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Jacques Périer, Le Sourire de Pan

Par Alain Bagnoud

Jacques Périer, Le Sourire de PanLe dieu Pan, le saviez-vous, n’est pas mort.

Dieu de la nature, protecteur des bergers, des troupeaux, dieu unique de l’orphisme, il hante encore les campagnes, court le monde et habite le roman de Jacques Périer, Le Sourire de Pan (Editions de l’Aire).

« Musicien ultime », « dieu de la vie », il est le fil rouge de ce livre d’aventures, libre, imprévu, érudit, qui raconte finalement une quête musicale vers le son ultime, l’harmonie complète, la « musique des sphères » dont parlent Platon, Cicéron et Pline l’Ancien.

Georges Safran, jeune chercheur américain, arrive dans un monastère perdu au nord de la Grèce pour y poursuivre ses études de musicologie. Il prépare une thèse sur la genèse de la musique sacrée byzantine et ses relations hypothétiques avec les musiques hellénistiques et antiques. Les anciens manuscrits du monastère doivent lui fournir de la matière.

Tout ça serait très sérieux si le dieu Pan ne le repérait pas, et ne le lançait pas vers la fraternité humaine, le charnel et le spirituel.

Dans Le Sourire de Pan, on suit donc Safran en Grèce, puis à la bibliothèque du Vatican, puis aux confins de la Chine, à travers le Triangle d’Or à la recherche d’un monastère perdu dans les montagnes, dont les moines, flûtistes comme Pan, cherchent justement cette musique des sphères.

Jacques Périer
A cette histoire s’en mêle une autre.

Safran découvre et traduit le manuscrit d’un aventurier byzantin du XIIème siècle, Michel Panourianos, qui est capturé par des pirates maures, gagne leur confiance, entreprend des expéditions à Oman et Yaman, visite Constantinople, Trézibonde... Le texte de Panourianos fascine Safran parce que, hanté aussi par une quête de sagesse, le byzantin évoque également l’harmonie, et notamment un chantre qui cherchait lui aussi la note ultime, autre indice utile à notre chercheur.

Constituant un puzzle à la narration souple, Jacques Périer, grand voyageur, passionné de musique, unit tous les éléments dans une quête qu’on devine autant personnelle que littéraire.

Malgré ses nombreux éléments, le Sourire de Pan est tout à fait homogène. Certes, j'avoue m'être quand même un peu perdu à la fin, dans les montagnes de la Chine, mais ne boudons pas notre plaisir. Ce n’est pas si souvent qu’on rencontre un livre original, bien documenté, suivi, en plus, par une bibliographie costaude et une discographie qui permettra aux amateurs de s’initier à la musique traditionnelle byzantine, grecque, balkanique, tzigane ou chinoise.

Jacques Périer, Le Sourire de Pan, L’Aire

Yves Uzureau, Le Grand Pan, Intégrale Brassens 2010. Accompagné par Gilles Qutin et Anne Gouraud, dimanche 24 octobre 2010,


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