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[Critique] RESTLESS de Gus Van Sant

Par Celine_diane
[Critique] RESTLESS de Gus Van Sant
Le trouble adolescent reste l’un des motifs les plus prégnants chez Gus Van Sant, qui de Elephant à Last Days, en passant par Paranoïk Park, a toujours su magnifier la souffrance adolescente pour en tirer des parenthèses aériennes rock’n’roll, évanescentes et sublimes. Restless, qui filme la rencontre entre deux traumatisés (Annabel Cotton, en phase terminale d’un cancer, et Enoch Brae, orphelin tourmenté), s’apparente davantage à de la pop poseuse, faussement affectée, arty(ficielle). On y évoque la mort à venir, le deuil à faire, les chagrins et fardeaux, mais pas question pour le cinéaste de verser dans la lourdeur : la parenthèse se veut joyeuse, guillerette, libérée de tout pathos. Ce qu’il souhaite avant tout, c’est disserter sur le sens de la vie en mode seventies, privilégiant un visuel un peu désuet, calqué sur un Love story d’époque. Sauf que la bulle élégante éclate rapidement. Ne reste plus alors que des effluves sans intérêt, et le parfum désagréable d’un film surfait, chiche en authenticité.
Car de ses protagonistes (interprétés par les fades Henry Hopper et Mia Wasikowska), Van Sant ne tire rien d’autre que des instantanés anecdotiques, agaçants parce que peu naturels. Parfois, l’entreprise s’enveloppe même d’un pédantisme un peu triste qui empêche toute émotion malgré un sujet possiblement poignant. Clairement, le cinéaste se regarde filmer. Et, ce n’est pas dans le refus de l’apitoiement que Van Sant saborde l’émotion, mais plutôt dans la volonté de privilégier l’aspect sur le fond, l’image sur le texte. Si l’on y admire alors des paysages automnaux d’un esthétisme indéniable, et des flashs poético-fantastiques inspirés dans la forme (avec ce fantôme d'un kamikaze japonais), le propos, lui, dans son refus entêté de tout réalisme, statufie ses héros, et neutralise ainsi plusieurs essentiels : la chair et le cœur. Pour un film qui apologise le vivant, c’est un comble.
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