C’est la cata à Kanina ! Les vikiens ont débarqué de leur drakkar et ont saccagé le village, tuant les mâles et enlevant les femelles. Atlas et Axis n’étaient pas présents au moment de l’attaque. Pour retrouver leurs chères et tendres, ils n’ont qu’une piste : un énorme étron apparemment laissé par les pillards sur les lieux du drame. Après avoir consciencieusement uriné sur la crotte afin de marquer leur territoire, les deux amis se lancent à l’aventure…
Petite précision utile pour éclaircir ce résumé un brin étrange, Atlas et Axis sont des chiens. Le premier est un lévrier afghan et le second un petit terrier. Ils évoluent dans un monde animalier principalement habité par la gent canine. Dans cet univers médiéval fantastique pour le moins farfelu, les deux compères ne brillent pas par leur intelligence. Courageux, altruistes, plein de bonne volonté, ils se laissent parfois rattraper par leur instinct, en oubliant par exemple leur quête dès qu’une odeur de viande grillée vient leur titiller les narines. La bave aux lèvres, ils perdent alors tout sens commun et redeviennent de simples chiens.
Quand deux toutous qui n’ont pas inventé la poudre se lancent dans une quête au souffle épique, le résultat s’avère aussi drôle que convaincant. En alternant les scènes cocasses à l’humour potache et les moments plus dramatiques, Pau semble avoir trouvé la bonne formule. Sachant que son intrigue est tout sauf originale, il a préféré bousculer les codes pour que le lecteur n’ait pas d’emblée une impression de déjà-vu. Résultat, des péripéties rocambolesques, des situations incongrues et des héros un peu niais mais foutrement attachants.
Dessinateur espagnol, Pau a créé Atlas et Axis en 1995. En 1999, n’ayant toujours pas trouvé d’éditeur, il se résout à travailler dans un hôtel des Baléares pour pouvoir payer ses factures. N’abandonnant pas pour autant son projet, il peaufine son album pendant une dizaine d’années avant de convaincre les éditions Ankama de le publier. Graphiquement parlant, on est proche de Jeff Smith (Bone) ou de son compatriote José Luis Munuera. Ses cabots ont aussi des attitudes dignes des loups de Tex Avery grâce à un trait « cartoonesque » fluide et dynamique. Petit bémol, si les mouvements et les scènes d’action profitent d’un découpage au cordeau, les décors sont souvent trop pauvres, certaines grandes cases donnant l’impression d’être bien vides.
Sans révolutionner la BD animalière, Atlas et Axis offrent au lecteur un périple rafraîchissant à prendre pour ce qu’il est, à savoir un bon divertissement qui, sans se prendre au sérieux, fait passer un excellent moment de lecture.
La saga d’Atlas et Axis T1 de Pau, Éditions Ankama, 2011. 76 pages. 14.90 euros.