avènement de la Ve République ? Pourquoi taxer les candidatures de Tabi Owono et Fritz Ngo d'atteintes au clientélisme politique ?Pourquoi se complaire à décrédibiliser les candidatures des éternels losers comme Adamou Ndam Njoya, John Fru Ndi, Bernard Muna, Jean-Jacques Ekindi, Garga Haman Adji dans une compétition politique aux allures de Champion's League où les surprises ne sont exclues ? Un match de football dure 90 minutes. L'élection présidentielle c'est le 9 octobre 2011. Comme dans toutes les compétions, acceptons qu'il existe des favoris au Cameroun. Et que cette posture de « cheval partant » n'exclut tout de même pas les chances de positionnement des outsiders. Telle est la vocation du jeu démocratique.En France, en 2007, à coté des poids lourds comme Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen, il yavait des outsiders comme Philippe de Villiers, Marie-George Buffet, Dominique Voynet, Arlette Laguiller, Frédéric Hihous, George Schivardi et José Bové. Dès lors, au regard de ce qui se passe ailleurs, en quoi le Cameroun appauvrit-il la Présidentielle avec une vingtaine de candidats dans une élection conçue à un tour ? C'est malheureusement la confusion que font certains analystes sur la comparaison quantitative des élections françaises et camerounaises. Dans n'importe quel pays démocratique appliquant le scrutin à un tour, on se féliciterait plutôt d'un nombre élevé de candidats. Chez nous, les adversaires du Renouveau tentent insidieusement de déshonorer cette vitalité démocratique qui veut que la course à la Présidence de la République soit plurielle et non pas monolithique. Plaider pour un amenuisement des candidats par temps pluraliste, c'est vouloir une chose et son contraire. Peut-on revendiquer la démocratie définie comme l'expression des idéologies multiples et contradictoires et souhaiter voir « compétir » deux candidats duits de qualité dont le premier est le candidat unique de la majorité Présidentielle et le second le candidat unique de l'opposition. Que non ! L'ère des candidats uniques est révolue. Seul compte le dynamisme de la pluralité idéologique. Laissez donc la pluralité s'exprimer. Laissez les candidats exprimer leur liberté de postuler à toutes les fonctions électives, voire sélectives. Toute censure de candidature sous le fallacieux prétexte de la dépravation de la Présidentielle est un discours antidémocratique. Laissez les Camerounais désireux de briguer la Présidentielle se soumettre au vote de leurs compatriotes, dès lors que leurs dossiers sont en règle. Laissez la démocratie s'épanouir dans ses contrastes et contrariétés. C'est au peuple de choisir son élu parmi les appelés.
La particularité de la Présidentielle à venir est de présenter 23 candidats de strates sociales différentes et de générations dissemblables. Les sexes diffèrent aussi tant deux femmes sont dans la course à Etoudi parmi 19 hommes, eux-mêmes représentatifs de plusieurs sociétés culturelles. A mon avis, c'est encore là le signe d'une vitalité politique, une preuve évidente de la démocratie apaisée prônée par le Président Paul Biya dont certains ont tort de penser qu'il soit derrière le foisonnement des candidatures que l'on observe à cette élection, somme toute très courue. Nul ne peut nourrir les serpenteaux qui courent le risque de le mordre. Ce n'est surtout pas à Paul Biya que l'on apprendrait à faire des grimaces. S'il encourage l'ouverture démocratique, il ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Ce serait un suicide politique. Paul Biya n'est pas dupe.
Au demeurant, la date du 9 octobre est un cinglant désaveu contre les incrédules, autant que l'élection qui s'y déroulera est une démonstration de la sérénité du champ politique camerounais. Toute étincelle pouvant jaillir de cette élection rassérénée serait un acte isolé et à proscrire. Les minutes de la psychose semblent derrière nous. La ruée des candidats confirme la confiance placée dans ELECAM par les compétiteurs et les électeurs aux quatre coins du pays. La symbolique d'un fauteuil présidentiel pour 51 personnes en cette année du Cinquantenaire de la Réunification est lourde de sens. Même si le nombre parodié d'excessif est provisoirement revu à la baisse et affiche 23 postulats, le nombre impressionnant de candidats qui fulminent d'envie d'Etoudi révèle la bonne santé de notre politique démocratique. Vincent Dikoté, 237online.com (Hauts de Seine – France).Follow